11 mars, 2011

Libye : Kissinger prône une action militaire européenne

lefigaro.fr/«Le Moyen-Orient va traverser beaucoup d'autres troubles avant que la situation ne s'apaise», prédit Henry Kissinger.
«Le Moyen-Orient va traverser beaucoup d'autres troubles avant que la situation ne s'apaise», prédit Henry Kissinger. Crédits photo : Lee Jin-man/ASSOCIATED PRESS

L'ancien chef de la diplomatie américaine, Henry Kissinger, a donné sa vision de l'actualité devant le gratin du monde du pétrole et du gaz réuni à Houston.

À Houston

«S'il y avait une phase militaire en Libye, elle devrait être menée par les Européens, pas par les États-Unis». Henry Kissinger, l'ancien secrétaire d'État des présidents américains Richard Nixon et Gerald Ford a distillé jeudi soir ses conseils et ses analyses, devant un parterre de patrons de l'industrie du pétrole et du gaz réunis à Houston pour la conférence Cera Week. Âgé de 87 ans, le Nobel de la Paix n'avait pas pu faire prendre l'avion à cause d'une infection à l'oreille et est intervenu en visioconférence. Avec un esprit toujours aussi cinglant, il a commencé à plaisanter en se disant victime «de la zone d'exclusion aérienne».

«Je lis que l'on assiste à un grand mouvement démocratique, que ces pays (du Moyen-Orient et du Maghreb) vont se reconstruire sur le modèle occidental, en mettant la priorité sur l'économie», a poursuivi le vieux sage. «C'est un vœu pieu. Les révolutions rassemblent des mécontentements très divers. En règle générale, plus le rejet des dirigeants est rapide, plus la vague suivante risque d'être violente. Souvenez-vous de la Révolution française, la plupart des révolutionnaires ont terminé sous la guillotine cinq ans après!»

Interrogé sur la Libye, Kissinger, de sa voix grave et profonde, a dit que s'y déroule «un crime contre l'humanité», «on a affaire à un État voyou». «Mais l'impact de la Libye sur la région sera moins important que ce qui se passera en Égypte et à Bahreïn. Si les institutions à Bahreïn se désintègrent», si le petit royaume est dirigé par les chiites, Kissinger craint le risque de contagion à l'est de l'Arabie-Saoudite, principale région productrice de pétrole, peuplée de chiites.

Pour l'ancien chef de la diplomatie américaine, la position des États-Unis dans la région est d'ores et déjà affaiblie par les événements en cours. Se qualifiant de ni pessimiste, ni optimiste, mais de «réaliste», Henry Kissinger prévoit que «le Moyen-Orient va traverser beaucoup d'autres troubles avant que la situation ne s'apaise».

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