09 mai, 2011

Les Cubains bientôt autorisés à voyager plus librement à l'étranger

AFP

Des Cubains dans les rues de la Havane, le 25 janvier 2011

Pour la première fois depuis plus de 50 ans, les Cubains vont avoir l'autorisation de voyager à l'étranger, mais dans des conditions qui restent encore à définir dans le cadre des réformes lancées par le président Raul Castro.

Dans la version finale des 313 réformes économiques récemment adoptées par les autorités cubaines, figure en effet "l'étude des dispositions qui permettront aux Cubains de voyager à l'extérieur comme touristes".

Sans être formellement interdits, les voyages à l'étranger sont aujourd'hui soumis à de multiples barrages bureaucratiques et coûtent très cher. Hors sportifs, artistes, universitaires et quelques hommes d'affaires, très peu de Cubains ont la chance de pouvoir se rendre à l'étranger.

Le droit de voyager est une des principale revendications des Cubains qui doivent aujourd'hui présenter une invitation de l'étranger et demander une autorisation spéciale, qui peut être refusée sans justification particulière.

L'autorisation de voyage coûte 110 euros et n'est valable que 30 jours. Elle peut être renouvelée pour une autre période de 30 jours -et 40 euros- dans une limite de 11 mois, après laquelle le Cubain peut être déclaré comme "déserteur". Tous ses biens et possessions peuvent alors être saisis.

Les formalités administratives à Cuba et dans les consulats cubains à l'étranger portent généralement l'autorisation de voyager à quelque 300 euros. Dans un pays où le salaire mensuel moyen est de l'ordre de 15 euros, la perspective d'un voyage à l'étranger relève le plus souvent du rêve.

Pendant des décennies, le touriste cubain était généralement un travailleur "méritant", récompensé par un voyage d'agrément dans une des républiques socialistes d'Europe de l'Est... Depuis l'implosion du bloc soviétique au début des années 90, le touriste cubain est très rare.

De nombreuses personnalités cubaines, jusqu'à l'auteur-compositeur Silvio Rodriguez, la "voix de la Révolution", ont demandé aux autorités d'assouplir les conditions de voyage des Cubains.

La version finale des réformes économiques -annoncées à l'automne, amendées et adoptées par un congrès historique du Parti communiste cubain (PCC) en avril et publiées en détail lundi- comprend d'autres mesures de fort impact social.

La vente et l'achat de véhicules et de logements ou l'élargissement à tous du crédit bancaire devraient aussi bouleverser la vie quotidienne des Cubains.

Près de 90% des Cubains sont propriétaires de leur logement ou payent des loyers très faibles à l'Etat propriétaire. Ils ne payent pas d'impôt dessus mais ne peuvent pas les vendre.

Les seuls mouvements se font à l'occasion d'une "permuta", un troc ou un échange entre deux appartements ou maisons. Ces échanges ont donné naissance depuis de nombreuses années à une vaste économie souterraine pouvant impliquer de très fortes sommes d'argent.

De même, les automobiles ne peuvent être vendues que si elles ont été autorisées par l'Etat ou datent d'avant la Révolution. D'où le succès des vieilles Cadillac ou Buick américaines qui constituent encore une part très importante du parc automobile cubain.

Le plan de réformes comprend aussi certaines mesures nouvelles pour le tissu économique: la possibilité de liquidation des entreprises d'Etat déficitaires, l'extension de la création de coopératives à divers secteurs afin de favoriser la création d'un solide tissu de petites et moyennes entreprises.

Ou encore la décentralisation de la production agricole, gros point noir de l'économie cubaine qui doit importer 80% de ses besoins alimentaires.

Autant de mesures indispensables, selon le président Raul Castro, pour éviter "un naufrage général" du modèle économique cubain, calqué sur l'Union soviétique des années 70.

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