10 juin, 2011

Sarkozy drague les amis de Borloo

Sarkozy drague les amis de Borloo

Nicolas Sarkozy et Jean-Louis Borloo en novembre 2008. Depuis, ils doivent même rire ensemble.

REUTERS/Philippe Wojazer

Avec le possible départ de Christine Lagarde au FMI, Nicolas Sarkozy va devoir procéder à un nouveau remaniement. Et il aimerait bien profiter de cette occasion pour nommer quelques proches de Jean-Louis Borloo. Qui serait tenté?

Pour convaincre, il n'y a pas que la menace. Inquiet d'une candidature Borloo en 2012, Nicolas Sarkozy l'a bien compris. Depuis plusieurs mois, il essaie ainsi d'amadouer les proches de son ancien ministre pour les intégrer à son gouvernement. L'objectif est évident: en confiant un maroquin à quelques radicaux et centristes, il espère affaiblir Jean-Louis Borloo. Cette stratégie avait parfaitement fonctionné avec Dominique de Villepin.

Après le remaniement de novembre 2010, et le départ de l'ancien maire de Valenciennes, le chef de l'Etat avait déjà fait savoir qu'il procéderait à des réajustements pour donner plus de poids aux centristes. Ils ne sont jamais venus.

Puis, en février, il avait approché quelques élus tentés par une aventure aux côtés de Jean-Louis Borloo. On parlait ainsi de Jean Léonetti à la Santé. Le poste lui avait finalement échappé. Et aucun des proches de l'ancien ministre n'avait finalement intégré le gouvernement.

A moins d'un an de la présidentielle, la perspective d'un nouveau remaniement s'était définitivement éloignée, et avec lui, l'idée d'un débauchage de "borlooïstes". Mais, la mise hors-jeu de DSK est venue bousculer tout cela. Car, la candidature de Christine Lagarde, ministre de l'Economie, à la tête du FMI pourrait provoquer quelques nouveaux ajustements.

"Je n'ai pas dit 'non' en novembre pour dire 'oui' aujourd'hui"

Nicolas Sarkozy ne veut pas manquer cette occasion. Les noms de soutiens de Jean-Louis Borloo circulent dans les couloirs de l'Elysée. Ce sont les mêmes depuis des semaines: Jean-Christophe Lagarde, Laurent Hénart, Jean Léonetti, Marc-Philippe Daubresse, Yves Jégo. Combien peut-il en prendre dans ses filets? Peu, très peu.

Commençons par Jean-Christophe Lagarde. Président exécutif du Nouveau centre, le député de Seine-Saint-Denis n'ira pas: "Je n'ai pas dit 'non' en novembre pour dire 'oui' aujourd'hui", fait-il savoir à LEXPRESS.fr Il est par ailleurs un des défenseurs les plus convaincus d'une candidature Borloo.

Laurent Hénart est sur la même ligne. Numéro 2 du parti radical valoisien, il n'envisage pas de quitter le navire. Son entourage affirme d'ailleurs que "rien ne lui a été proposé". Ce serait toutefois une prise de premier choix pour Nicolas Sarkozy, tant il est proche de Jean-Louis Borloo depuis plusieurs années.

Enfin, ce duo de résistants peut compter sur l'appui d'Yves Jégo. Lui-aussi membre du parti radical, il a été reçu mercredi par Nicolas Sarkozy à l'Elysée. "Un échange vif mais amical", dit-on dans son entourage. Le député de Seine-et-Marne a longuement défendu les vertus d'une candidature Borloo, Nicolas Sarkozy a lui argumenté en faveur d'une candidature unique dès le premier tour. Le chef de l'Etat ne lui a proposé aucun poste ministériel: "Il a compris qu'Yves Jégo n'était pas une girouette", confie un proche.

Léonetti est le plus "mûr"

Reste Marc-Philippe Daubresse et Jean Léonetti. Leurs cas posent question. Le premier a déjà accepté d'épauler Jean-François Copé à la tête de l'UMP, malgré son profil centriste et sa proximité politique avec Jean-Louis Borloo. Il le juge d'ailleurs comme un atout pour faire gagner la droite en 2012, mais ne l'a pas rejoint dans son aventure dissidente. Il fut par ailleurs ministre de la Jeunesse de mars à novembre 2010 et pourrait être tenté par un retour. Quand on lui pose la question, il se contente de répondre: "On ne m'a rien proposé et même si c'était le cas, je ne vous le dirais pas."

Le cas de Jean Léonetti est tout aussi mystérieux. Il est certainement le plus "mûr" pour un débauchage. Le président adjoint du groupe UMP à l'Assemblée, membre du parti radical, désavoue la stratégie de Jean-Louis Borloo. Nicolas Sarkozy l'a bien noté et depuis le chouchoute. Il l'a reçu en tête-à-tête à la mi-mai et le flatte régulièrement lors des petits-déjeuners de la majorité.

2 sur 5. C'est sans doute le meilleur résultat que peut espérer le chef de l'Etat. Pas de quoi ébranler l'équipe Borloo, d'autant que ces deux élus sont déjà intégrés à l'UMP. Ce qui a fonctionné avec Villepin ne marchera pas forcément avec Borloo.

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