22 avril, 2011

Libye: à Benghazi, John McCain appelle à reconnaître et à armer le CNT

AFP

John Mc Cain à Benghazi, devant le drapeau des rebelles, le 22 avril 2011

Le sénateur américain John McCain, en visite vendredi dans le bastion rebelle libyen de Benghazi, a appelé le monde à reconnaître et à armer le Conseil national de transition (CNT), au lendemain de l'annonce par Washington de l'envoi de drones armés au-dessus de la Libye.

Arrivé dans la matinée, M. McCain s'est entretenu avec les responsables de la rébellion, avant d'appeler "la communauté internationale à reconnaître le Conseil national de transition comme la voix légitime du peuple libyen".

"Ils ont gagné ce droit", a insisté le sénateur, rival de Barack Obama à la présidence en 2008. La France, le Qatar, l'Italie et depuis vendredi la Gambie sont pour l'instant les seuls pays à avoir reconnu le CNT comme interlocuteur principal en Libye.

Dans les rues de Benghazi, des centaines de personnes ont salué la visite de M. McCain, la plus haute personnalité américaine à se rendre en Libye depuis le début du soulèvement populaire mi-février.

AFP

Un drapeau américain est déployé par des rebelles libyens à Benghazi, lors de la prière du Vendredi, le 22 avril 2011

Le sénateur américain a aussi plaidé pour l'envoi d'armes à la rébellion. "Ils ont besoin d'armes et d'entraînement", a-t-il insisté. "Cela ne va pas arriver", a sèchement répliqué peu après le plus haut gradé américain, l'amiral Michael Mullen lors d'une conférence de presse à Bagdad.

M. McCain a voulu dissiper la crainte d'un péril islamiste en Libye. "J'ai rencontré ces grands combattants. Ce ne sont pas des gens d'Al-Qaïda. Au contraire, ce sont des patriotes libyens", a-t-il assuré. Pour lui, Benghazi est "un exemple puissant et plein d'espoir de ce que peut être une Libye libre".

Le sénateur américain, tout comme le président français Nicolas Sarkozy, se sont déclarés favorables à ce que les avoirs libyens gelés à l'étranger soient mis à la disposition du CNT. M. Sarkozy a également donné son "accord de principe" pour une visite à Benghazi, sans préciser de date.

Partisan farouche de l'intervention militaire internationale en Libye, M. McCain a réclamé une intensification des raids de l'Otan.

Dans cette optique, Washington a annoncé jeudi l'envoi de drones armés.

"Il s'agit d'un avion spécialisé qui peut être utilisé dans des zones urbaines (...) Nous espérons que cela puisse mettre fin au siège de Misrata", ville rebelle assiégée et bombardée depuis des semaines à 200 km à l'est de Tripoli, a déclaré Moustapha al-Guerriani, un porte-parole du CNT.

AFP

Des rebelels au passage de la voiture de John McCain le 22 avril 2011 à Benghazi

"Les drones ont frappé avec succès les forces de Kadhafi", a déjà assuré un combattant rebelle revenant du front Est, entre Ajdabiya, à 160 km au sud de Benghazi, et le site pétrolier de Brega, 80 km plus à l'ouest.

"Ils tueront encore plus de civils", a cependant dénoncé le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaim.

L'amiral Mullen a reconnu que la situation ressemblait "beaucoup à une impasse dans les environs d'Ajdabiya et de Brega", où les parties campent sur leurs positions, mais fait valoir qu'entre 30 et 40% des forces libyennes" avaient été endommagées.

En plein désert, les pro-Kadhafi ont attaqué dans la semaine une station de pompage dans un important site pétrolier à 250 km au sud de Tobrouk, tuant huit gardes, a affirmé vendredi un responsable de l'Arabian Gulf Oil Company (Agoco), un groupe pétrolier proche de la rébellion.

AFP

Une bougie allumée à côté d'appareils photo lors d'une cérémonie en hommage Tim Hetherington et Chris Hondros le 21 avril 2011 à Benghazi

Dans la zone montagneuse au sud-ouest de Tripoli, où des combats ont fait des dizaines de morts depuis une semaine, les rebelles ont pris le contrôle jeudi matin de l'un des principaux postes-frontière avec la Tunisie.

Ces deux dernières semaines, 15.000 Libyens avaient fui vers la Tunisie dans cette zone, et le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) redoute que ce ne soit que le début d'un exode "nettement plus important".

Selon le HCR et l'Organisation internationale des migrations (OIM), plus de 550.000 personnes ont déjà fui les combats en Libye, et le flux ne tarit pas.

Un nouveau ferry affrété par l'OIM, le Red Star One, a quitté vendredi Benghazi pour Misrata, avec à son bord 160 tonnes d'aide humanitaire (nourriture, matériel médical, tentes et matelas), pour soutenir les habitants de Misrata et poursuivre l'évacuation des réfugiés bloqués dans la ville assiégée. L'OIM a déjà évacué plus de 3.100 réfugiés de 21 nationalités de Misrata.

Selon la Croix Rouge, la situation humanitaire se dégrade à Misrata. L'hôpital principal est débordé, et la coupure du principal conduit d'alimentation en eau oblige les habitants à se tourner vers les puits et vers l'usine de désalinisation construite pour l'industrie.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, un ferry affrété par l'OIM a rapporté à Benghazi les corps de Tim Hetherington et Chris Hondros, deux photographes tués mercredi à Misrata. Une trentaine de journalistes, diplomates, représentants d'ONG et de la rébellion ont participé à une cérémonie en leur hommage.

La France, l'Italie et le Royaume-Uni ont annoncé cette semaine l'envoi de conseillers militaires auprès des rebelles. Quelques officiers français effectuent déjà une mission pour conseiller le CNT, Rome va envoyer dix instructeurs à Benghazi et Londres "moins de 20 militaires".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire