23 septembre, 2011

RDC: le chef d'une milice accusée de viols massifs candidat aux législatives

KINSHASA - Le chef d'une milice accusée de viols massifs, pillages et attaques de sites miniers dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) est candidat aux élections législatives de novembre dans la région où il opère, selon les listes publiées par la Commission électorale.

Sheka Ntabo Ntaberi, chef du groupe Maï Maï Sheka, une milice d'autodéfense locale, figure parmi les 65 candidats aux législatives enregistrés dans la circonscription de Walikale, dans la province du Nord-Kivu (est), selon les listes provisoires de la Commission électorale nationale indépendante (Céni).

Des sources onusienne et à la Céni ont confirmé à l'AFP qu'il s'agissait bien du chef milicien qui était inscrit en tant que candidat indépendant.

Originaire du territoire de Walikale où il a travaillé pour des coopératives et une société minières, Sheka Ntabo est depuis juin 2009 à la tête d'un groupe armé qui compte actuellement quelques centaines de combattants, parmi lesquels des déserteurs des Forces armées congolaises (FARDC).

Sa milice est accusée d'avoir participé entre le 30 juillet et le 2 août 2010 à l'attaque de 13 villages près de Walikale, où près de 400 personnes ont été violées, près d'un millier de maisons et commerces pillés et une centaine de civils enlevés puis soumis au travail forcé.

L'attaque avait été perpétrée par une coalition formée du groupe Sheka, de rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et d'autres combattants dirigés par un ex-officier rebelle congolais, déserteur des FARDC.

Dans un rapport sur cette attaque publié en juillet, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l'homme (BCNUDH) estimait que ces exactions pourraient constituer des crimes contre l'humanité.

Sheka Ntabo n'a pas participé directement à l'attaque mais l'enquête de l'ONU indiquait avoir des éléments susceptibles d'établir sa responsabilité pour les crimes commis par ses hommes, et que le chef milicien avait une bonne connaissance de la planification et de l'organisation de l'opération.

En octobre 2010, Sheka avait livré à la justice congolaise son chef d'état-major, le lieutenant colonel Sadoke Kokonda Mayele, qui avait participé directement à l'attaque de début août. Cela ne devrait en aucun cas le mettre à l'abri de poursuites judiciaires, indiquait alors le rapport de l'ONU.

Le groupe Sheka est aussi accusé d'avoir mené une dizaine d'attaques sur des carrières minières artisanales (or, cassitérite...) et de pillages de centres commerciaux près de Walikale, ainsi qu'une attaque avec prise d'otages sur une piste d'atterrissage pour petits avions transportant des minerais.

En juin, un rapport d'experts sur la RDC mandatés par l'ONU indiquait que des discussions début 2011 entre la milice Sheka et les autorités congolaises au sujet de l'intégration du groupe dans les FARDC ou de sa démobilisation, n'avaient pas abouti.

Des unités Maï Maï Sheka sont toujours présentes dans le territoire de Walikale et participent activement au commerce de l'or et des diamants, rétablissant des liens avec des FDLR, précisaient les experts.


(©AFP /

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