23 mars, 2011

Libye: les combats font rage, Paris optimiste sur une issue rapide

PRÈS D'AJDABIYA (AFP)

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Des insurgés libyens collectent les munitions d'un char des forces pro-Kadhafi détruit non loin d'Ajdabiya, le 23 mars 2011

Les combats faisaient rage mercredi dans plusieurs régions entre rebelles et partisans du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi au cinquième jour de l'intervention militaire internationale qui, selon Paris, sera de courte durée.

Les forces loyalistes n'ont pas cessé leurs attaques, selon les rebelles et des témoins, en dépit de l'annonce dimanche soir d'un cessez-le-feu par le colonel Kadhafi.

Le leader libyen a même bravé la coalition internationale mardi soir en faisant une première apparition télévisée depuis le lancement de l'offensive, affirmant que son pays était "prêt pour la bataille, qu'elle soit longue ou courte".

Sur le terrain des combats faisaient rage dans la ville clé d'Ajdabiya (Est), à 160 km au sud de Benghazi, le fief de l'insurrection. Les habitants fuient en masse la ville.

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Un insurgé libyen à un checkpoint non loin d'Ajdabiya, le 23 mars 2011

L'un des résidents, Faraj, a affirmé que les combats l'ont empêché de revenir dans sa ville. "Il y avait des bombardements et nous avons vu des maisons en feu".

Une colonne de fumée s'élevait au-dessus de la ville, des bombardements et des tirs intermittents étaient entendus, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Ils sont en train de tirer des missiles Grad sur les maisons", a affirmé Hamed al-Qabaili, fuyant également Ajdabiya. Selon lui, les combats se produisaient aux entrées est et ouest de la ville, privée de gaz et d'electricité.

Plus à l'ouest, à Misrata (200 km à l'est de Tripoli), 17 personnes dont cinq enfants ont été tuées mardi par des snipers et des obus des forces pro-Kadhafi, selon un médecin de l'hôpital.

"La journée d'hier a été catastrophique. Nous avons eu le sentiment que c'était la fin", a déclaré ce médecin. Lundi, 40 morts avaient été dénombrés dans cette ville, selon les rebelles.

Des raids de la coalition ont visé mardi soir des forces de Kadhafi aux abords et à l'intérieur de Misrata, troisième ville du pays, selon un porta-parole des insurgés.

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Libye: situation le 23 mars 2011

"Aujourd'hui c'est le soulagement. Les forces de la coalition ont mené mardi soir des raids intensifs sur des positions des bataillons de Kadhafi qui ont essuyé des pertes considérables", a-t-il indiqué.

A l'ouest, à Zenten, les combats entre pro et anti-Kadhafi continuaient mercredi. La veille, un témoin a affirmé avoir vu "pas mal de corps à la morgue".

"Les forces loyales à Kadhafi tiraient ce matin en direction de Zenten avec des (lance-roquettes multiples) Grad depuis des positions situées au nord de la ville. J'ai entendu 25 tirs en une vingtaine de minutes".

"Ces forces se sont rapprochées du nord de la ville. Elles sont face à la ville et pour le moment elles tirent en direction de la façade nord de Zenten. A vol d'oiseau, elles se trouvent à 10-12 km du centre".

A quelques dizaines de km au nord, à Yefren , "les forces de Kadhafi ont entrepris une offensive meurtrière lundi et mardi et les combats ont fait au moins 9 morts", selon un habitant.

Les avions de la coalition ont effectué 97 sorties au cours des 24 dernières heures, frappant des chars et des batteries anti-aériennes, ont annoncé mercredi les forces américaines.

Les frappes aériennes "continuent à cibler les centres de commandement, les systèmes de défense anti-aérien, et les chars", a déclaré le porte-parole.

Depuis le début de l'opération, de samedi à mardi, les navires et sous-marins américains et britanniques ont tiré 162 missiles de croisière Tomahawks (112 samedi).

L'aviation libyenne "n'existe plus comme force de combat", a annoncé mercredi l'armée britannique.

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Capture d'écran de la télévision libyenne montrant le colonel Kadhafi s'adressant le 23 mars 2011 à ses partisans à Tripoli

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, s'est montré optimiste sur une issue rapide de la guerre en Libye: "Il n'est pas question de s'enliser, ce sera une opération de courte durée".

Mais le secrétaire à la Défense américain Robert Gates a déclaré mardi au Caire qu'il n'y avait pas de "calendrier" pour la fin des opérations.

Mardi, le président américain Barack Obama avait indiqué que les Etats-Unis avaient réduit de façon "significative" le nombre de survols par leurs avions de la Libye, la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne pouvant s'achever "sous peu".

Il a prévenu que Washington avait d'autres cartes que l'option militaire: "Nous avons mis en place de fortes sanctions internationales. Nous avons gelé ses avoirs. Nous continuerons à utiliser un vaste éventail de moyens de pression contre lui".

Les pays de l'Union européenne sont de leur côté parvenus à un accord de principe pour sanctionner le principal groupe pétrolier libyen, la compagnie nationale NOC.

Paris et Washington ont annoncé mardi soir être parvenus à un accord sur la question du rôle de l'Otan dans le commandement des opérations. Washington a évoqué un "rôle clef", expression non reprise par la présidence française.

L'Otan avait auparavant annoncé qu'elle se chargera de faire respecter l'embargo sur les armes contre la Libye.

L'Otan n'exercera pas "le pilotage politique" de la coalition internationale mais interviendra comme "outil de planification et de conduite opérationnelle" dans la mise en oeuvre d'une zone d'exclusion aérienne, a Alain Juppé.

La première réunion du groupe de contact sur la Libye, réunissant Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et pays participant aux opérations, se tiendra mardi à Londres. Il s'agit de "bien marquer que le pilotage politique de l'opération, ce n'est pas l'Otan, c'est ce groupe de contact", a dit Alain Juppé.

Le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans, fait face depuis le 15 février à une révolte qui a fait des centaines de morts et poussé plus de 300.000 personnes à fuir.

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