27 mai, 2011

Moubarak était au courant de « chaque balle tirée », selon Souleimane

Hosni Moubarak

Photo: AP/Amr Nabil

Hosni Moubarak (archives)

Selon l'ancien chef des renseignements égyptien Omar Souleimane, le président déchu Hosni Moubarak, accusé d'être responsable de la mort de manifestants à l'hiver dernier, avait « parfaitement connaissance de chaque balle tirée ».

Le procureur s'est en partie appuyé sur le témoignage de M. Souleimane au quotidien d'État Al-Akhbar pour accuser M. Moubarak de « meurtre avec préméditation ».

« Moubarak avait parfaitement connaissance de chaque balle tirée sur les manifestants, et du nombre de tués et de blessés », a déclaré M. Souleimane, nommé vice-président le 29 janvier, qui avait lui-même annoncé la démission de M. Moubarak le 11 février.

Le quotidien précise que « les informations comprenaient tous les cas où des balles réelles et balles en caoutchouc étaient tirées sur les manifestants dans la tentative [du régime] pour faire avorter la révolution ».

D'après une source judiciaire, M. Moubarak et ses deux fils, détenus au Caire, ont été informés jeudi des charges pesant contre eux. Elle précise que la date et le lieu du procès seront décidés ultérieurement.

Mardi, le procureur général avait annoncé que l'ancien chef d'État égyptien et ses deux fils étaient accusés de « meurtre avec préméditation », « d'avoir planifié le meurtre de certains participants aux manifestations pacifiques de la révolution du 25 janvier » et d'avoir abusé de leur position pour s'enrichir.

Âgé de 82 ans, Hosni Moubarak a été assigné à résidence après avoir été hospitalisé le 12 avril à Charm-el-Cheikh, pour des problèmes cardiaques. Le Parquet général avait demandé la semaine dernière qu'il soit de nouveau examiné pour établir si son état de santé permet son transfert dans un hôpital carcéral.

L'ancien « raïs » est soupçonné d'avoir ordonné les violences commises pendant le soulèvement qui a abouti à sa chute, le 11 février.

Selon un bilan officiel, 846 personnes ont été tuées pendant les 18 jours du mouvement de révolte contre l'ancien président Hosni Moubarak.

L'ancien président, sa femme et leurs deux fils sont par ailleurs visés par une enquête à la suite d'accusations de détournement de fonds publics et de corruption.

Jeudi, un ancien ministre du Logement égyptien sous Moubarak, Ahmed Al-Maghrabi, a été condamné à cinq ans de prison ferme pour malversations financières.

Manifestations pour « une seconde révolution »

Des manifestants s'en prennent à une affiche d'Hosni Moubarak devant le Parlement au Caire (archives).

Photo: La Presse Canadienne /Tara Todras-Whitehill

Des manifestants s'en prennent à une affiche d'Hosni Moubarak devant le Parlement au Caire (archives).

Trois militants ont été arrêtés jeudi au Caire alors qu'ils collaient des affiches appelant à des manifestations sous le slogan « pour une seconde révolution », rapporte leur avocat.

Me Rajia Omran a ajouté que les individus, parmi lesquels se trouve la réalisatrice de cinéma Aida al-Kachef, sont détenus par la police militaire dans le centre du Caire.

Sur le réseau Facebook, la Coalition des jeunes pour la révolution, qui regroupe plusieurs mouvements de jeunes prodémocratie actifs lors de la révolte de janvier et février, a appelé à des manifestations dans tout le pays, vendredi, pour « mettre fin à la corruption politique ».

Les militants demandent notamment que justice soit rendue plus rapidement pour les responsables du régime de l'ex-président Hosni Moubarak. Ils réclament aussi que la sécurité soit rétablie dans les rues, compte tenu des violents affrontements confessionnels survenus au cours des dernières semaines.

Mise en garde des Frères musulmans

Le mouvement des Frères musulmans, hostile au régime déchu, s'est déclaré « très préoccupé » par cet appel aux manifestations. Dans un communiqué, la confrérie demande « qui sont désormais les gens mécontents » et souligne que la révolte populaire du début de l'année est parvenue à faire partir M. Moubarak et à traduire en justice nombre de ses partisans, en attendant qu'il soit lui-même jugé.

Les Frères musulmans mettent en garde contre toute division entre le peuple et l'armée, qui assure la direction du pays, estimant que les manifestations « ne peuvent être dirigées que contre le peuple lui-même, ou contre l'armée ».

L'armée, qui a été accusée d'exactions depuis qu'elle a accédé au pouvoir après la démission d'Hosni Moubarak, a elle-même indiqué qu'elle se tiendrait à l'écart des manifestations pour éviter toute violence.

Dans un communiqué posté sur sa page Facebook, elle met en garde contre « les éléments suspects qui vont essayer d'opposer l'armée au peuple » lors des manifestations de vendredi, indiquant avoir « décidé de n'être absolument pas présente dans les zones de manifestations pour éviter ces dangers ».

De nombreux militants prodémocratie, qui avaient salué la retenue de l'armée face à la foule durant la révolte, expriment maintenant leur frustration face à la lenteur de la démocratisation promise.

Radio-Canada.ca avecAgence France Presse

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