05 avril, 2011

Laïcité: Guéant attise la polémique, Copé présente "26 propositions"

AFP
Claude Guéant le 31 mars 2011 à Paris
Claude Guéant le 31 mars 2011 à Paris Patrick Kovarik AFP/Archives

A la veille de son débat controversé sur la laïcité le patron de l'UMP Jean-François Copé a dévoilé lundi "26 propositions" avant que Claude Guéant ne suscite une nouvelle polémique en déclarant que l'augmentation du nombre de fidèles musulmans posait "problème".

En 1905, l'année de la loi sur la séparation des Eglises et de l'Etat, "il y avait très peu de musulmans en France", a déclaré le ministre de l'Intérieur en marge d'un déplacement à Nantes (Loire-Atlantique).

Et d'ajouter: "aujourd'hui, on estime qu'il y a à peu près 5 ou 6 millions de musulmans en France" et "c'est vrai que l'accroissement du nombre des fidèles de cette religion, un certain nombre de comportements, posent problème".

"Je dirais tout simplement qu'il n'y a aucune raison pour que la République accorde à une religion particulière plus de droits qu'elle n'en a accordés en 1905 à des religions qui étaient anciennement ancrées dans notre pays", a ajouté Claude Guéant, en indiquant qu'"il est clair que les prières dans les rues choquent un certain nombre de concitoyens."

Ces propos qualifiés "d'irresponsables" par le Conseil régional du culte musulman d'Ile-de-France/Centre (CRCM) ont soulevé un tollé à gauche. Harlem Désir, numéro deux du PS, a dénoncé les "guéanteries contre la République". Pour le député écologiste Noël Mamère, Claude Guéant parle "le Le Pen comme M. Jourdain faisait de la prose", tandis qu'Eva Joly (Europe Ecologie-Les Verts) accuse la droite de mener "une campagne islamophobe".

SOS-Racisme va porter plainte contre le ministre de l'Intérieur, a annoncé lundi soir à l'AFP le président de l'association Dominique Sopo. Une décision "irrévocable", a dit M. Sopo, qui a fustigé des "propos qui stigmatisent une population en raison de son origine".

Avant cette nouvelle controverse, le patron de l'UMP Jean-François Copé avait dévoilé les "26 propositions" de son parti, lesquelles "ne visent en aucun cas à remettre en cause la loi de 1905". Certaines sont "d'application rapide" et d'autres "par voie législative" après 2012.

Sur l'épineuse question des prières de rue, M. Copé a précisé que Claude Guéant a souhaité annoncer lui-même "dans les prochains jours" "un certain nombre de dispositions (...) immédiates".

L'une des propositions phares de l'UMP vise à "plus de transparence financière" en contraignant par la loi les fonds étrangers à "transiter par une fondation nationale pour la construction des lieux de culte", chaque culte créant "sa propre fondation", une idée de l'ex-premier ministre Dominique de Villepin. Idem pour la collecte des fidèles qui se fera par "le biais d'une association".

L'UMP propose de faciliter l'achat de terrains et édifices religieux en assortissant les baux emphytéotiques (jusqu'à 99 ans) d'une "option d'achat" et en développant le "recours aux garanties d'emprunt" données par les collectivités locales.

Le parti a aussi repris l'idée de François Baroin d'"un recueil exhaustif" des textes (lois, règlements et circulaires) et jurisprudences, d'ici fin juin, qui pourrait "après 2012" être complété par voie législative par un "code de la laïcité et de la liberté religieuse".

L'UMP propose de légiférer pour interdire de récuser un agent du service public, par exemple un médecin hospitalier et dans les entreprises "d'intégrer au règlement intérieur" un encadrement du "port de tenues et signes religieux" et des pratiques religieuses (prière, restauration collective ...).

Enfin, l'UMP veut "encourager les maires à développer les carrés confessionnels" dans les cimetières.

A court terme, une résolution parlementaire déposée en mai ou juin pour un vote "avant l'été", réaffirmera "l'attachement aux principes républicains et spécialement à ceux de laïcité et de liberté de conscience".

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