24 août, 2011

Le film de Bigelow mine les républicains

Etats-Unis . En portant à l’écran avant la présidentielle la mort de Ben Laden, la cinéaste favoriserait Obama.

Il est assez rare qu’un projet de film prenne des dimensions d’affaire d’Etat. C’est ce que subit actuellement Kathryn Bigelow, la réalisatrice américaine oscarisée de Démineurs, accusée de jouer le jeu d’Obama dans la course à la présidentielle qui aura lieu l’année prochaine. La cinéaste compte en effet sortir son prochain film aux alentours du 12 octobre 2012, soit vingt-cinq jours avant le vote fatidique. Or, le sujet du film n’est pas anodin : il s’agit de la traque et de l’opération militaire ayant abouti à la mort d’Oussama ben Laden, le 2 mai 2011. Dans le contexte américain où l’on ne rigole pas avec le patriotisme, quelques voix se sont interrogées (notamment du côté du LA Times et du New York Times) sur le soutien que ce film apporterait, ou non, à l’administration Obama, qui tient avec cette affaire un des rares motifs de satisfaction de son mandat.

Secret défense. Côté politique, la contestation est venue du membre du congrès Peter King, de New York. Dans une intervention auprès des médias, il s’est montré inquiet sur la divulgation d’informations ultrasecrètes à propos justement du raid militaire. «Il n’est pas question qu’une réalisatrice puisse renseigner l’ennemi», a-t-il notamment déclaré, préconisant que la Maison Blanche et la CIA aient un droit de regard sur le contenu du film avant d’en autoriser la sortie. Dans le collimateur de l’homme politique, le scénariste de Kathryn Bigelow, Mark Boal, qu’il soupçonne à demi-mot d’avoir obtenu des fuites du côté de la CIA. C’est du propre.

«Ridicule», a répondu Jay Carney, le porte-parole de la Maison Blanche qui, manifestement, n’a pas follement envie que le gouvernement soit associé d’une manière ou d’une autre à la sortie du film. «Nous ne discutons jamais des informations classées secret défense. Et j’ose espérer que la Commission de la sécurité intérieure [dont Peter King est membre, ndlr], a mieux à faire qu’à se préoccuper d’un film.»

«Victoire». Pour éteindre la controverse, Sony, le studio qui produit le film, a publié un communiqué dans lequel il rappelle que le film «évoque une période de plus de dix ans», «impliquant les efforts de trois administrations et de trois présidents, Clinton, Bush et Obama», concluant le propos sur une note lyrique : «Ce fut un triomphe américain, à la fois héroïque et non partisan, et il n’existe aucun élément pour suggérer que notre film va représenter autrement cette immense victoire.»

Pour éviter tout mouvement de panique, on peut aussi rappeler, qu’en 2004, le documentaire de Michael Moore Fahrenheit 9/11 n’avait pas été d’une aide précieuse à John Kerry dans sa course à la Maison Blanche et qu’en 2009, la sortie de Démineurs, écrit par le duo Bigelow-Boal, avait fait l’objet de moqueries des vétérans d’Irak, soulignant à longueur de forums le caractère invraisemblable des
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