04 avril, 2011

Côte d'Ivoire: offensive "rapide" promise sur Abidjan, les étrangers fuient

AFP

Des troupes fidèles à Alassane Ouattara, le 1er avril 2011 à Abidjan

Le camp d'Alassane Ouattara promet une "offensive rapide" pour réduire les bastions de Laurent Gbagbo à Abidjan, alors que Paris veut entamer le "regroupement sans délai" des Français vivant dans la métropole ivoirienne livrée au chaos, pour une éventuelle évacuation.

Le secrétaire général adjoint de l'ONU chargé des droits de l'homme, Ivan Simonovic, est à Abidjan pour "évaluer la situation générale" après le massacre dans l'ouest de la Côte d'Ivoire de plusieurs centaines de personnes, dont sont notamment accusées les troupes pro-Ouattara.

Comme dimanche, seuls quelques tirs sporadiques d'arme lourde étaient entendus lundi matin dans la capitale économique, théâtre de combats et de pillages depuis jeudi soir.

Dans le quartier du Plateau (centre) où se trouve le palais présidentiel, quelques tirs étaient entendus au loin. Des jeunes femmes et enfants se hasardaient dans les rues désertes pour aller chercher de l'eau, plusieurs secteurs subissant des coupures, a constaté l'AFP.

AFP/ECPAD

Des ressortissants étrangers regroupés le 3 avril 2011 au camp militaire français de Port-Bouët

La bataille d'Abidjan s'enlisait mais Guillaume Soro, Premier ministre de M. Ouattara, président reconnu par la communauté internationale, a affirmé que la situation était "désormais mûre" pour une offensive "rapide".

"La stratégie était d'encercler la ville d'Abidjan. Nous avons envoyé des soldats à l'intérieur de la ville pour faire du harcèlement des troupes pro-Gbagbo, des miliciens et mercenaires", a-t-il indiqué dimanche soir sur la télévision du camp Ouattara, la TCI.

Cette annonce d'une offensive "rapide" intervient alors que le président français Nicolas Sarkozy a décidé dimanche "le regroupement sans délai de tous les ressortissants français d'Abidjan" afin "d'assurer leur protection", avant un éventuel rapatriement.

Le Quai d'Orsay évalue à 12.200 le nombre de Français actuellement en Côte d'Ivoire, dont 11.800 à Abidjan. Quelque 7.300 ont la double nationalité.

AFP

Carte de Côte d'Ivoire et plan d'Abidjan situant les combats et les positions conquises par les forces pro-Ouattara (situation dimanche 03/04 à 12h30 GMT) (90x170 mm)

Redoutant pour leur sécurité, 167 étrangers, dont des Français et des Libanais, ont déjà quitté dimanche Abidjan pour Dakar et Lomé.

Repliées sur leurs derniers bastions, les troupes du président sortant Laurent Gbagbo opposent une résistance farouche, disposant notamment de véhicules blindés et d'artillerie lourde.

Sur la télévision d'Etat RTI, des appels à la mobilisation sont lancés chaque jour. Les "jeunes patriotes", fervents partisans de M. Gbagbo, sont appelés à former des "boucliers humains" autour de la résidence et du palais présidentiel.

Le leader des "patriotes", Charles Blé Goudé, est réapparu dimanche soir sur la RTI après plusieurs jours d'absence ayant alimenté des rumeurs sur son départ.

"Non, je ne suis pas un fuyard, Charles Blé Goudé est bel et bien là où il doit être. Car l'assaut final annoncé par les rebelles et qui n'a jamais eu lieu, cet assaut final viendra de l'armée de la Côte d'Ivoire", a-t-il affirmé, filmé dans une petite pièce sombre.

M. Gbagbo qui refuse toujours de démissionner ou de s'exiler, a marqué un point dimanche: le chef d'état-major de son armée, le général Philippe Mangou, a quitté la résidence de l'ambassadrice sud-africaine à Abidjan où il s'était réfugié mercredi avec sa famille. Le général dont la défection avait frappé les esprits, a ensuite rencontré M. Gbagbo à sa résidence, selon le porte-parole du gouvernement Gbagbo.

AFP/Archives

Des miliciens d'Alassane Ouattara le 1er avril 2011 à Abidjan

Le camp Ouattara n'a pas tardé à dénoncer "chantage et pressions" sur le haut gradé.

Sur la question des violations des droits de l'homme, la région très troublée de l'Ouest suscitait toujours de grandes inquiétudes.

A son arrivée dimanche, le secrétaire général adjoint de l'ONU "a exprimé sa vive préoccupation par rapport à la détérioration de la situation des droits de l'homme entachée de massacres à l'Ouest et de nombreuses exactions contre les populations civiles".

Selon l'ONU et plusieurs organisations internationales, la prise mardi 29 mars par les combattants d'Alassane Ouattara de Duékoué, important carrefour de l'Ouest ivoirien, s'est accompagnée de massacres à grande échelle, les bilans allant de 330 tués à un millier de "morts ou disparus".

Selon l'ONU, "la plupart" des 330 morts de Duékoué ont été victimes de combattants de M. Ouattara, les autres essentiellement de miliciens et mercenaires libériens pro-Gbagbo.

Le camp Ouattara a vivement contesté ces "allégations", affirmant que tous les tués étaient des "miliciens". Les Forces républicaines de M. Ouattara ont annoncé avoir "compté" 152 corps à Duékoué et non des centaines.

Ally Coulibaly, ambassadeur de Côte d'Ivoire en France nommé par M. Ouattara, a estimé lundi que la Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) était aux "abonnés absents" lors des massacres dans l'Ouest.

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