11 mai, 2011

Attaque contre un consulat saoudien au Pakistan, appels à venger Ben Laden

AFP

Des responsables de sécurité se réunissent devant le consulat d'Arabie Saoudite à Karachi au Pakistan, le 11 mai 2011

Une attaque qui n'a pas fait de victimes a visé mercredi un consulat d'Arabie Saoudite au Pakistan, neuf jours après l'élimination d'Oussama Ben Laden, qu'une des filiales d'Al-Qaïda a de nouveau promis de venger.

Sur le front politice-diplomatique, un important responsable américain va se rendre au Pakistan pour tenter d'apaiser les tensions entre Washington et Islamabad après l'opération commando américaine dans ce pays qui a abouti à la mort du chef d'Al-Qaïda, ennemi public numéro un aux Etats-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001.

Des inconnus ont lancé mercredi deux grenades sur le consulat d'Arabie Saoudite - pays d'origine de Ben Laden, dont le régime l'avait déchu de sa nationalité en 1994 - à Karachi, la mégalopole du sud du Pakistan, sans faire de victimes.

Un responsable du gouvernement provincial, Sharfuddin Memon, a estimé qu'il "pourrait s'agir d'une réaction" à la mort de Ben Laden.

L'attaque est intervenue alors que les partisans de Ben Laden continuent de promettre de venger sa mort. Le chef d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) a ainsi prévenu les Etats-Unis que "le pire" était à venir, dans un message mis en ligne sur des sites islamistes et publié mercredi par le centre américain de surveillance SITE.

"Ne pensez pas que l'affaire est finie (...) Ce qui est à venir est encore pire, ce qui vous attend est plus intense et plus nocif. Vous allez vous mordre les doigts et regretter les jours du cheikh" Oussama Ben Laden, affirme le Yéménite Nasser al-Wahishi dans ce message.

Getty/AFP/Archives

Le président démocrate de la commission des Affaires étrangères du sénat américain, John Kerry, le 5 mai 2011 à Washington

Dans un texte publié par Al-Fajr Media Center, principal site de propagande d'Al-Qaïda, et cité mardi par SITE, le réseau de Ben Laden avait de son côté de nouveau appelé les musulmans à venger sa mort.

"Nous disons à tout moudjahid (combattant), s'il trouve une occasion, qu'il la saisisse. Ne consulte personne pour tuer des Américains ou détruire leur économie. La terre d'Allah est vaste et leurs intérêts sont partout, alors fais ton possible pour les frapper", dit le texte.

Alors que les tensions entre Washington et Islamabad s'enveniment depuis le raid contre la résidence de Ben Laden le 2 mai, John Kerry, président démocrate de la commission des Affaires étrangères du Sénat, a annoncé mardi qu'il se rendrait la semaine prochaine au Pakistan.

"Tous les sujets pertinents sont sur la table, et il y en a beaucoup. Il y a de sérieux problèmes, des questions sérieuses que nous devons résoudre ensemble. Et notre intérêt et le leur, je pense, sont bien servis si nous travaillons à résoudre ces difficultés", a dit le sénateur, qui fera une première étape en Afghanistan.

Le voyage de M. Kerry, qui a discuté de la situation avec des responsables de l'administration Obama, pourrait ouvrir la voie à un éventuel déplacement de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.

Nombre de responsables américains se sont ouvertement interrogés sur d'éventuelles complicités pakistanaises dont aurait bénéficié Ben Laden, retrouvé à Abbottabad, une ville de garnison à deux heures de route de la capitale pakistanaise et où il vivait apparemment depuis plusieurs années.

AFP/Archives

La dernière demeure de Ben Laden à Abboattabad, le 8 mai 2011.

Le président Barack Obama lui-même a demandé au Pakistan une enquête sur les "soutiens" dont il aurait bénéficié.

Le Premier ministre pakistanais, Yousuf Raza Gilani, tout en qualifiant "d'absurdes" les spéculations sur des complicités officielles, a annoncé une telle enquête.

Washington avait tenu secret le raid de crainte de fuites côté pakistanais, alors même que les deux pays sont officiellement alliés dans la lutte contre le terrorisme.

Selon le New York Times de mardi, le président américain avait même ordonné que le commando soit assez important pour pouvoir affronter militairement les forces pakistanaises, en cas de riposte de leur part.

Pour appaiser la méfiance, la Maison Blanche avait demandé que les Américains puissent interroger trois des épouses d'Oussama Ben Laden, aux mains des Pakistanais depuis le raid.

Mais mardi, le ministère pakistanais des Affaires étrangères a assuré "ne pas avoir reçu de requête formelle des Etats-Unis". Et un haut responsable militaire pakistanais a souligné, sous couvert d'anonymat, "qu'aucune décision n'a été prise" d'autoriser ou non l'accès aux trois femmes.

La défiance américaine risque d'être renforcée par l'initiative de trois députés pakistanais qui ont prié mardi pour Ben Laden dans l'enceinte du Parlement. "Ben Laden était une personnalité internationale et avant tout un musulman. J'ai considéré de mon devoir religieux de prier pour lui," a déclaré Maulvi Asmatullah, député indépendant à l'origine de l'initiative.

Les fils d'Oussama Ben Laden ont de leur côté dénoncé l'"exécution arbitraire" de leur père, jugeant "inacceptable" et "humiliant" de jeter son corps à la mer.

Dans un communiqué publié par le New York Times et attribué à Omar Ben Laden, l'un des fils, ils se demandent pourquoi leur père "n'a pas été arrêté et jugé par un tribunal pour que la vérité soit révélée au monde".

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