05 avril, 2011

burkina faso Les démarches entreprises par le chef de l’Etat ? : « Des manœuvres dilatoires. Nous connaissons l’homme »

Un point de presse a été organisé par le chef de file de l’opposition burkinabè, le 4 avril 2011, dans la salle de rencontres de cette institution. L’actualité nationale était au menu de ces retrouvailles avec un nombre imposant de partis. Et les principaux animateurs n’ont pas fait mystère de leur grande méfiance pour les différentes négociations entamées par le président du Faso, Blaise Compaoré. A les écouter, le problème réside ailleurs. Foi de Me Bénéwendé S. Sankara et de ses camarades de l’opposition, les institutions seraient déliquescentes et il faudra un remède de cheval qui commence par de sérieuses réformes et le départ du chef de l’Etat.

La tradition a été une fois de plus respectée. Le réquisitoire dressé par le chef de file de l’opposition burkinabè était bien féroce.

L’actualité nationale chaude et délétère du moment encourageait bien à cette attitude et la longueur de la déclaration liminaire lue par Me Bénéwendé S. Sankara était symptomatique de la gravité des charges qu’ils ont fait peser sur les dirigeants de la IVe République.

Beaucoup en ont pris pour leur grade, notamment sur le dossier de l’élève Justin Zongo. D’abord, le procureur chargé du dossier, lui « qui s’est visiblement disqualifié pour la fonction en se faisant le pivot éhonté du travestissement de la vérité tel un juge acquis si cher à ce régime ».

Ensuite, le ministre de la Santé, Seydou Bouda, est passé à la casserole. Originaire de la région (Boulkiemdé) « et n’ayant vu là que l’occasion rêvée pour faire montre de son zèle à mieux servir son maître s’est précipité sur les lieux pour orchestrer la pitoyable et insultante mise en scène de cette mystérieuse souche de méningite ».

Enfin, le locataire du palais de Kosyam a été épinglé. « Monsieur Blaise Compaoré, dont le discours conforte que les institutions sont en déliquescence et qu’il faudra des réformes courageuses qui devraient permettre son exclusion définitive du jeu politique national dont la gestion du pays n’a apporté que assassinats et malheurs ».

« Nous avons toujours condamné les exactions »

Pendant le point de presse, un reproche est revenu de façon récurrente. Celui de n’avoir pas condamné les actes de destructions commises par les croquants durant leurs sorties nocturnes dans les villes du Burkina.

Point de vue balayé d’un revers de main par les hôtes du jour, qui ont insisté sur le fait qu’à chacune de leur déclaration sur la situation nationale, ils ont condamné énergiquement les actes commis.

Et de ramener ceux qui partagent l’avis contraire à un extrait de la déclaration du jour dans laquelle il est précisé ce qui suit : « …Les partis politiques de l’opposition proclament leur solidarité avec les manifestants dont ils comprennent la lutte légitime pour la vérité et la justice. Ils condamnent avec fermeté les excès et les sévices commis par les hommes de tenue, déplorent et condamnent les actes ayant entraîné des pertes en vie humaine que rien ne saurait justifier, en particulier celles d’enfants aux mains nues… ».

Comment les membres de l’opposition burkinabè apprécient-ils les différentes rencontres organisées par le chef de l’Etat pour résorber la crise, suite à la sortie des élèves, des étudiants et des militaires.

Visiblement pas d’un très bon œil. Foi de la déclaration liminaire qu’ils ont cosignée, il s’agit là d’une tentative de gagner du temps et de reprendre la main, comme on le dit. Et de prévenir les leaders d’opinion qui participent à ces rencontres.

« L’opinion publique respecte ces personnalités et ces leaders d’opinion. Cependant, elle voudrait leur rappeler le sort réservé au rapport du Collège de Sages, une fois la crise née du drame de Sapouy passée ».

Et à écouter Norbert Tiendrébéogo, l’opposition ne demande nullement à être associée à ces rencontres. « Nous connaissons l’homme et sa méthode. Il a fallu que les militaires sortent, kalach en main, pour qu’il cherche à comprendre.

Pendant dix jours, les élèves et étudiants ont manifesté ici et Blaise Compaoré n’a pas daigné lever le petit doigt », a-t-il fait constater. Comme pour montrer que les combats continuent côté opposant, le chef de file a donné rendez-vous, le 8 avril 2009, pour les manifestations organisées contre la vie chère.

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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