02 août, 2011

PHOTOS. Dans ce village du Burkina Faso, les animaux "domestiques" sont des crocodiles

Après les requins et le jaguar vs caïman, voici les crocodiles sacrés d'un village burkinabé. Grâce à notre série sur les photographes animaliers, découvrez de fabuleuses photos, mais aussi l'envers du décor de leur prise. Au tour d'Olivier Born, spécialiste de la photographie de reptiles.

Je suis à Bazoulé, un village du Burkina Faso, à 20 kilomètres de la capitale Ouagadougou. Nous sommes au mois de mars 2009.

Ici, cinquante à cent crocodiles du Nil (crocodylus niloticus) cohabitent avec les villageois.

©Olivier Born/Biophotos

©Olivier Born/Biophotos

C’est Luc Fougeirol, fondateur de la Ferme aux crocodiles de Pierrelatte, dans la Drôme, qui m'avait dit : "Va là-bas, tu verras c'est incroyable. Il faut faire un sujet là-dessus".

J'ai passé une dizaine de jours au sein de ce village dont la particularité est la suivante : un bras de rivière s'est asséché au fil du temps, et il ne reste qu'une grosse mare, qui elle aussi s'assèche lors des périodes de fortes chaleurs. Des crocodiles du Nil ont été "piégés" là et y ont élu domicile.

Ils sont un peu moins gros que certains de leurs congénères de la même espèce, qui peuvent atteindre les cinq mètres cinquante.

Et surtout, ces animaux sont sacrés. Les habitants – animistes – les vénèrent et leur font des offrandes, principalement des poulets vivants.

©Olivier Born/Biophotos

©Olivier Born/Biophotos

Ainsi apprivoisés avec de la nourriture, les crocodiles se sont habitués aux hommes. Bien sûr, ils restent sauvages, donc il faut rester prudent, mais on peut les approcher et même les toucher. Ce qui est étonnant, c'est que certains habitants ne s'en préoccupent absolument pas, tant ils sont habitués.

A la saison sèche, lorsqu'il n'y a plus du tout d'eau dans la mare, les crocodiles rentrent dans le village, cherchent l'ombre des cases ou des arbres pour se protéger du soleil.

Cette cohabitation hors du commun – de tous les pays où je suis allé, je n'ai jamais vu cela – attire les touristes, ce qui apporte de nouvelles ressources aux villageois. L'éco-tourisme s'est développé de manière harmonieuse.

Au final, c'est donc une très belle histoire : les habitants vénèrent les crocodiles, qui leur permettent ensuite de vivre de cette situation। La boucle est bouclée.

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