11 avril, 2011

Côte d'Ivoire: les pro-Ouattara repassent à l'offensive autour des bastions Gbagbo

ABIDJAN (AFP)

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Incendie sur la base navale contrôlée par les forces de Gbagbo le 10 avril 2001 à Abidjan

Les forces d'Alassane Ouattara ont tenté lundi matin de repasser à l'offensive contre les bastions de son rival Laurent Gbagbo à Abidjan après des frappes massives de la France et de l'ONU vers des positions du président ivoirien sortant.

Des combats au sol, à l'arme lourde et légère, ont opposé pendant une heure et demi les forces de M. Ouattara, reconnu président par la communauté internationale, dans le quartier de la résidence de M. Gbagbo, a rapporté à l'AFP un habitant.

"Ca tire à l'arme lourde et on entend des rafales d'arme automatique", a-t-il déclaré vers 06H30. "Ca s'est terminé vers 08H00 (locales et GMT)", a-t-il ensuite ajouté.

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Carte d'Abidjan situant les combats (situation dimanche 10/04 à 18h00 GMT)

Selon cet habitant, les combats n'avaient pas lieu dans les environs immédiats de la résidence, mais dans une zone comprise entre la télévision d'Etat RTI et l'Ecole de gendarmerie, deux autres fiefs du chef de l'Etat sortant, également situés dans le quartier de Cocody, dans le nord de la métropole.

De fortes détonations ont aussi été signalées par plusieurs habitants dans le quartier du Plateau (centre), qui abrite le palais présidentiel. "On est enfermés", a déclaré une résidente.

De dimanche peu avant 17H00 jusqu'au coeur de la nuit, la mission onusienne Onuci et la force française Licorne ont tiré des missiles vers ces deux sites, alors que M. Gbagbo, retranché dans sa résidence, refuse toujours de se rendre.

Le camp Gbagbo, dont les forces avaient réussi ces derniers jours à regagner du terrain à Abidjan, a accusé la France, ancienne puissance coloniale, de n'avoir pas d'autre objectif que d'"assassiner" le président sortant.

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Des soldats de la force française Licorne Abidjan le 9 avril 2011

Le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a répondu lundi que la participation de la France aux frappes était destinée à "essayer de faire en sorte que nous ne nous retrouvions pas confrontés à un bain de sang à Abidjan".

"La France n'a pas pour mission de chasser Laurent Gbagbo militairement", a déclaré M. Guaino sur la chaine de télévision France 2.

L'ONU a expliqué de son coté qu'il s'agissait de "neutraliser les armes lourdes" du camp Gbagbo pour protéger les civils, alors que les combattants d'Alassane Ouattara n'ont pas réussi depuis une dizaine de jours à réduire ces bastions du camp adverse.

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Soldats pro-Ouattara le 9 avril 2011 à Abidjan

Lundi matin, Paris a justifié les tirs en disant être intervenu à la demande expresse de l'ONU.

"Conformément à la résolution 1975 et en accord avec le président Ouattara, le secrétaire général des Nations unies (Ban Ki-moon) a demandé au président de la République (Nicolas Sarkozy) la poursuite de la participation des forces françaises aux opérations menées par l'Onuci pour neutraliser les armes lourdes utilisées contre la population civile", indique un communiqué de la présidence.

"Au cours des derniers jours, la population civile, le personnel de l'ONU et les missions diplomatiques étrangères ont continué à être la cible d'attaques à l'arme lourde et d'exactions dans plusieurs quartiers de l'agglomération d'Abidjan. La situation humanitaire dans ces quartiers est alarmante", a fait valoir la présidence.

Elle cite notamment l'"attaque directe des forces de M. Laurent Gbagbo" contre l'Hôtel du Golf, abritant le président Ouattara, qui est placé sous la protection de l'ONU.

Les combats ont mis Abidjan, capitale économique dont la population est évaluée à quatre millions d'habitants, au bord d'une catastrophe humanitaire.

"Nous avons de très vastes mouvements de population d'un quartier à l'autre car aucun quartier n'est vraiment sécurisé", a déclaré le coordonnateur humanitaire entre les agences de l'ONU et des ONG, Ndolamb Ngokwey, contacté au téléphone depuis Paris.

"Beaucoup de personnes m'ont raconté qu'il y avait beaucoup de cadavres qui jonchaient les rues, et pas seulement dans le quartier des ambassades", a-t-il dit.

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