Affaire DSK : Nafissatou Diallo raconte en détail son agression

A plusieurs reprises au cours de son interview, Nafissatou Diallo a discrètement essuyé des larmes. | (ABC NEWS.)Pour la toute première fois, Nafissatou Diallo a livré à visage découvert sa version détaillée de l'agression présumée commise le 14 mai par Dominique Strauss-Kahn dans la suite 2806 de l'hôtel Sofitel. Après s'être exprimée dans l'hebdo «Newsweek», Nafissatou Diallo a accordé un entretien télévisé à la chaîne ABC News, retransmis ce mercredi par nos confrères d'iTélé.

«Vous êtes si belle ! » La femme de chambre raconte ainsi être entrée dans la suite de DSK, pensant qu'il n'était pas là, «puis il est arrivé, tout nu et je me suis écrié Je suis vraiment désolée ! » DSK aurait alors répondu «Vous ne devriez pas être désolée» avant que la plaignante ne lui intime d'arrêter, «je ne veux pas perdre mon travail !». En guise de réponse, celui qui était encore patron du FMI lui aurait dit : «Vous êtes si belle».

«J'étais coincée» «Il m'a poussé, j'étais assise», raconte Nafissatou Diallo avant d'entamer le récit de l'agression sexuelle avec foce détails. «Il a essayé de mettre son pénis dans ma bouche. J'ai serré les lèvres et je me suis levée [...] Il m'a poussée vers le couloir [...] Il a remonté ma robe et a mis sa main entre mes jambes...Il m'a attrapée si fort !» Après quelques sanglots, elle reprend, en mimant la scène :«J'ai tiré sa main vers le haut pour m'extirper, mais il m'a poussée au sol, j'étais coincée [...] Il tenait ma tête serrée».

«J'ai eu tellement peur» Finalement, elle parvient à se lever. «j'ai couru, j'ai eu tellement peur !» Interrogée sur la réaction de DSK, elle répond avec stupéfaction : «Il n'a rien dit. Je ne sais pas comment il s'est habillé si vite mais après quelques minutes, je l'ai vu avec ses bagages, sortir de l'appartement». «Je ne savais pas quoi faire» se souvient-elle. Lorsqu'un supérieur hiérarchique la trouve et lui demande ce qu'il s'est passé, elle lui raconte tout. «C'est un client très important», apprend-elle alors de sa supérieure, qui lui apporte son soutien immédiat.

«Je sais ce que je fais» La suite de l'entretien concerne l'enquête qui a suivi et notamment les mensonges qu'elle aurait proféré lors de ses dépositions. Elle affirme ainsi n'avoir jamais dit «Ce type a beaucoup d'argent » lors d'une conversation téléphonique avec un détenu après l'agression. «J'ai dit : je sais ce que je fais», dit-elle en mentionnant qu'elle parlait alors de prendre un avocat. Quant à la nature de cet interlocuteur, elle affirme qu'il est son «ami» dont elle ne connaissait pas l'implication dans un trafic de drogue, comme l'ont découvert les enquêteurs. Ces derniers avaient également découvert un transfert bancaire de 100.000 $ de l'homme sur le compte de Nafissatou. «Je lui avait donné mon numéro de compte mais je n'avais pas connaissance de ce montant», affirme la femme de chambre.

Dans cet entretien sans restrictions, Nafissatou Diallo admet des erreurs dans ses dépositions successives, mais estime que celles-ci ne devraient pas entraver l'enquête du procureur. «Dieu peut témoigner que je dis la vérité, assure-t-elle, la main sur le coeur. Dieu le sait, et lui aussi (ndlr :Dominique Strauss-Kahn) le sait.»

«Je dois sortir du silence»

L'accusatrice de DSK justifie également, comme elle le fait dans «Newsweek», sa décision de sortir du silence. «Je ne voulais pas apparaître en public, mais je n'ai pas le choix, confie-t-elle à ABC. Maintenant, je dois sortir du silence. Je le dois, pour moi. Il faut que je puisse dire la vérité. » Les avocats de Dominique Strauss-Kahn ont réagi à ces deux entretiens, démentant tout acte criminel, évoquant une relation consentie et qualifiant les déclarations de Nafissatou Diallo de «cirque inconvenant». Le bureau du procureur Cyrus Vance Jr s'est, en revanche, refusé à les commenter.