25 avril, 2011

BURKINA FASO : A quoi sert le député en temps de crise ?

On n’aura pas entendu la représentation nationale depuis que le Burkina est plongé dans la crise sociopolitique. En effet, depuis le mois de février 2011, les manifestations consécutives à la mort de l’élève Justin Zongo se suivent et se ressemblent sans que, manifestement, l’on voie le bout du tunnel. Dans ce contexte, l’Assemblée nationale semble avoir mis sous l’éteignoir l’une de ses missions cardinales, le contrôle de l’action gouvernementale. Est-ce en temps de paix seulement que les députés doivent se faire entendre et interpeller le gouvernement sur la marche de la Nation ?

L’Assemblée nationale n’a jamais autant mérité le qualificatif de "caisse de résonance", et démontre que son indépendance n’est pas réelle face au pouvoir exécutif. Finalement, il faut comprendre une chose : c’est le système qui est ainsi fait. A la faveur de cette crise, les fondamentaux de la démocratie se sont écroulés. En effet, c’est l’équilibre des trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) qui donne de la consistance au processus démocratique. Peut-on excuser les députés qui ont certainement eu peur comme tout le monde quand les militaires tiraient et pillaient en ville ?

Ce serait trop facile parce que dans le même temps, les populations qui les ont élus avaient besoin d’informations. Si l’Assemblée nationale avait voulu se montrer conséquente envers elle-même, l’occasion était belle. De plus, nous avons l’habitude de prendre pour exemple nos « ancêtres les Gaulois ». En France, plusieurs ministres se sont expliqué devant la représentation nationale sur l’intervention des forces françaises en Côte d’Ivoire. Chez nous, ce bon exemple n’a pas été copié et c’est bien dommage. C’est également étonnant que les députés n’aient pas condamné fermement la remise en cause des décisions de justice. Cela aurait permis de donner une caution importante à la Justice dont l’indépendance a été remise en cause par les militaires.

Mieux, le peuple qui les a placés où ils sont, se serait senti défendu si de façon publique, l’on réaffirmait que tous les Burkinabè ont les mêmes droits. C’est cela la responsabilité. Ce n’est pas seulement en temps de paix que les députés ont un rôle à jouer dans la République. En période de crise, cette institution a bien les moyens et les compétences pour entreprendre des initiatives en vue d’une saine information du public. En tout cas, le Parlement, par son silence, aura contribué à entretenir la sous-information voire la désinformation sur les récents événements au Burkina.

Mais il est vrai que l’opposition burkinabè, fût-elle minoritaire à l’Assemblée nationale a, elle aussi, failli sur ce point précis. C’était de son devoir d’interpeller la majorité présidentielle sur les tenants et aboutissants de cette crise nationale exactement comme en France ce pays auquel nous aimons tant nous référer quand ça nous arrange.

SIDZABDA

Le Pays

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