13 août, 2011

risque catastrophique d'une Europe néolibérale

Suite de la lecture par un profane du manifeste des Economistes Atterrés.

Sur le Web : economistes-atterres.blogspot.com.


FAUSSE EVIDENCE N° 9 : L’EURO EST UN BOUCLIER CONTRE LA CRISE

« La suppression de toute incertitude sur les taux de change entre monnaies européennes a éliminé un facteur majeur d’instabilité. L’euro aurait donc dû être un facteur de protection contre la crise financière mondiale. » Or en Europe, la crise est pire qu’ailleurs.

Les dirigeants de l’Union Européenne n’ont pas su tirer profit de l’atout que représentait la création d’une monnaie commune, au contraire, ils ont utilisé cet atout pour accroitre la rigidité et l’inadéquation de leurs décisions. Ils ont voulu faire marcher au pas, mais le même, les divers pays, sans tenir compte de la spécificité de chacun. Les choix macroéconomiques imposés uniformément à tous ont accentué les disparités de croissance, et provoqués des déséquilibres importants. Pour les compenser, les dirigeants ont fait porter les efforts de redressement sur le travail. « On a promu la flexibilité et l’austérité salariale, réduit la part des salaires dans le revenu total, accru les inégalités »

Cette course au moins disant social a été remporté par l’Allemagne qui a su dégager d’importants surplus commerciaux au détriment de ses voisins et surtout de ses propres salariés, en s’imposant une baisse du coût du travail et des prestations sociales, ce qui lui a conféré un avantage commercial par rapport à ses voisins qui n’ont pu traiter leurs travailleurs aussi durement. »

Les finances publiques de la zone euro étaient dans une bien meilleure situation que celle des autres pays et l’Europe aurait dû être moins touchée par la crise, mais la différence des politiques menées ont créé de profonds déséquilibres entre pays du nord et pays du sud. Rigueur au nord et accroissement des excédents extérieurs, croissance vigoureuse au sud, mais accumulation des déficits extérieurs. Son hétérogénéité rendait l’Europe plus vulnérable.

Mais, alors que la crise était née au USA, ceux-ci la surmontait mieux qu’en zone euro, en réagissant plus vite et plus intelligemment, car osant une impulsion budgétaire.

Alors qu’en mi-2010, tous les états de la zone euro se voyaient imposé par la commission de Bruxelles un plan de rigueur supplémentaire : mise en place de politiques salariales restrictives, remises en cause des systèmes publics de retraite et de santé. De quoi accroître les tensions entre pays, et les enfoncer dans la dépression

« Pour que l’euro puisse réellement protéger les citoyens européens de la crise, les EA mettent en débat trois mesures :

Mesure n°18 : assurer une véritable coordination des politiques macroéconomiques et une réduction concertée des déséquilibres commerciaux entre pays européens

Mesure n°19 : compenser les déséquilibres de paiements en Europe par une Banque de Règlements (organisant les prêts entre pays européens)

Mesure n°20 : si la crise de l'euro mène à son éclatement, et en attendant la montée en régime du budget européen (cf. infra), établir un régime monétaire intraeuropéen (monnaie commune de type « bancor ») qui organise la résorption des déséquilibres des balances commerciales au sein de l'Europe

FAUSSE EVIDENCE N°10 : LA CRISE GRECQUE A ENFIN PERMIS D'AVANCER VERS UN GOUVERNEMENT ECONOMIQUE ET UNE VRAIE SOLIDARITE EUROPEENNE

A partir de la mi-mai 2009, et comme les pays de la zone euro ne peuvent plus être financés par la banque centrale, contrairement aux autres grandes économies, les spéculateurs, percevant les failles d’organisation de la zone euro, se sont précipités sur les pays les plus fragiles, Grèce, Espagne, Irlande.

Instances européennes et gouvernements -dont la France- autres que ces trois dits « faibles » ont joué les moralisateurs en laissant ces pays se faire malmener pour les punir de leurs dettes publiques excessives. Mais devant l’aggravation des dégâts, ils se sont vus dans l’obligation de réagir, mais trop tardivement et là encore sous forme de punition humiliante et dévastatrice. Ils ont obligé ces pays à prendre des mesures drastiques (en Grèce privatisation des services publics et en Espagne plus grande flexibilité de l’emploi.) d’une rigueur telle qu’elle provoqua les violentes réactions de la population.

Et, pour prouver à tous combien leur gouvernance était raisonnable et parfaite, et pour donner le bon exemple, l’Allemagne et le France ont-elles aussi donné un tour de vis supplémentaire à leur économie, au profit des « riches » et au détriment du reste de la population, comme il se doit

Et pourtant les économies de la zone euro se portent mieux que celle des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne. Si elles ont un effort à faire, c’est de s’attaquer à un chômage trop élevé en favorisant le monde du travail. Constipées, elles font tout le contraire, une fois de plus !

« Les partisans des politiques budgétaires automatiques et restrictives en Europe sont malheureusement aujourd’hui renforcés…ceux qui ont accepté de soutenir financièrement les pays du sud veulent imposer en contrepartie un durcissement du Pacte de stabilité. La commission et l’Allemagne veulent imposer à tous les pays membres d’inscrire l’objectif de budget équilibré dans leur constitution, de faire surveiller leur politique budgétaire par des comités d’experts indépendants. La commission veut imposer aux pays une longue cure d’austérité pour revenir à une dette publique inférieure à 60% du PIB. S’il y a une avancée vers un gouvernement économique européen, c’est vers un gouvernement qui, au lieu de desserrer l’étau de la finance, va imposer l’austérité et approfondir les « réformes » structurelles au détriment des solidarités sociales dans chaque pays et entre les pays. »

La crise va être le prétexte offert aux élites financières et aux technocraties européennes de mettre en œuvre le tout libéral en massacrant le social. Les dégâts causés différemment selon la culture et les traditions de chaque pays feraient que ce projet a très peu de chance de se réaliser, laissant la place à un repli des pays sur le « chacun pour soi »

« Pour avancer vers un véritable gouvernement économique et une solidarité européenne, les EA mettent en débat deux mesures :

Mesure n°21 : développer une fiscalité européenne (taxe carbone, impôt sur les bénéfices, …) et un véritable budget européen pour aider à la convergence des économies et tendre vers une égalisation des conditions d'accès aux services publics et sociaux dans les divers États membres sur la base des meilleures pratiques.

Mesure n°22 : lancer un vaste plan européen, financé par souscription auprès du public à taux d'intérêt faible mais garanti, et/ou par création monétaire de la BCE, pour engager la reconversion écologique de l'économie européenne। »

transmission.blogs.nouvelobs.com

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