Logo du NEPAD
Le problème de l'Afrique, ce n'est pas le manque de fonds, dit le secrétaire exécutif du NEPAD (INTERVIEW)
Dans un entretien à Xinhua en marge du 17e sommet de l'Union africaine (UA) ouvert jeudi pour deux jours à Malabo en Guinée équatoriale, l'économiste décrit quelques réalisations dans le cadre du NEPAD comme la construction en voie d'achèvement de la route reliant Tamamraset en Algérie à Arlit au Niger, dans le cadre du projet de la transaharienne devant relier les capitales africaines.
Question : Un de ses domaines d'activités, le NEPAD a défini au sujet des infrastructures un ensemble de projets à réaliser. Il y a par exemple les 20 corridors pour relier les différentes capitales entre elles. Quel est le taux de réalisation de ce projet ?
Réponse : Avant de parler des taux de réalisation, c'est important de voir l'architecture. Le PIDA (Programme phare pour le développement des infrastructures en Afrique) qui est le programme de développement des infrastructures au niveau de l'Union africaine est l'équivalent du PDDAA pour l'agriculture. Donc, même raisonnement : stratégie continentale, régionalisation et définition de projets. Dans les projets pour lesquels nous facilitons la mise en oeuvre aujourd'hui, il y a l'initiative du président Zuma qui a consisté à désigner des champions sur des projets régionaux. Et nous avons sept projets régionaux aujourd' hui au niveau du NEPAD pour lesquels nous facilitons la mise en oeuvre. C'est la transaharienne, le projet de fibre optique Nigeria-Niger-Algérie, le corridor Nord-Sud au niveau de l'Afrique australe, le pont-route et rail au niveau de Brazzaville et Kinshasa, Dakar-Djibouti, le gazoduc Nigeria-Algérie et le projet de fibre optique régional à partir du Rwanda.
Pour chacun de ces projets, nous entrons en contact avec les communautés économiques régionales, nous créons des points focaux nationaux et nous voyons s'il y a une étude de faisabilité qui a été faite et si elle a donné de bons résultats, comment on va passer à la mobilisation de ressources pour la mise en oeuvre. Par exemple dans le cas de la transaharienne, il reste 200 km entre Tamamraset au Sud de l'Algérie et Arlit (au Niger). Ces 200 km, la mobilisation des ressources a été finalisée. Donc, la transaharienne qui va d'Alger à Lagos sera terminée au cours de la prochaine année. Donc, pour chacun de ces projets, on voit une organisation plus rationnelle, un suivi continental et puis le rôle du NEPAD qui est de faciliter la mise en oeuvre. Ceci dit, chaque communauté régionale a aussi ses plans directeurs de développement des infrastructures. A la CEEAC, vous avez ce plan directeur qui consiste à connecter toutes les capitales et qui est très largement avancé. Vous avez également des projets concernant les interconnexions électriques.
Q : Qu'en est-il particulièrement du projet de fibre optique ?
R : Le projet de fibre optique doit être collé à la transaharienne. Il y avait des questions relatives à la sécurité, mais ils ont été résolus, parce qu'il y a une coordination très importante. Je parle du projet de fibre optique Nigeria-Niger- Algérie. Mais, nous avons également le câble sous-marin qui fait toute la côte Ouest et qui part de l'Europe et descend jusqu'au Cap. Bien sûr, la base de ce câble sous-marin, il y aura des connexions terrestres au niveau de chaque communauté économique régionale. Et le taux de réalisation au niveau du câble sous-marin est très avancé.
Q : Quel est ce taux de réalisation ?
R : C'est difficile de parler en termes de pourcentage. Il y a des chaînons manquants. Ils sont très faibles et sont dus au fait que la mobilisation de ressources n'a pas toujours suivi. Mais, je peux vous garantir que dans les cinq années à venir, cela sera totalement terminé.
Q : Il y a un paradoxe, beaucoup d'argent circule en Afrique, les banques sont surliquides. Mais, l'Afrique continue de tendre la main à l'extérieur pour financer son développement. Qu'en dites- vous ?
R : Je veux aller plus loin dans votre paradoxe. Non seulement il y a beaucoup d'argent, mais vous savez que si on regarde le niveau de fuite des capitaux en Afrique, il est évalué à plus de 30 milliards de dollars par an. Donc, ne parlons même pas de la surliquidité des banques. Et cette fuite des capitaux est les résultats pour beaucoup de la corruption. Si vous regardez le fait que l'aide publique au développement, c'est 22 milliards de dollars, vous faites facilement la différence. Donc, le problème de l'Afrique, ce n'est pas un problème de manque de ressources. C' est un problème d'organisation et de volonté politique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire