09 mai, 2011

Trafic de drogue : Sarkozy ouvre un G8 élargi en proposant un fonds mondial

AFP

Nicolas Sarkozy, le 9 mai 2011 au palais de l'Elysée

Nicolas Sarkozy a ouvert lundi une réunion inédite d'un G8 élargi consacré à la lutte contre le trafic de drogue transatlantique en proposant, pour la financer, la création d'un fonds mondial piloté par l'Onu et alimenté par les avoirs saisis des narcotrafiquants.

Devant les ministres de 22 pays européens, africains et américains concernés par la production, la consommation ou le transit de la cocaïne, le chef de l'Etat a souligné la nécessité "d'éradiquer un fléau qui menace nos populations (et) déstabilise nos sociétés, et parfois même nos Etats" et suggéré plusieurs pistes pour stopper son "déferlement".

"Pourquoi ne pas utiliser tout l'argent des avoirs des narcotrafiquants pour abonder un fonds international placé sous contrôle des Nations unies contre la drogue et le crime ?", a proposé M. Sarkozy.

"Ce fonds aurait une seule vocation : soutenir le renforcement des capacités des Etats les plus fragiles et les plus affectés par les trafics de drogue. Sa gestion par une organisation des Nations unies à la compétence incontestée garantirait son efficacité et la qualité de sa gouvernance", a-t-il ajouté.

"Combattre les trafiquants, ce n'est pas seulement incarcérer ou saisir la drogue, c'est s'attaquer à la cause première du trafic : l'argent. Il faut priver les narcotrafiquants du produit de leur crime. Il faut punir les criminels, non seulement par de lourdes peines de prison, mais aussi en confisquant leurs avoirs", a insisté le chef de l'Etat.

Entre autres pistes, Nicolas Sarkozy a également suggéré aux participants de ce sommet d'améliorer "la collecte et l'échange de l'information et du renseignement" entre les pays, ainsi qu'une meilleure coopération pour y mettre en place une "chaîne pénale solide et complète".

Tout au long de son discours, le président en exercice du G8 a souligné la nécessité absolue d'améliorer la coopération entre pays producteurs et consommateurs de drogue. "Trop souvent, c'est une coopération insuffisante qui nous a conduit à l'échec", a-t-il dit.

M. Sarkozy a également appelé ses interlocuteurs à "un effort financier à la hauteur des enjeux". "Dégageons les moyens financiers nécessaires, le succès de votre plan d'action en dépend", a-t-il souligné.

Comme il l'a rappelé dans son propos, le nombre de consommateurs de cocaïne a doublé en dix ans en Europe pour atteindre aujourd'hui entre 4 et 5 millions d'usagers réguliers, en grande partie à cause de la contraction du marché américain.

Selon l'estimation d'un spécialiste français, 300 des 700 tonnes de cocaïne produites chaque année en Amérique latine sont destinées à l'Europe. Avec 15 à 20 tonnes, le marché français reste moins important que l'espagnol, l'italien ou le britannique, mais il est en forte croissance.

Pour alimenter ce marché en pleine expansion, les narcotrafiquants d'Amérique latine ont ouvert de nouvelles routes vers l'Europe passant pour moitié par les Caraïbes et l'Afrique de l'Ouest. La drogue y est acheminée par bateaux, avions ou même sous-marins et ses flux ont commencé à déstabiliser de nombreux pays africains fragilisés par la corruption et la pauvreté.

Il en est ainsi de la Guinée-Bissau, aujourd'hui considérée comme un véritable "narco-Etat". L'assassinat en mars 2009 de son président Joao Bernardo Vieira par des militaires est ainsi largement attribué à un règlement de comptes autour du trafic de cocaïne.

Les ministres et chefs de la police qui participent à ce G8 élargi doivent adopter mardi des "conclusions opérationnelles" qui seront soumises au sommet du G8 à Deauville les 26 et 27 mai.

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