03 mai, 2011

Libye: inquiétude à Misrata à l'expiration d'un ultimatum de Kadhafi

AFP

Des migrants asfricains en quête de nourriture le 2 mai 2011 à Misrata

A Misrata, assiégée depuis plus de deux mois par les forces pro-Kadhafi, les habitants étaient de plus en plus inquiets mardi face à l'expiration d'un ultimatum fixé par le régime libyen aux rebelles pour se rendre et au blocage du port, seule voie de ravitaillement pour cette ville.

Après une attaque menée lundi matin par les forces du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, le calme était revenu mardi matin dans la troisième ville du pays, à 200 km à l'est de Tripoli. Seules quelques lourdes explosions, très espacées, étaient entendues au loin, selon un journaliste de l'AFP.

La veille, deux chars pro-Kadhafi ont été détruits lors d'une tentative d'incursion, selon des sources rebelles. Selon des sources médicales, le bilan de lundi s'élève à 14 morts et une trentaine de blessés.

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Carte de Libye indiquant les combats en cours le 22 mai 2011 lundi (situation à 16h00 GMT)

Misrata est depuis des semaines le théâtre de combats entre rebelles et forces loyales au colonel Kadhafi.

Dans les rues, l'ambiance, qui était à l'euphorie après le 25 avril quand les forces gouvernementales avaient été chassées de la ville, est désormais lourde.

"Je ne suis pas inquiet. Kadhafi ne fera rien, il ment comme d'habitude. Inchallah, il ne fera rien", veut croire Abd Albari, 20 ans.

L'étudiant filiforme est en revanche "très inquiet" concernant le port. "S'il est bloqué, les bateaux qui nous aident ne viendront plus et nous aurons de très gros problèmes", murmure-t-il.

Vendredi, le régime libyen avait offert une amnistie aux rebelles de cette ville clé s'ils cessaient les combats et précisé que cette proposition tenait jusqu'à mardi. Il avait également menacé de frapper les navires entrant dans le port et lâché trois mines dans les eaux au large de Misrata. L'Otan a indiqué lundi n'avoir détruit pour l'instant que deux de ces trois mines.

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Des volontaires libyens sont rassemblés autour d'un rebelle le 2 mai 2011 à Benghazi

Dimanche soir, le port, essentiel pour l'approvisionnement de la cité d'un demi-million d'habitants sous perfusion humanitaire et seule issue pour réfugiés espérant fuir les combats, avait subi un pilonnage intensif des pro-Kadhafi. Des bateaux humanitaires, notamment un navire de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) au large de Misrata depuis samedi, attendent toujours le feu vert de l'Otan pour accoster.

"L'autre jour, Kadhafi a dit que chaque bateau arrivant au port serait attaqué. Il a fait ce qu'il a dit. C'est assez inquiétant", souligne Ibrahim Ali, 48 ans, penché sur le moteur de sa voiture.

Mardi matin, des dizaines d'habitants faisaient la queue, parfois depuis deux heures, devant une boulangerie du centre de la ville. Le pain est de plus en plus rare, comme la viande d'ailleurs, les fruits et légumes frais quasi inexistants. Les fermes des faubourgs approvisionnant la ville sont soit au milieu du champ de bataille, soit sous le contrôle des pro-Kadhafi.

"Kadhafi va continuer à bombarder la ville, peut-être beaucoup plus fort aujourd'hui que d'habitude, mais ça ne nous fera jamais changer d'avis", clame Mustapha, 42 ans. "Le port n'est pas sûr", admet-il, "mais de toute façon Kadhafi ne gagnera pas".

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Un rebelle le 2 mai 2011 à Benghazi

Plus de six semaines après l'intervention le 19 mars d'une coalition internationale en Libye pour mettre un terme, sous mandat de l'ONU, à la répression sanglante de la contestation du régime autoritaire de Mouammar Kadhafi, le Groupe de contact sur la Libye tiendra une nouvelle réunion jeudi à Rome.

Il tentera notamment de trouver une solution politique au conflit marqué par un blocage de la situation militaire et des risques d'aggravation de la crise humanitaire.

Au menu des discussions sur ce conflit figureront notamment l'éventuelle fourniture d'armes aux opposants du colonel Kadhafi et le financement de leur mouvement à travers l'achat de pétrole provenant de l'est du pays sous leur contrôle.

Par ailleurs, l'ambassadeur de Libye à Londres, à qui le Royaume-Uni avait donné 24 heures dimanche pour quitter le pays en représailles aux attaques contre des bâtiments diplomatiques britanniques à Tripoli, a quitté le territoire, a indiqué le ministère britannique des Affaires étrangères.

Plusieurs bâtiments diplomatiques avaient été attaqués dimanche dans la capitale, dont ceux d'Italie et de Grande-Bretagne, quelques heures après des bombardements de l'Otan à Tripoli, dans lesquels ont été tués, selon le régime, l'un des fils du dirigeant libyen, Seif al-Arab et trois de ses petits-enfants.

Le Venezuela, grand allié du régime libyen, a demandé à l'ONU de condamner ce raid de l'Otan.

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