08 mars, 2011

Libye : l'idée de zone d'exclusion aérienne fait son chemin

PRES DE RAS LANOUF (EST LIBYEN), 8 MARS 2011. Les combattants de l'opposition font le plein de munitions.

PRES DE RAS LANOUF (EST LIBYEN), 8 MARS 2011. Les combattants de l'opposition font le plein de munitions.
| AFP/ MARCO LONGARI

Dans l'opinion publique internationale, la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne en Libye convainc de plus en plus, y compris dans les pays musulmans. Ce mardi soir, le président des Etats-Unis et le Premier ministre britannique franchissent un petit pas de plus. Ils «se sont mis d'accord pour aller de l'avant dans la planification, y compris au sein de l'Otan» pour «la surveillance, l'aide humanitaire, l'application de l'embargo sur les armes et une zone d'exclusion aérienne», a précisé la Maison Blanche.

L'aviation fidèle au dirigeant libyen a poursuivi ses raids ce mardi sur les positions tenues par les insurgés. Les bombardements du port pétrolier de Ras Lanouf, base la plus avancée de l'opposition dans l'Est de la Libye, se sont intensifiés. De violents combats continuaient en soirée. En fin d'après-midi, la ville de Zawiyah à l'ouest de Tripoli essuyait aussi des tirs aériens, alors que des chars tentaient de reprendre la cité, selon Sky News.

Deux représentants libyens du Conseil national de transition (opposition) y sont favorables. Ils étaient ce mardi les invités du Parlement européen. Ils souhaitent que leur instance soit reconnue comme interlocutrice unique par l'UE en attendant les élections démocratiques.

Le dirigeant libyen s'est rendu tard mardi soir vers 22h15 à l'hôtel Rixos de Tripoli, où la grande majorité des journalistes étrangers sont confinés, pour des interviews à des chaînes télévisées.

A Ras Lanouf, des combattants anti-Kadhafi parlent de «déluge de feu». Un pilonnage intensif a été entendu mardi après-midi à l'ouest du port pétrolier de Ras Lanouf, selon un journaliste de l'AFP. En l'espace de cinq minutes, six obus ont explosé, certains à seulement une centaine de mètres de la route côtière, à environ 13 km à l'ouest de la ville. Il y aurait au moins trois blessés. Dans la matinée, un avion a bombardé un immeuble d'habitation de deux étages, soufflant la façade du rez-de-chaussée. Ce serait la première fois qu'un bombardement touche des habitations dans ce site stratégique situé à environ 300 km au sud-ouest de Benghazi.

A l'ouest de Tripoli, Zenten était encerclée par les forces pro-Kadhafi qui tentaient également de reprendre Zawiyah à 40 km de la capitale.

VIDEO. Les forces loyales tentent de reprendre Ras Lanouf




Pas de poursuite si Kadhafi quitte immédiatement le pouvoir. Le Conseil national de transition, mis en place par les insurgés à Benghazi, a rejeté toute négociation avec le régime de Mouammar Kadhafi. Toutefois, l'instance a fait savoir qu'elle ne poursuivrait pas le raïs pour ses crimes s'il quitte le pouvoir dans les 72 heures, selon l'agence Reuters. Des combattants de l'opposition avaient annoncé un peu plus tôt voir reçu, et rejeté, une offre de négociation. A Tripoli, un responsable gouvernemental a formellement démenti toute proposition de négociations de la part du régime.
Par ailleurs, Seïf Al-Islam, un fils du dirigeant libyen, a appelé «le monde entier à soutenir la Libye contre les terroristes» et à y envoyer une mission pour s'assurer de la situation réelle, dans une interview à un journal bulgare.

La mise en place d'une zone d'exclusion aérienne en Libye convainc de plus en plus. Après les monarchies arabes du Golfe lundi, l'Organisation de la conférence islamique (OCI)* s'y est déclarée mardi favorable, tout en réaffirmant son opposition à une intervention militaire directe. La Ligue arabe a prévu une réunion de crise samedi pour évoquer les «mesures à prendre pour protéger le peuple libyen» notamment via ce biais.

Les experts d'un des principaux instituts de recherche sur la défense, l'IISS ont jugé que l'instauration d'une telle zone était «parfaitement réalisable», mais exigerait d'importantes ressources et l'appui des pays de la région. La France et la Grande-Bretagne préparent un projet de résolution pour le Conseil de sécurité de l'ONU dans ce sens. Elles entendent le présenter dès cette semaine. Son adoption semble cependant délicate en raison de la réticence de la Chine et surtout de la Russie, qui comme membres permanents du Conseil pourraient poser leur veto. Les Occidentaux vont se concerter les 10 et 11 mars à Bruxelles au sein de l'Otan et de l'Union européenne.

Deux représentants libyens du Conseil national de transition invités du Parlement européen.
Mahmoud Jebril, 58 ans, ancien ministre du Plan, et Ali Al-Esawi, 45 ans, ancien ambassadeur de Libye en Inde, ont été contactés par le Belge libéral Guy Verhofstadt et ont accepté de venir à Strasbourg.«Ils attendent beaucoup de l'UE», a déclaré l'eurodéputé belge libéral Louis Michel. «Ils demandent que le Conseil national de transition soit reconnu comme interlocuteur unique par l'UE en attendant les élections, afin d'adresser un signal à Kadhafi», a-t-il précisé. Ils souhaitent aussi une «zone d'exclusion aérienne, un soutien technologique, notamment pour les communications, et une aide humanitaire».

La venue de ces deux représentants à Strasbourg est un camouflet pour la chef de la diplomatie européenne Catherine Asthon, dont nombre d'élus européens, dont les Verts et les libéraux, dénoncent l'incapacité a accomplir le mandat qui lui a été confié. Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé les rencontrera mercredi. Par ailleurs, l'UE va adopter de nouvelles sanctions contre la Libye, visant un fonds souverain et la Banque centrale.

*L'OCI est formée de 57 pays comptant plus d'un milliard de musulmans.

LeParisien.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire