Malgré le forfait de Dimitri Payet, Laurent Blanc n'a pas rappelé Franck Ribéry pour le France-Chili de mercredi. Dans l'esprit du sélectionneur, le milieu offensif du Bayern Munich n'est peut-être pas si "indispensable" aux Bleus.
Le message, jusqu'ici subliminal, paraît aujourd'hui plus limpide. Dans l'esprit de Laurent Blanc, Franck Ribéry n'est peut-être pas aussi "indispensable" que le sélectionneur des Bleus le prétendait en février. Sinon, pourquoi le Cévenol n'a-t-il pas convoqué le Munichois pour pallier au forfait du Lillois Dimitri Payet ? Jeudi dernier, à l'heure de dévoiler sa liste pour le France-Chili de mercredi, Blanc avait justifié l'absence de Ribéry : "Franck s'est remis en condition plus vite que prévu, mais j'estime que, sur ce match, il ne serait pas très bien de prendre des risques. Je veux pour l'échéance de septembre mettre les joueurs en conditions optimales, et pas le contraire. Je ne veux pas prendre de risques avec les joueurs en réhabilitation physique."
Soit. Mais cette ligne directrice ne concerne visiblement pas tout le monde. Adil Rami, un temps incertain, est à peine remis d'une douleur à un genou. Et puisque le défenseur valencian sera suspendu le 2 septembre, en Albanie, sa présence ne coulait, a priori, pas de source. Dans l'esprit de Blanc, elle est d'une logique implacable. Rami sera apte à débuter en Roumanie le 6. Il est à Montpellier pour rester dans le bain tricolore, pour s'imprégner, déjà, de ces deux matchs qui vaudront de l'or dans la course à l'Euro 2012. Cette réflexion aurait tout aussi bien pu s'appliquer à Ribéry. Blessé à la cheville le 24 juillet, le Munichois a repris l'entraînement mercredi dernier. Il a même refoulé les pelouses de Bundesliga dimanche, face au Borussia Moenchengladbach (0-1). Sa rentrée fut plutôt quelconque : Ribéry s'est beaucoup dépensé dans son couloir gauche. Sans jamais faire la différence. Mais c’est un fait : sans être à 100%, il est apte, il joue en compétition, comme tous ceux qui sont à Montpellier.
Blanc: "Pas capable de gagner un match à lui tout seul"
Cette prestation assez pâle a conforté Blanc dans sa volonté de préserver le Munichois. Peut-être a-t-elle accrédité une idée dont on ne sait pas si elle effleure l'esprit du sélectionneur : Ribéry est-il si indispensable à l'équipe de France ? "Oui, s'il est à son meilleur niveau", disait Blanc au printemps dernier. En dehors d'une demi-heure convaincante face à la Croatie (0-0), le 29 mars dernier, Ribéry n’a pas spécialement tiré l’équipe vers le haut sous l’ère Blanc. Mathieu Valbuena, Loïc Rémy et Jérémy Ménez sont engouffrés dans la brèche. Ils sont devenus mieux que des solutions de repli à droite. Et à gauche, Blanc lui préfère un Florent Malouda à la régularité contestable, mais au volume de jeu plus consistant, même si les deux hommes avaient allègrement permuté contre la Biélorussie en juin (1-1). Sur son côté de prédilection, le Munichois s'entête dans des initiatives individuelles, souvent improductives. Blanc "attend beaucoup de lui comme des autres". "Mais il ne faut pas non plus qu'il se mette une pression supplémentaire en pensant qu'à lui tout seul, il sera capable de gagner un match."
La non-convocation de l'ancien Marseillais pour le France-Chili de mercredi a sans doute des racines plus profondes. Plus intimes. En deux ans, l'image et l'influence de Ribéry se sont nettement dégradés. Depuis la double-confrontation face à la Lituanie (1-0, 0-1), au printemps 2009, il n'a plus endossé le costume du sauveur. Le sinistre épisode de Knysna l'a ensuite écarté des Bleus durant de longs mois. Son étiquette de chambreur, d'animateur de vestiaires, s'est effacée au profit d'une autre, moins flatteuse, de potentiel perturbateur. En son absence, Blanc s'est attelé à reconstruire l'édifice tricolore en misant d'abord sur les non-Mondialistes. Un groupe s'est formé, une osmose s'est créée. Laurent Blanc recherche "un noyau dur". Pendant ce temps-là, Ribéry est à Munich.
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