20 mai, 2011

burkina faso Point de presse du gouvernement : 7 milliards de F CFA pour les commerçants, 33 pour les cotonculteurs

Le ministre en charge de l’Agriculture, Laurent Sédogo celui de l’Economie des finances, Lucien Marie Noël Bembamba, et celui de la communication Alain Edouard Traoré étaient face aux journalistes le jeudi 19 mai 2011, à Ouagadougou. Plusieurs points étaient à l’ordre du jour dont l’indemnisation des commerçants victimes des casses, l’avancement des fonctionnaires, la fixation du prix des intrants, la grogne des cotonculteurs, etc.

Le ministre de l’Agriculture et de l’hydraulique Laurent Sédogo, a fait un tour d’horizon de la campagne agricole 2011/2012, la fixation du prix du coton, la baisse du coût des intrants, la grogne des cotonculteurs et les solutions envisagées.

D’emblée, celui-ci a rappelé que son département vient de tenir les journées de programmation et de lancement de la campagne agricole, 2011-2012 à Souri-Badala, dans la région de la Boucle du Mouhoun. Lesdites journées avaient pour thèmes : "Le maintien et la restauration de la fertilité des sols, facteurs essentiels de l’accroissement de la productivité et de la production agricole".

Un thème qui vient à point nommé, dans la mesure où une bonne production agricole dépend en grande partie, de la fertilité des sols.

Le constat du ministre Sédogo est que les sols du Burkina sont pauvres avec une dégradation accélérée, hypothéquant ainsi, la productivité agricole. C’est pourquoi la sensibilisation de tous les acteurs apparaît comme une nécessité, afin que les sols puissent retrouver leur fertilité. En outre, a souhaité Laurent Sédogo, il faut abandonner l’agriculture de subsistance où le cultivateur produit pour sa simple survie, pour aller vers une agriculture beaucoup plus moderne, où le surplus est destiné à la commercialisation. Pour cela, il convient de mettre l’accent sur les nouvelles techniques culturales, en vue d’accroître les rendements et surtout, de conquérir le marché pour faciliter l’écoulement des produits. C’est l’un des axes majeurs de la politique agricole du gouvernement pour davantage moderniser ce secteur. Le ministre Sédogo a également évoqué des prévisions par rapport à certaines productions. Il s’agit des céréales, du coton, du niébé, du sésame etc.

"Pour les céréales, cette prévision de production correspond à une augmentation de 26% par rapport à la campagne précédente ; ce qui est légèrement au-dessus de l’objectif fixé par la lettre de mission assignée à mon département qui est de travailler à augmenter la production céréalière de 25%. Concernant ces céréales, les plus forts taux d’accroissement sont réservés au riz, avec 36% et au maïs, avec 43%", a-t-il relevé. Quant au sésame, il connaît une progression fulgurante de 65% pour la campagne 2010. Aussi, le gouvernement a décidé de booster la filière du niébé, en lui donnant un visage féminin. En effet, l’objectif visé pour la campagne prochaine est de toucher 45 000 femmes dans toutes les provinces du Burkina par cette filière. Les tubercules dont le rendement à l’hectare est très élevé (40 à 50 tonnes), n’ont pas été occultés. En plus des productions pluviales, le ministre Sédogo a signalé que l’accent sera également mis sur la culture de contre-saison.

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Au cours du point de presse, les questions relatives au coton sont revenues à maintes reprises.

Depuis un certain temps, il y a des tensions au niveau de la filière cotonnière, malgré les mesures du gouvernement pour accompagner les cotonculteurs. En effet, selon Sédogo, l’Etat a injecté depuis 2002, plus de 130 milliards de F CFA dans cette filière. Et pour la présente campagne, près de 33 milliards de F CFA y sont injectés. En outre, des efforts sont consentis pour aboutir à une baisse du coût des intrants (une réduction de 1000 F CFA sur le sac d’engrais). Quant au prix du coton-graine, il a connu une augmentation et le kilogramme va s’acheter désormais, à 245 F CFA pour le premier choix. Ces mesures sont néanmoins jugées insuffisantes par les cotonculteurs qui n’hésitent pas à manifester leur colère. C’est pourquoi le gouvernement a été prompt dans la réaction pour sauver la filière.

" Le séjour à Dédougou a été aussi l’opportunité de la rencontre avec les cotonculteurs de la Boucle du Mouhoun. Notre approche était de rassurer les producteurs quant aux efforts déployés par le gouvernement pour la filière et de la nécessité de développer la concertation permanente en lieu et place de certaines pratiques plutôt violentes", a indiqué Laurent Sédogo.

Les hommes des médias se sont également préoccupés de la culture du coton Bt au Burkina. Sur cette question le ministre Sédogo a mentionné les avantages qu’offre la culture du coton Bt.

Non seulement, les ravageurs sont attaqués à partir de la plante, mais également le nombre de traitements s’en trouve considérablement réduit.

Les événements survenus, les 22, 23 mars et les 14 au 16 avril 2011 et qui se sont traduits par des actes de vandalisme et de casses n’ont pas été sans conséquences sur la manne financière de l’Etat. En effet, le budget de l’année en cours avait déjà été voté par l’Assemblée nationale.

