27 avril, 2011

Syrie: plus de 30 morts à Deraa en deux jours, condamnation internationale

YouTube/AFP

Capture d'écran d'une vidéo amateur YouTube montrant un char de l'armée syrienne dans les rues de Deraa, prise dans les derniers jours à une date non précisée.

Une intervention massive des troupes à Deraa, berceau de la contestation du régime en Syrie, a fait plus de 30 morts en deux jours selon des militants, suscitant une inquiétude croissante de la communauté internationale.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU tient vendredi une session spéciale sur la Syrie à la demande des Etats-Unis, alors que l'ambassadeur de Syrie en France, Lamia Shakkour, a été convoqué aux Affaires étrangères pour se voir signifier la condamnation par Paris "de l'escalade de la répression".

Sur le terrain, des tirs étaient toujours entendus mercredi par intermittence à Deraa, à 100 km au sud de Damas, a indiqué un militant des droits de l'homme Abdallah Abazid.

Au moins six personnes ont été tuées mardi en plus des 25 morts lundi après l'entrée de l'armée, appuyée par des chars et des blindés dans cette ville, pour mater la contestation qui secoue depuis le 15 mars le régime du président Bachar al-Assad.

Des troupes ont été également envoyées en renfort à Douma, dans la périphérie de Damas. Un témoin a fait état d'un déploiement "dans tous les quartiers" de membres des forces de sécurité qui "contrôlent l'identité des gens dans les rues".

Carte de Syrie où les services de sécurité sont intervenus lundi afin de mater la contestation le 25 avril 2011

Une figure de la contestation à Banias, cheikh Anas Aïrout, a quant à lui dit craindre un assaut contre cette ville du nord-ouest de la Syrie, où des milliers de personnes, selon lui, ont défilé mardi pour réclamer des réformes.

Le régime de Damas a ainsi opté pour la solution militaire pour étouffer ce mouvement de contestation sans précédent, expliquent les militants et opposants.

Mais les autorités syriennes, qui accusent depuis le début "des gangs criminels armés" d'être à l'origine du mouvement, affirment que l'armée est entrée à Deraa "à l'appel des habitants" pour en chasser "les groupes terroristes extrémistes".

Ceux-là ont "attaqué des positions militaires et coupé des routes" a affirmé l'agence officielle Sanaa, faisant état de "trois morts et 15 blessés" dans les rangs des forces de sécurité et de l'armée.

La télévision d'Etat syrienne a montré dans la nuit des images de personnes présentées comme celles de membres de deux "gangs armés" sévissant à Deraa et à Jableh (nord-ouest). Ils ont dit avoir "reçu de l'argent et des armes de groupes extrémistes afin de tuer des membres des forces de sécurité dans le but de provoquer des troubles" en Syrie, selon le journal gouvernemental Techrine.

L'Organisation syrienne des droits de l'Homme (Sawassiya) a fait état mardi d'au moins 400 personnes morts depuis le déclenchement de la contestation, et réclamé la tenue "rapide" d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU "pour faire cesser l'effusion de sang".

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a fait part de son "inquiétude croissante" concernant la répression en Syrie, en particulier l'utilisation de chars et de tirs à balles réelles par les forces armées.

Mais le Conseil de sécurité n'a pas réussi à adopter une déclaration condamnant les violences, proposée par quatre pays européens: la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et le Portugal. Il devait se réunir mercredi.

L'ambassadeur de Syrie, Bachar Jaafari, a rejeté toute idée d'enquête internationale dans son pays. "Nous regrettons ce qui se passe, mais vous devez convenir que ces troubles et ces émeutes, dans certains de leurs aspects, masquent des intentions cachées", a-t-il dit.

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