13 juillet, 2011

La France serait-elle menacée à son tour par l’appréciation des marchés financiers ?

Crise de la dette européenne et démocratie politique

La crise de la dette est mondiale. Elle concerne les Etats Unis dont la dette est financée par l’épargne chinoise. Elle porte aussi sur l’Europe et donc sur l’Euro avec les difficultés de financements et les stratégies incohérentes de la part des 27 pays membres de l’Union européenne.



La singularité de la crise de la dette actuelle est qu’elle est amplifiée par l’œil des marchés financiers dont la responsabilité n’est pas aussi grande qu’on veut bien le dire, dans la mesure où ces marchés financiers sont d’abord formés par des acteurs privés et publics aux comportements d’anticipations contradictoires. Les acteurs publics, ce sont les Etats qui, pendant les périodes de croissance, ont levé des fonds considérables sans toujours se préoccuper des recettes qui rembourseraient l’endettement. Les acteurs privés sont constitués d’un ensemble complexe d’agences de notation, de fonds d’investissement, de spéculateurs qui peuvent être soit des personnes physiques, soit des personnes morales plus préoccupées par les rendements des actions et des obligations qui se trouvent dans leur portefeuille.



Il y a donc une contradiction de taille entre les comportements publics et les attentes des marchés financiers qui ne sont nullement des représentations abstraites ou symboliques, mais bel et bien des acteurs en chair et en os générés par les politiques de libération de l’économie et des finances mises en place par ces mêmes Etats qui crient au loup à partir des années 80 au nom de la lutte contre l’Etat providence qui serait trop dépensier et qui gaspillerait les ressources dont auraient besoin les acteurs privés. C’est le serpent qui se mord la queue. C’est grave car les Etats se moquent de leur opinion publique qui est l’œil de la Démocratie. A cet œil s’ajoute un autre, sous forme d’épée de Damoclès, les marchés financiers.



La crise de la dette est donc connue en Irlande, en Grèce, en Italie, en Espagne et demain en France. Il ne faut pas se raconter d’histoire et se couvrir la tête de cendres : les Etats européens sont responsables de l’émergence des marchés financiers qui ont profité de la liberté donnée pour élaborer leurs propres stratégies et contrôler les Etats qui les ont créés.



Une chose est sure en France : quelque soit le vainqueur de l’élection présidentielle, à droite ou à gauche, le ou la Président(e) élu(e) devra réduire les dépenses de fonctionnement, valoriser celles d’investissement et augmenter les impôts. Il n’y a pas d’autres marges de manœuvre que celles là, à moins que l’économie française retrouve un dynamisme fort à l’image de l’Allemagne qui, il faut le rappeler, a un endettement moins important que le reste de l’Europe grâce à sa politique d’exportation, alors que dans les autres pays c’est la consommation comme arme de croissance qui est privilégiée.



Le vainqueur de l’élection présidentielle en France devra expliquer aux Français les choix rationnels en matière de politique économique de la France membre fondateur de l’union européenne ; une Europe qui refuse des choix communs (création d’un gouvernement économique, solidarité sans limite en matière financière en cas de crise, harmonisation des politiques budgétaires, fiscales et sociales).



La crise de la dette est une chance pour l’Europe et pour la France. Pour l’Europe, c’est le temps de la réflexion d’un modèle économique solidaire, voire fédéraliste, c’est le temps de la vertu qui doit s’appuyer sur le modèle allemand porté en exemple dans la plupart des pays européens. L’Allemagne a su faire les efforts nécessaires en matière d’austérité alors qu’elle était confrontée à un enjeu de taille : la réunification après la chute du mur de Berlin. Les Allemands ont réussi cet effort tous seuls grâce à des choix démocratiques clairs et à un modèle économique organisé et structuré, quelques soient les alternances politiques.



Pour notre pays la France, il faut retrouver des choix politiques structurés et organisés (le grand emprunt, c’est bien mais pour quoi faire concrètement ?). Il faut que le Politique donne des orientations très précises et évaluables à l’économie et à la finance et non pas se laisser guider par eux. Il faut que le Politique valorise les évaluations quinquennales de l’argent distribué aux entreprises du secteur privé. C’est une façon de sauvegarder l’épargne collective des Français et leurs impôts. Voilà un des enjeux de l’élection présidentielle de 2012 pour que nos concitoyens n’aient pas l’impression de vivre sous l’influence de l’épée de Damoclès représentée par les marchés financiers.

Candidats aux élections présidentielles tenez un langage démocratique et citoyen crédible dans les domaines économiques et politiques en direction des Français. C’est à ce prix que la démocratie politique retrouvera ses lettres de noblesse en France.

larepubliqueenmouvement.blogs.nouvelobs.com

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