26 avril, 2011

La protestation enfle au Maroc

Les appels au changement grandissent au Maroc alors que les citoyens réclament l'élargissement des libertés et de mettre un terme à la corruption.

Par Naoufel Cherkaoui et Siham Ali pour Magharebia à Rabat – 26/04/11

[Naoufel Cherkaoui] Les membres du Mouvement de la Jeunesse du 20 février se rassemblent en faveur de la réforme.

Le dimanche 24 avril, les Marocains sont descendus dans les rues de plusieurs grandes villes pour la troisième manifestation majeure organisée à l'appel du Mouvement de la Jeunesse du 20 février.

Des mouvements de protestation qui se sont tenus à Rabat, Tanger, Marrakech, Tetouan, Oujda, Laâyoune et dans d'autres municipalités marocaines ont attiré au moins 27 000 personnes. Certains rapports estiment pour leur part le nombre de manifestants à 50 000.

Selon Najib Chaouki, organisateur de la marche à Rabat, ces rassemblements ont été décidés parce que les doléances formulées par le Mouvement de la Jeunesse "n'ont pas été entièrement satisfaites".

"L'Etat répond à ces revendications petit à petit, et nous considérons qu'il s'agit là d'une tentative de l'Etat de contourner la volonté exprimée par ce mouvement des jeunes", dit-il.

Les manifestants ont scandé des slogans anti-corruption et ils ont appelé au changement de personnalités influentes qui auraient amassé une richesse indue lorsqu'ils étaient au service du gouvernement.

"Le discours royal prononcé le 9 mars ne traite qu'une partie de nos requêtes", ajoute Chaouki. "Et nous continuerons donc nos mouvements pacifiques de protestation, tels que nous les avons conduits jusqu'à aujourd'hui, et ce jusqu'à ce que toutes nos revendications, celles que nous avons exprimé depuis le début de notre mouvement, soient satisfaites".

Ces doléances comprennent des réformes économiques, sociales et politiques. Les manifestants ont par ailleurs plus spécifiquement réclamé l'indépendance de la justice, l'abrogation de la loi anti-terroriste, la libération des prisonniers ainsi qu'une constitution démocratique.

Dans la capitale, les organisateurs ont fait le choix de défiler à travers l'un des quartiers les plus défavorisés afin d'attirer l'attention sur la souffrance subie dans le pays.

"Cette marche aujourd'hui est la confirmation que le Mouvement entretient un lien fort avec la population, dans ces quartiers populaires qui doivent affronter des problèmes économiques et sociaux," annonce Kamal Leghmam, membre du Mouvement pour la Jeunesse du 20 février.

"L'expérience a démontré qu'il ne faut pas avoir peur des quartiers populaires car les gens sont conscients de l'importance des demandes pacifiques de leurs droits", signale Amina El Ghalbi.

A son tour, Rim Ben Brahim, qui appartient également au Mouvement de la Jeunesse, explique à Magharebia que "le Gouvernement n'a pas répondu à nos requêtes. Et nous continuerons donc notre lutte, jusqu'à ce que chacune d'elles ait été satisfaite".

"J'espère que cette mobilité se transformera en une réforme politique profonde et en une constitution démocratique," dit Mustafa Ramid, dirigeant du parti de la justice et du Développement, qui a lui-même participé à la manifestation.

Nombreux sont les citoyens qui ont été déçus par les récentes réformes offertes par le Maroc. Abdelhamid Amine, vice-président de l'association marocaine des droits de l'Homme, indique que les demandes sont nombreuses et ne concernent pas uniquement les réformes constitutionnelles : "Jusqu'à présent, la réponse s'avère insuffisante", note-t-il.

"Nous voulons un Maroc nouveau", s'exclame Hamid Brahmi, étudiant . "Nous avons des doutes quant à la véritable volonté de changer complètement la constitution. Nous craignons que les signaux soient juste des tentatives pour calmer temporairement la situation."

La fermeture du centre de détention de Témara figure également parmi les demandes des manifestants. Des témoignages diffusés ces derniers jours dénoncent des pratiques de torture effectuées entre ses murs. Mais lorsque le Ministre de l'Intérieur a été interrogé sur cette affaire, il a démenti toute activité illégale au sein de la prison.

"Tous les centres de détention au Maroc sont régis par la loi marocaine qui interdit l’enlèvement, la séquestration et la torture. Toute victime a le droit de porter plainte auprès des instances compétentes.", a déclaré, le 20 avril, Taieb Cherkaoui.

L'artiste comique Ahmed Snoussi, connu aussi sous le sobriquet de "Bziz", affirme soutenir "le combat du peuple en faveur de l'obtention de sa liberté et de sa dignité."

"La bonne nouvelle, si longtemps attendue, du printemps de démocratie va enfin arriver,c'est indubitable", dit-il.

Ce contenu a été réalisé sous requête de Magharebia.com.

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