Indemnisation

des commerçants, l’avancement

des fonctionnaires

Comment le gouvernement a-t-il procédé pour l’indemnisation des commerçants ? Telle a été la première préoccupation des journalistes, formulée à l’endroit du ministre de l’Economie et des finances, Lucien Marie Noël Bembamba. Une procédure budgétaire a été utilisée pour prendre en compte les mesures du gouvernement pour faire face à la crise, a relevé le ministre Bembamba. Il s’agit, dit-il, d’anticiper sur la loi rectificative du budget, en prenant un décret d’avance (à l’image d’une avance sur salaire) permettant le déblocage des fonds pour la gestion de la crise. Pour le ministre en charge des Finances, le budget de l’Etat est revu chaque année, à travers une loi rectificative. Une révision qui permet la prise en compte de certaines lignes budgétaires qui n’avaient pas été inscrites au budget initial. C’est cette possibilité qu’offre le budget, qui a permis donc au gouvernement de pouvoir procéder au décaissement des fonds pour le volet gestion de la crise.

Et le ministre de préciser que le décret d’avance se prend, en cas de mesures d’urgence comme c’est le cas concernant la crise. Ce décret poursuit-il, sera introduit lors de l’examen et de l’adoption de la loi rectificative du budget, gestion 2011.

Parmi les mesures prises par le gouvernement pour faire face à la crise, figure le point sur les subventions des produits dont les prix ont été revus à la baisse. Aussi, les journalistes ont voulu connaître les mécanismes de subvention mis en place par les autorités. Là-dessus, Lucien Marie Noël Bembamba a parlé d’un consensus entre les différents acteurs : gouvernement, grossistes, détaillants. Ainsi, soutient le ministre, il s’est agi pour le gouvernement d’appliquer la subvention aux grossistes qui, à leur tour, révisent les prix au niveau des détaillants. Ces détaillants sont tenus de vendre le produit subventionné au prix fixé par les autorités. Cependant, précise l’argentier du Burkina, pour ce qui concerne les anciens stocks détenus par certains détaillants, c’est-à-dire des sacs de riz, cartons de sucre ou des bidons d’huile, un inventaire a été fait aussitôt. Le manque à gagner des commerçants sera supporté par l’Etat, à travers les clauses du consensus, qui veulent que la subvention se fasse chez le grossiste qui, à son tour, trouvera la démarche qui sied avec le détaillant, en vue de lui permettre d’être dans la logique des prix fixés. Des prix révisés en 2008, et qui font l’objet d’une autre révision en 2011. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? s’est préoccupée la presse. Et Bembamba de noter que l’environnement économique mondial ne permet pas une maîtrise parfaite des prix aux fins de prétendre à une baisse des prix des produits de grande consommation, encore moins une stabilisation. La révision à la baisse du prix d’un produit est discutée avec l’ensemble des acteurs intervenant dans l’importation et la vente et la consommation dudit produit. La question des indemnisations des commerçants victimes des casses est revenues, à la table du ministre en charge des Finances. Où en est-on avec ledit dossier ? Pour les petits commerçants et ambulants, un mécanisme spécifique d’indemnisation a été proposé à ceux dont les dégâts sont évalués à moins d’un million cinq cent mille francs CFA. Pour les acteurs du secteur informel, il s’agit de leur octroyer un prêt pour reconstituer leur stock. Il est accordé par le Fonds d’appui au secteur informel (FASI) à travers la signature d’une convention de prêt aux conditions : de un million cinq cent mille francs CFA à cinq millions ; la durée de paiement est de 36 mois dont 6 mois de différé et le taux d’intérêt est de 4% l’an.

Quant aux gérants de stations-service, le mécanisme a consisté en un engagement de l’Etat auprès de la structure qui approvisionne ces stations, afin de leur permettre de pouvoir disposer d’une certaine quantité de carburant et de lubrifiants, en vue de relancer leurs activités. Une convention de prêt est également signée entre l’Etat et le propriétaire de la station. Pour un montant maximum de dix millions de francs CFA, la durée de remboursement est de 18 mois avec 6 mois de différé et 4% l’an comme taux d’intérêt. Les petites et moyennes entreprises bénéficient d’un prêt accordé par le Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES), de cinq à vingt-cinq millions de francs CFA. La durée d’apurement est de 24 mois avec 6 mois de différé. Le taux d’intérêt reste le même (4%). Le dernier groupe est constitué des grandes entreprises, dont les dégâts sont évalués à moins de vingt cinq millions de francs CFA. Il bénéficie d’un appui financier du FBDES. Les sociétés dont les dégâts sont estimés à plus de vingt-cinq millions sont accompagnées par le gouvernement auprès de leurs banques, afin qu’ils aient un traitement spécifique.

Si les commerçants sont passés ou attendent de passer à la caisse ou en banque, les fonctionnaires eux, doivent se faire noter avant d’espérer bénéficier des retombées financières de l’avancement. C’est le conseil que Lucien Marie Noël Bembamba a donné à ces derniers, à l’occasion de ce point de presse.

Aline Verlaine KABORE et Mady KABRE

Sidwaya

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