05 août, 2011

L'enlisement du conflit libyen inquiète les députés

L'enlisement du conflit libyen inquiète les députés

Les combats entre rebelles (photo) et forces loyalistes n'ont pas cessé sur le terrain depuis la première frappe le 18 mars dernier.

afp.com/Gianluigi Guercia

De plus en plus de voix s'élèvent en France contre la conduite de l'opération militaire en Libye. L'unité des insurgés soulève de nombreuses interrogations.

Cinq mois après la première frappe aérienne, l'intervention initiée par la France et pilotée par l'Otan en Libye est-elle en train de s'enliser? Alain Juppé a été catégorique ce jeudi sur France 2: "On ne peut pas parler d'enlisement". Pourtant, certaines voix s'élèvent depuis quelques semaines pour demander des comptes à l'exécutif.

L'affaire se complique jour après jour pour la coalition. Au retrait de la Norvège, annoncé le 10 juin, s'ajoute désormais le retour au bercail toulonnais, pour plusieurs mois de "régénaration" matérielle et humaine, du seul porte-avions de la flotte militaire française, le Charles-de-Gaulle. Le tout saupoudré de tensions au sein des rebelles et du CNT, seul interlocuteur reconnu par les membres de la coalition, à la suite de l'assassinat du général Younes.

Le CNT en question

Plusieurs fois annoncé à l'agonie, Mouammar Kadhafi reste insaisissable et s'est même payé le luxe d'annoncer jeudi, par l'intermédiaire de son fils, avoir rallié à sa cause certains islamistes proches des insurgés.

Le 12 juillet dernier, déjà, Bernard Cazeneuve, député socialiste et secrétaire de la commission de défense nationale, pointait du doigt les faiblesses de la méthode française dans ce conflit, tout en réaffirmant le soutien des socialistes à l'intervention.

Aujourd'hui interrogé par LEXPRESS.fr, le député souligne l'"erreur" que constituait "l'adoubement du CNT dans la précipitation et sans concertation avec les autres pays européens".

Bernard Cazeneuve réclame ainsi, au nom du groupe PS, "un débat en septembre afin de dresser un bilan très concret de l'intervention". Il insiste sur la nécessite de réunir au plus vite les conditions politiques d'un départ du guide libyen. Une issue, qui passe par l'intensification du dialogue avec toutes les parties concernées, et notamment la Ligue Arabe et l'Union Africaine.

Axel Poniatowski, député UMP du Val d'Oise et président de la commission des affaires étrangères à l'Assemblée, concède que le visage présenté par le CNT depuis quelques jours, est "une donnée préoccupante". "Il est urgent d'obtenir des éclaircissements sur la réalité du front commun de tous les insurgés libyens", ajoute-t-il.

Une commission d'enquête réclamée par les communistes

Le député communiste Jean-Jacques Candelier, lui aussi secrétaire de la commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée nationale, indique ce vendredi avoir demandé la création d'une commission d'enquête sur l'opération militaire en Libye.

Arguant que la protection des civils n'est qu'un "prétexte", l'élu déclare que "pour l'instant, le but des opérations en Libye n'est pas encore révélé aux Français". Il s'appuie sur une fameuse phrase du théoricien militaire autrichien Carl Von Clausewitz, "la guerre n'est qu'un prolongement de la politique par d'autres moyens", pour accuser Nicolas Sarkozy de poursuivre en Libye une "politique cynique au service des puissances d'argent".

Cette initiative agace Axel Poniatowski, président UMP de la commission des affaires étrangères à l'Assemblée: "Les communistes sont le seul groupe parlementaire à avoir voté contre cette intervention, et ils ne savent pas comment sortir de cette position. Ou bien il font peu de cas des droits de l'Homme, ce que je pense, ou bien ils apportent un soutien indirect à Kadhafi", assène le député du Val d'Oise.

L'opération libyenne devrait animer les bancs de l'Assemblée à la rentrée.

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