10 avril, 2011

Situation volatile à Abidjan, des civils fuient la zone du QG de Ouattara

AFP/Archives

Photo prise le 24 décembre 2010 du Golf Hôtel d'Abidjan

La situation restait volatile dimanche à Abidjan, des civils fuyant le secteur du Golf Hôtel, QG d'Alassane Ouattara, le président reconnu par la communauté internationale, attaqué la veille par les forces du président sortant Laurent Gbagbo qui appelle à la "résistance".

Une résidente du secteur a dit par téléphone à l'AFP avoir vu "entre 200 et 300 personnes fuyant le quartier" lorsqu'elle est sortie acheter du pain.

"C'était terrible, si tu as entendu ça tu ne peux rester ici," a expliqué par téléphone une autre habitante, en évoquant les affrontements de la veille. "Dès que ça c'est terminé, les gens ont commencé à faire leurs bagages, ils partent avec leurs affaires".

"Ce matin (dimanche), on a vu des véhicules 4x4 avec des hommes armés dedans qui ont commencé à rentrer dans la zone", a-t-elle ajouté sans pouvoir préciser à quel camp appartenaient ces combattants.

La même habitante a indiqué qu'"il y a seulement eu quelques tirs ce matin, peut-être des tirs de sommation".

AFP

Des soldats français de la force Licorne patrouillent dans le quartier des Deux Plateaux à Abidjan, le 9 avril 2011

Un employé du Golf Hôtel a affirmé que "la nuit a été très calme". "Le personnel qui avait été mis en sécurité, a repris le travail après 18H00 (locales et GMT), il n'y a de rien de spécial ce matin".

Samedi en fin d'après-midi, le Golf Hôtel avait été pendant une heure environ la cible de tirs aux armes lourdes et légères. C'était la première fois que l'hôtel où sont retranchés M. Ouattara et son gouvernement était directement visé depuis le début de la crise post-électorale ivoirienne, il y a plus de quatre mois.

Mais le porte-parole du président sortant Laurent Gbagbo, Ahoua Don Mello, avait vivement démenti que cette attaque ait été menée par ses forces: "C'est absolument faux. Il n'y a pas eu d'attaque du Golf", avait-il dit à l'AFP, parlant d'"attaque imaginaire".

"Le président Gbagbo appelle à la résistance contre les bombardements et les agissements de l'armée française en Côte d'Ivoire, car en définitive c'est l'armée française qui nous attaque", avait ajouté le porte-parole. "Nos troupes, avait-il poursuivi, sont en train de se reconstituer après avoir subi une attaque barbare des rebelles appuyés par l'ONU et Licorne", la force militaire française, basée à l'aéroport d'Abidjan, dans le sud de la ville.

AFP

Carte d'Abidjan situant les derniers troubles

L'ONU avait averti vendredi que les forces loyales à Laurent Gbagbo, qui refuse de reconnaître les résultats certifiés par l'ONU donnant son rival vainqueur de la présidentielle, avaient profité d'une accalmie mardi pour "renforcer leurs positions" et progresser jusqu'à un kilomètre du Golf Hôtel, défendu par des Casques bleus.

Le département d'Etat américain a également jugé samedi que "les tentatives de négociation cette semaine de la part de Laurent Gbagbo n'étaient rien d'autre qu'une ruse pour se regrouper et réarmer".

Dans un communiqué lu sur Télé Côte d'Ivoire, du camp Ouattara, son gouvernement a assuré samedi que les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI, pro-Ouattara) "continuent leur travail quartier par quartier" pour "normaliser" la situation.

Il a accusé le camp Gbagbo d'avoir "en désespoir de cause décidé de jeter dans une ultime bataille des jeunes miliciens lourdement armés, espérant que ceux-ci pourraient compromettre le processus de normalisation".

Les troupes de Laurent Gbagbo se battent avec acharnement dans les fiefs qu'elles ont conservés et où elles bénéficient d'une certaine mobilité, selon des témoignages concordants.

Les troupes d'Alassane Ouattarra essaient de sécuriser le reste de la capitale économique, dont la population au début des combats le 31 mars était évaluée à quatre millions d'habitants et qui est au bord d'une catastrophe humanitaire.

L'eau et l'électricité sont coupés dans certains quartiers, les vivres manquent, les hôpitaux sont débordés et des cadavres sont abandonnés dans les rues, alors que des quartiers entiers sont plongés dans l'anarchie et livrés aux pillages de groupes d'hommes en armes.

La force Licorne, dont les effectifs ont été portés à environ 1.650 hommes, poursuit avec difficulté sa mission de sécurisation et regroupement des étrangers. Elle ne peut accéder à certains quartiers et est régulièrement cible de tirs de combattants du camp Gbagbo.

L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch a accusé samedi les forces des deux camps adverses d'avoir commis des massacres dans l'Ouest ivoirien, zone connue pour être régulièrement le théâtre de violences ethniques, affirmant détenir de nouvelles preuves de ces atrocités déjà dénoncées par l'ONU et des ONG.

Les forces loyales à Alassane Ouattara y ont tué ou violé des centaines de personnes et brûlé des villages, fin mars, a affirmé HRW dans un rapport publié à New York.

L'ONG affirme aussi avoir des preuves d'atrocités commises par les forces de Laurent Gbagbo, dont un massacre à Bloléquin le 28 mars de plus de cent hommes, femmes et enfants originaires du nord de la Côte d'Ivoire et de pays voisins. Le 29, dix autres de même origine ont été tués à Guiglo et huit Togolais dans un village près de Blolequin, selon HRW.

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