08 avril, 2011

Négociations de la dernière chance pour éviter la paralysie à Washington

WASHINGTON (AFP)

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Barack Obama et son vice-président Joe Biden à Washington le 7 avril 2011

Des négociations de dernière minute se tenaient vendredi à Washington pour tenter de trouver un accord entre républicains et démocrates sur les dépenses de l'Etat, et éviter ainsi la fermeture des services fédéraux vendredi à minuit (04H00 GMT samedi).

Après plusieurs réunions de négociations à la Maison Blanche, le président Barack Obama, le chef de la majorité démocrate Harry Reid et le président républicain de la Chambre des représentants John Boehner, se sont séparés une nouvelle fois jeudi soir sans résultat. Les négociations ont continué entre les conseillers des deux bords pendant une grande partie de la nuit.

Mais vendredi matin, l'impasse demeurait et aucun accord n'était encore conclu quant à un budget couvrant la fin de l'exercice 2011, jusqu'au 30 septembre.

Signe de la gravité de la situation, la Maison Blanche a annoncé jeudi soir que le président Obama annulait un voyage prévu vendredi dans l'Indiana (nord).

Faute de loi de finance pour le solde de l'exercice, les services non essentiels de l'administration seront paralysés à partir de vendredi à minuit (samedi 04H00 GMT), synonyme d'une suspension de 800.000 employés fédéraux. Les touristes seront refoulés aux portes des parcs nationaux, les visas ne seront pas délivrés et les feuilles d'impôt pas traitées.

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Le chef démocrate de la majorité au Sénat, Harry Reid (au micro) et le président de la Chambre, John Boehner, à Washington le 7 avril 2011

Vendredi matin, "le président a parlé séparément" à MM. Boehner et Reid, a indiqué dans un communiqué le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney. "Les discussions entre les leaders et la Maison Blanche continuent afin de parvenir à un accord sur le budget", a ajouté M. Carney.

Selon les démocrates, le seul obstacle qui empêche désormais la conclusion d'un accord entre les deux parties est une mesure controversée introduite par les républicains dans le projet de loi de finances supprimant des fonds pour le planning familial, l'avortement, la santé des femmes.

"Je suis inquiet et contrarié que cette administration puisse fermer à cause de mesures de protection sociale que l'on veut retirer", a dit M. Reid, ajoutant que les démocrates ne l'accepteraient pas.

Devant le Sénat, M. Reid a accusé les ultra-conservateurs du "tea party" d'être responsables de la situation en raison de la pression qu'ils exercent sur les dirigeants républicains. "Le tea party (...) essaie de mettre en avant son programme social extrême, des questions qui n'ont rien à voir avec le financement du gouvernement", a-t-il dit.

Toutefois, il a affirmé qu'il avait "espoir" de parvenir à un accord dans la journée.

De son côté, le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, a estimé vendredi dans une brève allocution: "nous sommes proches d'un accord sur les mesures politiques". M. Boehner n'en a pas dit plus sur les mesures "idéologiques" dénoncées par les démocrates, des texte législatifs purement politiques appelés "riders".

En revanche, il a insisté sur la nécessité selon lui de procéder à de "réelles réductions budgétaires". "Il n'y a qu'une raison pour laquelle nous n'avons pas encore d'accord, c'est la question des dépenses", a-t-il dit.

"Un projet de loi qui ne prend pas en compte de réelles réductions budgétaires aura un impact sur la croissance de l'emploi", a-t-il averti.

A l'inverse, M. Reid a annoncé qu'un accord était intervenu sur un chiffre concernant les réductions budgétaires pour 2011, soit 38 milliards de dollars par rapport au niveau de dépenses actuel. Initialement, les républicains souhaitaient 61 milliards de dollars de réductions budgétaires, et les démocrates en avaient consenti 33.

bur-emp/cel

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Le dôme du Capitole à Washington le 6 avril 2011

Un gel de l'administration américaine pour cause de bras de fer budgétaire pourrait mettre à mal la croissance économique des Etats-Unis si la paralysie se prolongeait plus de trois semaines, estiment les économistes interrogés jeudi.

Une fermeture de quelques jours ne devrait pas affecter à long terme l'économie américaine tempère Gus Faucher, spécialiste en macroéconomie chez Moody's Analytics. "Si cela dure quelques jours, une semaine ou moins, je pense qu'il n'y aura guère d'effets sur l'économie", a-t-il indiqué.

Mais trois semaines de chômage technique, comme cela est arrivé fin 1995 début 1996, impliquerait que près de 800.000 employés ne soient pas payés, ce qui correspond à environ 2 milliards de dollars par semaine, entraînant autant de réductions dans les dépenses des ménages.

Selon Nomura Securities, le gel administratif de 1995 intervenu sous le président Bill Clinton avait réduit la croissance trimestrielle du PIB de 0,09 à 0,17 point de pourcentage par semaine de fermeture des services gouvernementaux.

C'est dans la capitale fédérale, à Washington, qui emploie le plus de fonctionnaires fédéraux, que les conséquences d'un gel seront les plus visibles. Quelque 13,7% des travailleurs de la région sont employés par le gouvernement fédéral, contre 2% au niveau national.

Les milliers de sous-traitants risquent également d'encaisser le choc comme dans la banlieue de Washington, où le comté de Fairfax est celui qui reçoit le plus de contrats gouvernementaux, notamment militaires et de sécurité.

"De façon générale, on est parvenu à éviter la grande récession grâce au soutien des contrats du gouvernement", a reconnu un responsable du comté, Pat Herrity. "Mais cela pourrait changer (...). je connais des entreprises qui ont suspendu leurs embauches", a-t-il ajouté.

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