11 avril, 2011

Pologne: Medvedev et Komorowski commémorent Katyn et le crash de Kaczynski

SMOLENSK (Russie) (AFP)

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Hommage aux victimes du crash de l'avion présidentiel le 10 avril 2011 à Varsovie

Les chefs d'Etat russe et polonais se retrouvent lundi dans l'ouest de la Russie pour commémorer, malgré une nouvelle polémique, l'accident d'avion il y un an du président Kaczynski et le massacre de 1940 à Katyn, toile de fond des relations difficiles entre les deux pays.

Dmitri Medvedev et Bronislaw Komorowski doivent d'abord se retrouver à l'aéroport Severny de Smolensk, où ont péri le 10 avril 2010 le président polonais de l'époque, le conservateur Lech Kaczynski, et 95 autres personnes dans le crash de leur avion alors qu'ils se rendaient à Katyn.

L'enquête sur l'accident du Tupolev-154 de la présidence polonaise, qui avait tenté de se poser malgré un brouillard épais, a entraîné de vives polémiques entre Varsovie et Moscou, qui exclut toute responsabilité de ses équipes au sol.

Les deux présidents doivent ensuite se rendre dans la forêt de Katyn, dans la région de Smolensk, où furent exécutés en avril 1940 plus de 4.000 officiers polonais par le NKVD (police secrète) soviétique.

AFP/Archives

La carcasse du Tupolev-154 qui s'est écrasé le 10 avril 2010 Varsovie et Moscou

Une cérémonie commune de recueillement des deux chefs d'Etat à Katyn serait une première dans l'histoire des deux pays.

La Russie a officiellement reconnu, après la chute du régime soviétique qui l'imputait aux nazis, le massacre commis sur ordre de Staline.

Une dernière polémique, survenue à la veille des cérémonies avec MM. Medvedev et Komorowski, est cependant venue rappeler combien cette question, en plus du différend sur les causes du crash de l'avion présidentiel, reste sensible.

La Pologne a demandé samedi des explications à Moscou, et convoqué l'ambassadeur russe à Varsovie, après avoir découvert que la plaque commémorative installée par les familles des victimes sur les lieux du crash avait été retirée et remplacée par les autorités russes.

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Des fleurs déposées le 10 avril 2011 sur la plaque commémorative installée sur les lieux les lieux du crash de l'avtion présidentiel polonais

La plaque initiale, en polonais, rappelait l'accident mais précisait que le président Kaczynski allait commémorer le "crime de génocide soviétique perpétré dans la forêt de Katyn sur des prisonniers de guerre, officiers de l'armée polonaise". La nouvelle plaque installée par les autorités russes, en russe et polonais, rend hommage aux 96 victimes de l'accident d'avion dont le président Kaczynski, sans mentionner qu'ils se rendaient à Katyn.

Le ministère russe des Affaires étrangères a fait part de son "étonnement" à propos de cette nouvelle polémique, affirmant avoir averti Varsovie que la plaque commémorative en polonais devait être remplacée par une plaque officielle bilingue.

La controverse a jeté une ombre sur les commémorations, relançant les accusations du côté polonais lors des commémorations de Varsovie.

Selon le quotidien Kommersant, des manifestants ont scandé samedi devant l'ambassade de Russie à Varsovie des slogans hostiles au président Komorowski et à Vladimir Poutine, qualifié d'"assassin", et ont brûlé un mannequin à l'effigie du Premier ministre russe, ex-président et ancien agent du KGB, l'héritier du NKVD soviétique.

Dans un communiqué concernant les commémorations russo-polonaises de lundi, le Kremlin a souligné que Moscou et Varsovie devaient dépasser leur différend historique pour ouvrir une nouvelle page de leurs relations.

Mais les formules utilisées par Moscou, qui évoque notamment des "pages controversées" de l'histoire commune en parlant de Katyn, témoignent du refus de la Russie de reprendre les qualifications polonaises concernant ces massacres.

Le président russe Dmitri Medvedev a ordonné en 2010 la publication des archives sur Katyn, un épisode dans lequel le président soviétique Mikhaïl Gorbatchev avait le premier reconnu la responsabilité de Moscou.

Le Parti communiste russe (opposition) continue cependant de réfuter la responsabilité soviétique dans les massacres d'un total de 22.000 officiers polonais à Katyn, à Mednoïe (Russie), ainsi qu'à Kharkiv (Ukraine).

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