BRUXELLES (AFP)
| © AFP Des Albanais du Kosovo portent des torches lors d'une commémoration le 7 mars 2011 dans le village de Prekaz. |
La Serbie et le Kosovo ont entamé mardi soir, sous les auspices de l'Union européenne à Bruxelles, leur premier dialogue direct depuis que le Kosovo a proclamé son indépendance il y a trois ans avec, à la clef, une perspective européenne pour Belgrade et Pristina.
Une première série d'entretiens entre les délégations serbe et kosovare a eu lieu pendant environ deux heures dans une atmosphère "conviviale", a indiqué un diplomate européen.
Les discussions ont été "constructives, amicales et franches", a estimé cette source en soulignant que les deux parties n'avaient pas chercher à esquiver le débat.
Les deux délégations devaient reprendre leur dialogue mercredi matin, a ajouté ce diplomate européen.
"Je viens ici dans un esprit constructif", avait affirmé la chef de la délégation kosovare, le vice-Premier ministre, Mme Edita Tahiri, en arrivant peu après 18H00 GMT dans le bâtiment qui abrite la réunion à Bruxelles.
Le chef de la délégation serbe, Borko Stefanovic, un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, a assuré qu'il était prêt à serrer la main de son homologue.
"Les discussions dureront le temps qu'il faudra", a dit M. Stefanovic qui a souhaité que "tous les sujets" soient abordés.
"Ce ne sera pas facile. Il y aura des hauts et des bas et nous n'attendons pas de miracles", a-t-il dit. "Mais, a-t-il ajouté, nous voulons être constructifs et flexibles". "J'ai un tas de propositions", a-t-il affirmé.
"Nous pouvons surmonter nos différences", a dit de son côté Mme Tahiri.
Les deux chefs de délégation se sont exprimés séparément.
Le dialogue doit porter d'abord sur des sujets "techniques" afin de régler les questions affectant la vie quotidienne de la population kosovare, qu'elle soit albanaise ou serbe, a indiqué un diplomate européen.
Il n'est pas question, à ce stade, d'aborder le sujet du statut du Kosovo, que Pristina estime définitivement tranché depuis la proclamation de son indépendance en février 2008. La Serbie refuse quant à elle de reconnaître l'indépendance de son ancien territoire qu'elle considère comme une province serbe.
L'adhésion à l'UE n'est pas non plus à l'ordre du jour, mais le chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a assuré que l'ouverture du dialogue entre Belgrade et Pristina représentait pour eux "une occasion à saisir" pour se rapprocher de l'UE.
Preuve de l'intérêt que porte l'UE à ce dialogue, c'est le conseiller spécial de Mme Ashton, Robert Cooper qui préside les pourparlers.
Le dialogue direct entre la Serbie et le Kosovo entend résoudre les problèmes pratiques de tous ordres affectant la vie quotidienne de la population du Kosovo.
La rencontre inédite a été saluée par le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain, John Kerry. "Il y a une décennie, le conflit tragique au Kosovo a attiré l'attention du monde", a rappelé M. Kerry. "Des efforts douloureux de la part des deux camps nous ont menés à ce jour où les Serbes et les Kosovars indépendants vont se rencontrer", s'est félicité le sénateur.
L'Albanie a jugé pour sa part "indispensable" ce dialogue direct, espérant qu'il contribue "à la paix et à la stabilité de la région et à son avenir européen".
Cette première réunion doit être suivie d'autres, toujours à Bruxelles, mais il est peu probable qu'elle débouche sur des résultats concrets avant l'année prochaine, a confié un diplomate européen.
Bruxelles pousse les deux parties à entamer le plus vite possible des discussions sur les questions telles que les communications, le transport et l'énergie.
Le dialogue intervient alors que Pristina cherche à redorer son image mise à mal par les accusations sur un trafic d'organes présumé au Kosovo et en Albanie, commis par d'anciens maquisards kosovars. Belgrade voudrait pour sa part renforcer ses chances d'intégrer l'UE.
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