26 juillet, 2011

JERUSALEM - Israël: révolte contre le logement cher, Netanyahu annonce des mesures

JERUSALEM - Confronté à un déferlement de protestations contre la hausse vertigineuse des prix du logement, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi un plan d'urgence, jugé néanmoins insuffisant par les manifestants.

Le Parlement doit voter la semaine prochaine une réforme législative "énorme", qui permettra "de faire sauter les verrous freinant la planification et la mise sur le marché des logements", a affirmé M. Netanyahu lors d'une conférence de presse.

Il s'est également prononcé contre "le monopole" de l'Administration foncière sur les terrains à bâtir, qu'"elle libère au compte-gouttes".

Le Premier ministre a aussi annoncé la construction en an et demi de 50.000 logements, dont 10.000 à prix réduit "avec l'aide du gouvernement" et réservés à l'acquisition ou à la location à prix modéré.

Enfin, son plan prévoit de subventionner les transports publics pour les étudiants "afin qu'ils puissent facilement se rendre dans les universités".

Ces annonces interviennent alors que l'Etat hébreu est secoué depuis une douzaine de jours par une "révolte des tentes", des milliers de manifestants ayant créé des campements de toile dans les grandes villes pour dénoncer la crise du logement.

En un an, les prix du logement ont bondi de 32% à Tel-Aviv et de 17% à Jérusalem, une tendance qui vaut pour l'ensemble du pays, alors que les salaires stagnent.

Des milliers de jeunes Israéliens défilent également tous les jours dans les rues de Tel-Aviv, Holon, Jérusalem ou Beersheva, bloquant le trafic automobile et scandant des slogans hostiles à M. Netanyahu.

Il s'agit du plus important mouvement social en Israël depuis celui des "Panthères noires" dans les années 1970, qui dénonçait les discriminations contre les Juifs mizrahim, descendants des communautés juives du Moyen-Orient.

Les manifestants ont cependant trouvé les mesures proposées par M. Netanyahu insuffisantes. "Nous continuons la lutte", a affirmé le syndicat des étudiants dans un communiqué. "Le Premier ministre a offert aux étudiants un ensemble d'avantages sans précédent et cela est apprécié. Mais, les étudiants se battent pour la société israélienne et pas seulement pour eux-mêmes", a-t-il ajouté.

"Le discours de Netanyahu n'offre pas de solutions réelles et durables", a aussi affirmé le président du parti travailliste, Micha Harish, dans un communiqué, évoquant un simple "sparadrap sur un problème fondamental et profond".

Certains militants ont aussi estimé que les terrains libérés profiteraient aux promoteurs immobiliers, pas aux plus démunis.

Selon un sondage publié mardi par le journal Haaretz, 87% des Israéliens soutiennent le mouvement de protestation et 54% se disent "mécontents" de la gestion de cette crise par M. Netanyahu.

Israël jouit depuis 2004 d'un taux de croissance de 4,5%, en moyenne, et le chômage est tombé à 6%, mais la très forte hausse du coût de la vie a provoqué la colère. En particulier au sein des classes moyennes, qui supportent l'essentiel de la charge fiscale et constituent le vivier électoral de prédilection du parti Likoud de M. Netanyahu.

"Les membres des classes moyennes ont beaucoup contribué au développement du pays et ne parviennent plus aujourd'hui à boucler leurs fins de mois", a souligné mardi le chef de l'Etat, Shimon Peres.

Déjà affaibli par le dossier logement, M. Netanyahu doit également faire face à un début de protestation du côté de la santé: le chef de l'association médicale israélienne, le Dr Leonid Eidelman, a ainsi entamé une grève de la faim pour réclamer des mesures face à la "détérioration du système de santé".

© 2011 AFP

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