08 mai, 2011

Libye: intenses combats près de Misrata, les rebelles attendent des armes

AFP

Des femmes lybiennes et leurs enfants évacués de la ville assiégée de Misrata le 5 mai 2011

D'intenses combats ont repris dimanche près de Misrata, ville rebelle de l'Ouest libyen assiégée par les forces gouvernementales, alors que les rebelles à Benghazi, dans l'Est, attendaient des armes de l'Italie.

Les combats se déroulaient à l'ouest de Misrata, grande ville côtière à 200 km à l'est de Tripoli, dans la localité de Bourgueya, selon un correspondant de l'AFP.

Dans le port, une immense colonne de fumée noire se dégageait toujours des dépôts de carburant en flammes après un bombardement samedi matin. Une roquette Grad s'était abattue sur l'un des réservoirs de gasoil près du port, et l'incendie s'est propagé aux dépôts voisins.

Par crainte de pénurie, des queues commençaient à se former devant les stations-service.

Les forces loyalistes "ont détruit seulement les réservoirs qui étaient pleins", a déclaré Ahmed Montasser, un combattant rebelle. "Quelqu'un a signalé les coordonnées exactes des réservoirs à détruire", a-t-il ajouté, dénonçant la présence d'une "cinquième colonne" pro-Kadhafi dans la ville.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, un hélicoptère pro-Kadhafi a lancé au moins 26 mines, pourvues de parachutes, qui ont atterri sur l'entrée et les quais du port, selon le correspondant de l'AFP. Les rebelles ont fait exploser la plupart d'entre elles.

L'Otan avait confirmé samedi qu'un hélicoptère avait violé la zone d'exclusion aérienne jeudi, sans pour autant expliquer pourquoi ses forces chargées de faire respecter cette zone n'étaient pas intervenues.

Pour les habitants, il n'était pas encore question de rationnement, mais obtenir du pain nécessite déjà de patienter longuement devant les boulangeries.

"On ne peut acheter que 20 pains par personne, donc j'amène trois enfants avec moi pour obtenir suffisamment de pain", a expliqué un habitant, qui a accueilli chez lui plusieurs familles vivant dans la périphérie de Misrata et réfugiées dans le centre en raison des combats.

AFP

Une Lybienne âgée va être évacuée de la ville assiégée de Misrata le 5 mai 2011

Dans l'ouest de Tripoli, deux fortes explosions ont par ailleurs retenti dimanche après un survol de la capitale libyenne par des avions de l'Otan, a indiqué un témoin à l'AFP.

Les explosions ont été entendues en milieu d'après-midi, a indiqué ce témoin habitant à 14 km de Tripoli, en soulignant que les déflagrations étaient très violentes. Il n'était pas possible dans l'immédiat de préciser quelles cibles étaient visées.

Le calme régnait en revanche à la frontière avec la Tunisie après les combats ayant opposé samedi à une dizaine de km du poste-frontière de Dehiba (Tunisie) des forces rebelles et loyalistes.

Pendant une bonne partie de la journée de samedi, des obus de l'armée de Mouammar Kadhafi ont pilonné les positions rebelles qui tiennent la petite localité de Gzaya et ses environs. Six obus sont tombés en Tunisie sans faire ni victime ni dégât, mais suscitant la colère des autorités.

Le gouvernement de Tunis a assuré qu'il prendrait les dispositions "nécessaires" pour "préserver l'intégrité de son territoire".

A Benghazi, le vice-président du Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion, Abdel Hafiz Ghoga, a affirmé samedi soir que l'Italie allait fournir des armes à la rébellion. "Nous allons les recevoir très bientôt", s'est-il réjoui.

A Rome, des sources au ministère des Affaires étrangères ont précisé que l'Italie allait fournir "du matériel d'auto-défense" aux rebelles, dans le cadre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui impose cependant un embargo sur les armes.

Les rebelles réclament régulièrement des armes pour faire face aux forces gouvernementales, qu'elles combattent depuis la mi-février.

Tout comme la France et le Royaume-Uni, l'Italie a déjà envoyé une poignée de conseillers militaires à Benghazi, siège du CNT, pour aider les rebelles à s'organiser. Selon M. Ghoga, le nombre de combattants rebelles engagés à travers le pays ne dépasse cependant pas 3.000 personnes.

Le conflit libyen a déjà fait des milliers de morts, selon le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo. Et plus d'un demi-million de personnes, essentiellement des travailleurs étrangers, ont fui le pays depuis la mi-février.

Certains ont tenté de le faire par bateau. La petite île italienne de Lampedusa a accueilli dimanche 1.300 nouveaux réfugiés de Libye, après en avoir reçu près de 850 samedi. L'une de leurs embarcations s'est échouée dans la nuit, mais tous ses passagers ont pu être secourus.

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