13 août, 2011

Une cathédrale en ruine, refuge pour les victimes de la sécheresse en Somalie

MOGADISCIO (© 2011 AFP) - Sous les voûtes en ruine de la cathédrale catholique de Mogadiscio, des Somaliens fuyant par familles entières la sécheresse et la famine se sont installés dans des abris faits de haillons et de bouts de plastique.
Une cathédrale en ruine, refuge pour les victimes de la sécheresse en Somalie

© AFP Roberto Schmidt. Des réfugiés somaliens installés dans les ruines de la cathédrale de Mogadiscio, le 12 août 2011

Plus de 100.000 personnes ont gagné la capitale somalienne au cours des deux derniers mois à la recherche de nourriture, d'eau et de soins et les camps d'accueil y sont surpeuplés. Du coup, des centaines de gens se sont réfugiés dans la carcasse de la grande église construite par les colons italiens dans les années 1920 et détruite depuis par la guerre.

"On a dû partir parce que tous nos animaux étaient morts", raconte Numur Moalim, qui a fui la région de Bay, dans le sud du pays le plus gravement touché par la sécheresse dans la Corne de l'Afrique. Il lui a fallu quinze jours de marche pour gagner Mogadiscio avec sa femme et ses cinq enfants.

Dans la cathédrale, partout où l'on pouvait trouver un peu de place, des cabanes ont été construites, coincées entre les blocs de maçonnerie de l'édifice de pierre blanche, toujours impressionnant malgré les destructions. D'autres abris ont poussé dans le cimetière attenant.

"Je ne suis pas venu parce que c'était une église mais parce que j'avais besoin de protection et qu'il n'y avait nulle part ailleurs où aller", dit M. Moalim.

La sécurité demeure fragile: on entend des coups de feu à proximité, dont l'écho résonne entre les hauts murs de la cathédrale.

Mais le réfugié ne panique pas. Accroupi sur le sol, il tente d'y fixer des branches qui serviront d'armature à sa cabane.

"Nous n'avons rien, mes enfants pleurent parce qu'ils ont faim, mais je n'ai pas eu de nourriture à leur donner", dit-il en maniant des sacs de plastique et des débris qui doivent servir de toit à son abri.

Au mur, des statues du Christ et de ses disciples, la tête criblée de balles, semblent contempler la foule de gens occupés à survivre dans l'église qui aurait servi de champ de tir aux islamistes du temps de leur occupation des lieux.

Les insurgés ont quitté Mogadiscio début août mais ils contrôlent toujours la plus grande partie du sud et du centre de la Somalie, et la capitale reste une ville extrêmement dangereuse.

Elle fait aussi partie des zones de Somalie que l'ONU a décrétées en état de famine.

"Des gens sont morts dans mon village. Je n'ai pas choisi de venir ici", dit Huwa Adan Ismail, venue du Bas Shabelle, une autre région frappée par la faim.

Elle se plaint de la pluie qui est tombée à verse au cours des dernières nuits. "On n'a pas de protection contre la pluie, il fait froid", dit cette mère de sept enfants.

De l'intérieur de la cabane, quelques uns d'entre eux regardent la scène par les trous du mur pendant que leur mère fait bouillir une poêlée de grains sur un feu allumé près d'un pilier de la cathédrale.

"On n'est pas assez aidés", se plaint Mohamed Ahmed Ali, un des chefs de ce camp de déplacés.

"Des gens viennent pour évaluer la situation, on voit passer des avions au dessus de nos têtes mais on attend toujours la nourriture qu'ils apportent", dit-il.

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