31 juillet, 2011

Syrie: 45 morts dans une offensive de l'armée à Hama

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Des images tirées de YouTube par l'agence de presse Reuters témoignent de la violence de l'offensive de l'armée à Hama.

Photo: Reuters/YouTube

Agence France-Presse
Damas

Quarante-cinq personnes ont été tuées dimanche et des dizaines d'autres blessées, selon des militants, lors d'une vaste offensive de l'armée à Hama, ville rebelle du centre de la Syrie que le régime du président Bachar al-Assad tente de soumettre depuis plusieurs semaines.

«L'armée et les forces de sécurité, qui ont fait une incursion ce matin à Hama, ont ouvert le feu sur des civils, tuant 45 personnes et faisant des dizaines de blessés», a déclaré à l'AFP le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, citant des sources médicales sur place.

Soulignant que de nombreux blessés sont dans un état grave, il a déclaré redouter un bilan plus lourd, notamment en raison du manque de matériel médical dénoncé par des médecins à Hama.

Un habitant de la ville, joint par téléphone par l'AFP, a déclaré que «l'armée est entrée aux environs de 06H00 (03H00 GMT) à proximité de la mosquée al-Serjaoui et aux environs de la caserne».

Selon un témoin, qui préfère taire son nom, «cinq chars sont actuellement postés à côté du palais du gouverneur», faisant état de tirs par intermittence. Un autre témoin a déclaré que quatre véhicules blindés de type BTR avaient été déployés dans la ville.

Le pouvoir tente depuis plusieurs semaines de soumettre la ville rebelle de Hama située à 210 km au nord de Damas et qui a connu plusieurs immenses manifestations contre le pouvoir, réunissant plus de 500 000 personnes, notamment vendredi, selon M. Abdel Rahmane.

Suite à ces manifestations monstre, le gouverneur de Hama, Ahmad Khaled Abdel-Aziz, avait été limogé le 2 juillet par un décret du président Bachar al-Assad.

Hama est un symbole de la lutte contre le régime en Syrie depuis la terrible répression en 1982 d'une révolte du mouvement interdit des Frères musulmans contre le président Hafez al-Assad, père de Bachar, qui avait fait 20 000 morts.

Par ailleurs, «six personnes ont été tuées et 50 blessées par des tirs des forces de sécurité dimanche à Deir Ezzor (est), tenue par l'armée depuis hier (samedi)», tandis que «trois sont mortes et des dizaines ont été blessées à Harak (sud)», dans la région de Deraa, a indiqué M. Abdel Rahmane.

Les militants des droits de l'Homme redoutent une répression massive à Deir Ezzor, située sur les rives de l'Euphrate dans une région pétrolière et devenue un important foyer de contestation depuis le début du soulèvement à la mi-mars contre le régime autoritaire du président Assad.

Vendredi, au moins 50 000 personnes avaient défilé à Deir Ezzor pour réclamer la chute du régime, puis 300 000 avaient participé aux funérailles de civils tués au cours de rassemblements précédents, selon l'OSDH. Trois personnes y ont été tuées vendredi et trois autres samedi, selon l'Organisation nationale des droits de l'Homme.

Dans la région de Damas, l'armée a également lancé une attaque sur la ville de Mouadhamiya, selon l'OSDH.

«Les forces de sécurité et l'armée ont lancé une offensive à 05H00 du matin (02H00 GMT) à Mouadhamiya par le nord, des chars bouclant les entrées sud, est et ouest de la ville», a poursuivi M. Abdel Rahmane.

Plus de 300 personnes ont été arrêtées dans cette ville, qui est privée d'électricité et de moyens de communication, selon la Ligue syrienne des droits de l'Homme.

Par ailleurs, Abdel Karim Rihaoui, président de la Ligue, a annoncé l'arrestation samedi après-midi d'une des figures de l'opposition et chef de la plus grande tribu du pays, Nawaf Al-Bachir.

Il avait signé en 2005 avec 11 autres opposants la «Déclaration de Damas», qui réclamait des changements démocratiques en Syrie, un appel qui avait valu des peines de prison à la plupart de ses signataires.

Depuis le début de la contestation le 15 mars, la répression a fait plus de 1900 morts, dont plus de 1500 civils, selon un bilan de l'OSDH.

En outre, plus de 12 000 personnes ont été arrêtées et des milliers d'autres ont fui, selon des ONG.

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