14 avril, 2011

Israël: Lieberman rattrapé par les affaires, le gouvernement pas menacé

AFP/Archives

Avigdor Lieberman, le 4 avril 2011 à Jérusalem

Le populiste ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, allié incontournable de Benjamin Netanyahu, est rattrapé par les affaires, mais le gouvernement n'est pas immédiatement menacé, en raison des délais de la justice, selon les commentateurs politiques.

Après une décennie d'enquête, le procureur général a annoncé mercredi qu'il avait l'intention de poursuivre M. Lieberman, le responsable israélien le plus controversé, chef d'Israël Beiteinou, pivot de la coalition au pouvoir, pour "blanchiment d'argent, subornation de témoins, abus de confiance et fraudes", des chefs d'inculpation passibles de plus de dix ans de prison.

Le procureur Yéhuda Weinstein a toutefois refusé de suivre les recommandations de la police et d'inculper M. Lieberman de corruption.

Le chef de la diplomatie va en outre disposer d'un répit. Il pourra présenter sa défense lors d'une audience, avant que le procureur général ne décide de son éventuelle inculpation officielle. Toute cette procédure pourrait durer un an, selon les experts juridiques.

En attendant, M. Lieberman qui a annoncé son intention de rester en place continue à proclamer son innocence en se présentant comme une victime de "l'establishment".

Selon un sondage publié par le quotidien Haaretz, cette thèse est en grande partie partagée par l'opinion publique: 38% des Israéliens pensent que les menaces d'inculpation sont justifiées, tandis que le même pourcentage estiment que cette décision résulte d'une "persécution politique".

"Nous allons continuer sur la voie que nous avons empruntée au sein du gouvernement comme s'il n'y avait pas eu de décision" du procureur général a assuré jeudi le ministre des Infrastructures Uzi Landau, membre d'Israël Beiteinou.

M. Lieberman, sur le ton de la boutade, a lui-même assuré mercredi aux journalistes: "C'est le paradis, tout va bien". "Nous ne devons laisser croire que le gouvernement peut être renversé et remplacé par une autre majorité. Cette coalition est stable et responsable", avait-il affirmé.

Sans les 15 députés (sur 120) d'Israël Beiteinou, M. Netanyahu perdrait sa majorité.

Les commentateurs soulignent que pour le moment le gouvernement n'est pas menacé. "En l'absence d'une inculpation de corruption, qui était au coeur du dossier, tout cela ressemble à une histoire à laquelle Lieberman va survivre, de même que le gouvernement et l'establishment politique", estime Sima Kadmon dans le quotidien Yédiot Aharonot.

Benjamin Netanyahu "peut rester calme pour le moment", estime aussi Maya Bengal dans le quotidien Maariv. Arnon Abramovitch, commentateur politique de la deuxième chaîne de télévision privée, se montre plus prudent.

"Benjamin Netanyahu n'a cessé d'affirmer que Lieberman était son allié naturel, le problème c'est la nature de cet allié qui est imprévisible. Netanyahu est en fait otage de Lieberman", a-t-il ajouté.

Au fil des ans, Avigdor Lieberman connu pour ses excès de langage, s'est taillé une réputation d'"homme fort" prêt à déchoir de leur nationalité les membres de la minorité arabe qui ne prêteraient pas allégeance à Israël, ce qui lui a valu d'être dénoncé comme "fasciste" et "dangereux" par ses détracteurs de gauche.

Israël Beiteinou, qui a le vent en poupe dans les sondages, s'est également trouvé un autre cheval de bataille ces derniers mois en présentant une série de propositions de loi visant des ONG israéliennes de défense des droits de l'Homme, accusées de faire le jeu des Palestiniens et d'être financées par des organisations ou des pays étrangers "hostiles".

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