La libération d'Hervé Ghesquière et de Stéphane Taponier a déclenché une cascade d'émotions et de réflexions dans les colonnes de commentaires.
Ce fut d'abord un soulèvement de joie.
"Enfin ! Enfin ! Enfin !" (evreuse). "Le genre d'annonce qui vous fait bondir le coeur d'allégresse" (avocado). "Merci à tous deux d'avoir survécu" (noka). "Si je pouvais les serrer dans mes bras, je le ferais !" (zoo'z).
Après l'élan d'allégresse partagée, vinrent les réflexions.
Pour certains lecteurs, l'heure est aux hommages : avec une certaine gravité, une certaine émotion aussi, on exprime un respect du travail des journalistes de guerre. "Je n'oublie (j'espère que d'autres aussi) que beaucoup de nos connaissances, de notre réflexion, de notre perception du monde dans lequel nous vivons, nous les devons à des journalistes, hommes et femmes de terrain... Ils vont là où la plupart d'entre nous n'ira jamais, et l'on sait et comprend grâce, aussi (beaucoup ?), à eux. Merci. Qu'ils prospèrent" (yodico). Son estime, lolita la formule sur un autre ton : "Ils faisaient leur métier ! Si les journalistes ne prenaient pas des risques, on ne se taperait que des reportages sur le fromage ou la dentelle ! Alors oui, ils ont pris des risques, mais au moins nous avons des informations sur la m... qu'est notre monde." De tels investigateurs "sont nécessaires à l'Histoire" (Djidji).
Les risques, voilà ce qui conduit d'autres lecteurs à des questions dérangeantes.
Très vite arrivent les interrogations sur les conditions de la liberté d'Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier. Combien ? Combien la France a-t-elle payé, car alors on ne doute pas de la négociation d'une rançon. Et la dépense, à laquelle chacun a conscience de contribuer par l'impôt, contrarie. "Que diable faisaient-ils dans cette région dangereuse, au mépris des avertissements qui leur avaient été donnés ?" (foiredenumée). On commente abondamment les circonstances réelles ou supposées de l'enlèvement, pour montrer que celui-ci aurait pu être évité.
L'hypothèse de la rançon contrarie pour deux raisons : d'une part, on suppose la somme très importante, un gouffre de plus dans un budget déjà affaibli, d'autre part, l'idée d'abonder les caisses de l'ennemi passe mal : "Comment peut-on faire la guerre en Afghanistan et donner des millions de dollars à ceux que l'on combat ?" (Hélène de Biare).
Après les réflexions, ce fut le temps de la crainte d'une overdose.
"C'est important de savoir que les otages ont été libérés, mais bon : interview de la mère, du père, de la soeur, du chien de chaque otage, c'est pas un peu trop quand même ?" (holala). Et puis, forcément, on pense aux autres, ceux qui sont toujours loin. Les autres otages, les soldats aussi en lutte sur la terre afghane, dont les médias parlent... différemment. "Cyrille avait 24 ans et était papa d'une petite fille de 4 ans. Lui ne rentrera pas d'Afghanistan. Comme Hervé et Stéphane il faisait son travail : il était militaire et il est mort pour la France. On lui a consacré dix secondes au 20 heures et on n'en parlera plus jamais", note avec amertume Undesleurs. Alors dans ce climat de fête, un moment solennel, "une pensée particulière pour nos soldats qui font un sale travail et y ont laissé leur vie. L'appartenance à une communauté ne s'arrête pas aux micros, plumes et caméras" (alainalbert).
Finalement, l'association entre les journalistes de guerre et les soldats se fait : il semblerait paradoxal "que ceux qui veulent imposer la démocratie au prix de la vie de nos soldats critiquent des journalistes dont le travail en toute liberté constitue une expression capitale de la démocratie" (metis)।
.lepoint.fr

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