09 mars, 2011

Libye: Kadhafi dépêche un émissaire au Caire, recul des insurgés dans l'Est

AFP

Des insurgés libyens aux prises avec les forces pro-Kadhafi près de Ras Lanouf le 9 mars 2011

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a dépêché mercredi un émissaire au Caire, au moment où ses forces multipliaient les attaques dans l'est du pays, notamment près d'une raffinerie, contraignant les insurgés à reculer de quelques kilomètres.

Abdelrahmane al-Zawi, membre du cercle rapproché du numéro un libyen et responsable des questions de logistique et d'approvisionnement, est arrivé au Caire à bord d'un avion libyen, selon un responsable aéroportuaire. On ignorait dans l'immédiat l'objet de sa visite et quels responsables il allait rencontrer.

Sur le terrain, où l'insurrection a fait des centaines de morts et poussé à la fuite près de 200.000 personnes depuis le 15 février, les forces de M. Kadhafi semblaient gagner du terrain sur le front Est face aux insurgés. Ceux-ci contrôlent la région orientale pétrolière ainsi que certaines localités de l'Ouest, alors que Tripoli et sa région proche sont aux mains des pro-Kadhafi.

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Un insurgé libyen est allongé le 9 mars 2011 sur le sol, près de Ras Lanouf, cible de violentes attaques des forces loyales à Mouammar Kadhafi

Après avoir essuyé des tirs d'artillerie et des frappes aériennes des forces loyalistes, de très nombreux combattants rebelles, amassés dans des dizaines de véhicules, se repliaient vers Ras Lanouf (est), une ville stratégique pétrolière tenue par les insurgés, selon un journaliste de l'AFP.

Un avion de chasse a mené une attaque à un kilomètre environ de la raffinerie située aux abords de Ras Lanouf, tirant entre la raffinerie et la côte méditerranéenne.

TV libyenne/AFP

Capture d'image de la télévision officielle libyenne du dirigeant Mouammar Kadhafi, lors d'une intervention le 9 mars 2011

Un peu plus tôt, d'importantes explosions avaient été suivies par d'immenses flammes et des boules de feu dans le ciel au-dessus de la raffinerie As-Sidra. Les rebelles semblaient pourtant auparavant avoir gagné du terrain, tirant quelque 50 roquettes, alors que certains avançaient plus vers l'ouest. Mais les troupes gouvernementales ont ensuite tiré une dizaine d'obus et les rebelles ont dû battre retraite vers l'est, signe que la ligne de front se rapproche de plus en plus de Ras Lanouf.

Les rebelles avaient pris la ville pétrolière vendredi puis avaient atteint Ben Jawad, une quarantaine de kilomètres plus à l'ouest, mais en avaient été délogés des forces pro-gouvernementales dimanche.

A l'ouest de Tripoli, l'opposition contrôlait Zenten toujours encerclée, selon un témoin mardi, alors qu'un ancien responsable libyen ayant fait défection a fait état d'un assaut sur Zawiyah, le bastion des insurgés le plus proche de la capitale, évoquant une "situation critique".

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Des flammes et une épaisse fumée noire s'élèvent au-dessus d'un oléoduc touché par une explosion le 9 mars 2011 près de Ras Lanouf

Cette dernière ville est assiégée depuis plusieurs jours, un témoin parlant de "massacre" commis par les forces pro-Kadhafi.

Le leader libyen, qui a juré de réprimer dans le sang la rébellion - le régime a promis mercredi une récompense financière de près d'un demi-million de dollars à toute personne qui remettrait aux autorités le président du Conseil national mis en place par les rebelles, Moustapha Abdeljalil -, a donné une série d'interviews à des médias étrangers et parlé à la télévision libyenne, pour accuser pêle-mêle l'Occident et Al-Qaïda d'être responsables de la rébellion.

"Si Al-Qaïda réussit à s'emparer de la Libye, alors la région toute entière, jusqu'en Israël, sera la proie du chaos", a-t-il dit à la chaîne publique turque TRT.

Sur la zone d'exclusion, il a estimé qu'en cas de mise en place, "les Libyens verront ce que ces pays veulent vraiment faire -prendre leur pétrole- et ils prendront alors les armes".

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Des insurgés regardent des colonnes de fumée s'élevant au-dessus d'un oléoduc après une explosion près d'une raffinerie près de Ras Lanouf, le 9 mars 2011

"Les pays colonialistes trament un complot pour humilier le peuple libyen, le réduire à l'esclavage et contrôler le pétrole", a-t-il dit à la télévision libyenne, accusant les rebelles d'être des "traîtres" soutenus par Al-Qaïda et appelant "les habitants de Benghazi", à "libérer" la ville.

Après plus de 40 ans de règne sans partage, le dirigeant libyen a aussi de nouveau affirmé qu'il ne quitterait pas le pouvoir, malgré les sanctions internationales et l'ouverture d'une enquête de la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité.

Après avoir appelé en vain à son départ, les Etats-Unis et l'Europe se sont tournés vers l'opposition, rencontrant respectivement au Caire et à Strasbourg des représentants du Conseil national de transition, mis en place à Benghazi, épicentre de l'insurrection à 1.000 de km à l'est de Tripoli.

Mais à la veille des concertations des Occidentaux à Bruxelles au sein de l'Otan et de l'Union européenne, la chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton a refusé de soutenir la reconnaissance du Conseil national, estimant que cette décision revenait "au Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement".

Paris, Washington et Londres continuent de leur côté d'étudier les moyens d'arrêter la répression, dont l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne en Libye. Le vice-président américain Joe Biden se trouvait en Russie, réticente à une telle zone.

Berlin s'est de son côté montré prudent concernant cette zone d'exclusion aérienne, soulignant qu'il ne s'agissait que "d'une option".

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