29 mai, 2011

Yémen : Al-Qaïda prend le contrôle de Zinjibar

La cellule d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique a perpétré plusieurs attaques au Yémen au cours de l'année 2010.

Photo: AFP/Marwan NAAMANI

La cellule d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique a perpétré plusieurs attaques au Yémen au cours de l'année 2010.

Les combattants d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) et des militants islamistes ont pris le contrôle de Zinjibar, ville côtière du Yémen située à une cinquantaine de kilomètres à l'est d'Aden, rapportent dimanche des habitants, cité par l'agence Reuters.

Tandis qu'un responsable yéménite fait état de 200 hommes armés, des habitants estiment pour leur part que 300 assaillants sont entrés vendredi dans la capitale de la province d'Abyan.

Ces derniers parlent de combats extrêmement violents et indiquent que les combattants ont libéré des dizaines de prisonniers qui étaient détenus à la prison centrale de Zinjibar.

Washington considère AQPA comme la branche la plus active de la nébuleuse islamiste. Les spécialistes de la sécurité américaine redoutent qu'elle exploite le conflit entre le président Ali Abdallah Saleh et ses opposants pour remobiliser le réseau islamiste, mis à mal par la mort d'Oussama ben Laden.

« Des éléments tribaux, mais aussi extrémistes tentent d'exploiter cette instabilité aux fins de faire progresser leurs propres intérêts », a déclaré samedi un responsable de l'administration américaine, cité Reuters.

De leur côté, les groupes de l'opposition yéménite accusent le président Saleh, au pouvoir depuis près de 33 ans, de brandir la menace djihadiste dans le but de conserver le soutien des puissances régionales, visées par Al Qaïda.

Notons qu'Al-Qaïda dans la péninsule arabique n'a aucun lien avec le mouvement issu essentiellement de la jeunesse qui exige depuis janvier le départ de Saleh, pas plus qu'avec les combattants tribaux qui ont affronté cette semaine les forces gouvernementales à Sanaa.

AQPA est issue de la fusion, en 2009, des branches yéménite et saoudienne d'Al-Qaïda. Son chef, Nasser Al-Ouahaïchi, a été un proche collaborateur d'Oussama ben Laden, dont le père est né au Yémen. Le ministère des Affaires étrangères du Yémen estime à 300 le nombre de militants d'AQPA présents sur son sol.

Des protestaires yéménites exigent le départ du président Saleh à Sanaa

Photo: AFP/Mohammed Huwais

Des protestaires yéménites exigent le départ du président Saleh à Sanaa.

Le Yémen, un refuge pour les activistes d'Al-Qaïda

Les activistes d'Al-Qaïda les plus audacieux et les plus ingénieux du réseau islamiste se servent du Yémen comme refuge. Une guerre dans ce pays leur offrirait une plus grande marge de manoeuvre pour amorcer des attaques contre l'Occident.

Ses membres n'hésitent pas à mener des opérations à l'étranger, à concevoir et dissimuler des bombes perfectionnées et à diffuser une propagande efficace sur Internet pour inciter d'autres extrémistes à commettre leurs propres attentats.

Le président yéménite Ali Abdullah Saleh s'adressant à la presse à Sanaa

Photo: AFP/Gamal Noman

Le président yéménite Ali Abdullah Saleh s'adressant à la presse à Sanaa

Ce groupe mène toutes ces opérations à partir des régions reculées des provinces de Chaboua, Abyan, Djouf et Marib.

« Quand on voit à quel point le gouvernement de Saleh se préoccupe d'abord de rester au pouvoir, AQPA a bien plus d'espace pour agir en ce moment », souligne un spécialiste du Yémen, Gregory Johnsen.

« Son maintien au pouvoir ne fera que nourrir les causes sous-jacentes du développement d'Al Qaïda au Yémen », prédit de son côté Nadwa Al-Dawsari, responsable de Partners Yemen, organisme de règlement des conflits collaborant avec les communautés tribales.

« S'il reste, les jeunes qui manifestent aujourd'hui deviendront tellement frustrés qu'ils pourraient tenter de rejoindre AQPA ou d'autres groupes actifs dans des trafics, dans la criminalité, dans le trafic de drogue et d'autres maux de la société », a-t-elle déclaré à Reuters.

Certains observateurs soutiennent toutefois que l'éventuel successeur de Saleh serait soumis exactement à la même pression de la part des pays occidentaux en matière de lutte contre Al-Qaïda.

Selon un responsable britannique de l'antiterrorisme, cité par l'AFP, l'ambition d'AQPA de développer des réseaux en Afrique de l'Est et en Europe demeure « inquiétante ».

Radio-Canada.ca avecAgence France Presse et Reuters

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