27 avril, 2011

Le Nobel Elie Wiesel appelle à aider les habitants du camp d'Achraf

PARIS - Le prix Nobel de la paix Elie Wiesel a dénoncé mercredi la tragédie d'Achraf, un camp occupé par les Moudjahidine du peuple iraniens récemment attaqué par l'armée irakienne, s'engageant à faire tout ce qu'il pourrait pour aider ces opposants iraniens.

L'écrivain américain participait à une conférence organisée à Port-Marly, près de Paris, par le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI, dont les Moudjahidine sont la principale composante) destinée à briser le silence autour d'Achraf, en présence notamment des généraux américains James Jones et Wesley Clark, et l'ex-otage franco-colombienne Ingrid Betancourt.

J'ai fait un voeu après la guerre: que toujours, partout où un être humain serait persécuté, je ne demeurerai pas silencieux, a déclaré Elie Wiesel, lui-même rescapé des camps nazis.

Je ne compare pas les tragédies, certainement pas celle de la Deuxième Guerre mondiale, mais Achraf est une tragédie, a-t-il martelé, s'étonnant de n'avoir appris que récemment l'existence du camp d'Achraf.

Le camp d'Achraf, situé à 80 km au nord de Bagdad, abrite quelque 3.500 Moudjahidine du peuple, farouches opposants au régime iranien. Le 8 avril, une attaque de l'armée irakienne dans le camp y a fait 34 morts et des dizaines de blessés.

Le camp a été alloué dans les années 80 par Saddam Hussein aux Moudjahidine du Peuple, qui avaient combattu le régime iranien pendant la guerre Iran-Irak.

Ces opposants ont été désarmés en 2003 par les forces américaines, à la chute du président irakien. Les Etats-Unis ont transféré début 2009 le contrôle du camp aux forces de sécurité irakiennes, dont les responsables entretiennent de très bonnes relations avec Téhéran.

Elie Wiesel a interpellé le général James Jones, conseiller pour la sécurité nationale du président américain Barack Obama jusqu'en 2010: Général Jones, saviez-vous pour Achraf ? Vous auriez dû.

Je vous promets que maintenant que je sais, je ferai ce que je peux pour aider ces gens. Cela ne peut pas continuer, a conclu le prix Nobel de la paix, tandis que des centaines de partisans de Moudjahidine scandaient merci dans la salle de conférence comble.

De son côté, le général Jones avait auparavant dénoncé une attaque clairement organisée et planifiée par les gouvernement irakien. Il a appelé les Etats-Unis à réviser leur politique en retirant les Moudjahidine de la liste des organisations terrorristes (ce qu'a déjà fait l'UE en 2009) et à faire en sorte qu'une telle attaque contre Achraf ne se reproduise jamais.

La présidente du CNRI, Maryam Radjavi, a une nouvelle fois dénoncé l'attaque contre Achraf comme un crime contre l'humanité dont le premier ministre irakien Nouri Al-Maliki devra répondre devant un tribunal international.

Elle a rappelé que les forces irakiennes occupaient toujours une partie du camp, empêchant l'enterrement des victimes depuis 20 jours, appelant le Représentant spécial de l'ONU en Irak à se rendre de toute urgence à Achraf pour s'assurer de la protection des civils.

Mme Radjavi a une nouvelle fois exigé le départ des troupes irakiennes, la levée du siège contre Achraf, en particulier le blocus médical qui prive les nombreux blessés de soins.


(©AFP /

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