14 mars, 2011

Libye: Ajdabiya, ville clé avant Benghazi, menacée par les pro-Kadhafi

AJDABIYA (Libye) (AFP)

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Des insurgés libyens, le 13 mars 2011 à Brego

La ville clé d'Ajdabiya se préparait lundi à subir un éventuel assaut des forces de Mouammar Kadhafi qui avancent sur la "capitale" des rebelles Benghazi, les Occidentaux se concertant toujours pour trouver une issue, au 28e jour d'une insurrection sanglante en Libye.

L'armée libyenne, citée par la télévision d'Etat, a annoncé que les soldats qui ont rejoint les insurgés contre Mouammar Kadhafi seront "graciés" s'ils se rendent.

Quatre obus sont tombés dans la matinée à la sortie ouest d'Ajdabiya, véritable carrefour routier entre plusieurs villes de l'Est, tandis de nombreux civils fuyaient la ville.

Benghazi, fief de l'insurrection situé à 160 km au nord d'Ajdabiya, pourrait vite se retrouver menacée, les forces gouvernementales ayant repris l'une après l'autre plusieurs villes aux rebelles, notamment Brega dimanche, à coups d'artillerie lourde et de raids aériens.

La Libye, où les combats prennent l'allure de guerre civile, sera au coeur de concertations lundi entre Occidentaux et Russes lors d'une réunion des chefs de la diplomatie du G8, pressés d'empêcher le colonel Kadhafi d'utiliser son aviation à travers l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne.

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Carte de localisation des combats entre pro et anti-Kadhafi

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, qui entame une tournée en Europe, en Tunisie et en Egypte, prévoit d'avoir un contact à Paris avec l'un de ses représentants, Mahmoud Jibril, chargé des affaires internationales par le Conseil national de transition (CNT), qui représente l'opposition.

Mais le temps semble jouer en la défaveur des rebelles, l'armée libyenne annonçant dimanche qu'elle était en marche "pour purger" l'ensemble du pays.

La ligne de front se déplace davantage vers l'Est, signe de la détermination du colonel Kadhafi à venir à bout de l'insurrection malgré les protestations et sanctions internationales.

Désormais en première ligne, Ajdabiya s'apprête à être visée, les quatre obus étant tombés à proximité d'un rond-point à 6 km à l'ouest de la ville, sans faire de victimes, ont indiqué à l'AFP des insurgés qui tenaient toujours la ville.

"Il n'y a plus de ligne de front", affirme Fathalla, la vingtaine.

Sur la route entre Ajdabiya et Benghazi, de nombreux civils fuyaient la ville à bord de camionnettes chargées de valises, de sacs et de matelas, alors qu'une tempête de sable soufflait sur la région.

Ajdabiya, où les rebelles s'étaient repliés à bord de véhicules transportant des batteries anti-aériennes, est "une ville vitale" et sera défendue, a assuré dimanche le commandant des insurgés, le général Abdel Fattah Younis.

A Benghazi, deuxième ville du pays à un millier de kilomètres à l'est de Tripoli, l'euphorie des premières semaines de la révolte a fait place à l'inquiétude.

Toutes les lignes de téléphones portables étaient coupées, et les regards tournés vers l'étranger, même si des réunions de l'Otan et l'Union européenne n'ont abouti à aucune décision concrète.

Samedi, la Ligue arabe a apporté son soutien à une zone d'exclusion aérienne, réclamée avec force par l'opposition libyenne, appelant le Conseil de sécurité de l'ONU à l'autoriser pour empêcher les bombardements et protéger les civils.

La Chine et la Russie, toutes deux membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU, ont fait part de leur scepticisme à ce sujet, alors que l'Inde, membre non permanent, a fait part de son opposition.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a annoncé dimanche avoir envoyé depuis la Jordanie sept camions chargés de nourriture et de médicaments vers Benghazi. Dix camions supplémentaires sont doivent partir mercredi et vendredi.

La répression sanglante de la révolte a fait des centaines de morts et poussé à la fuite plus de 250.000 personnes.

Dans l'Ouest, les rebelles contrôlaient toujours Misrata, à 150 km à l'est de Tripoli, mais des tirs d'armes automatiques résonnaient aux abords de la ville, selon un habitant.

Le colonel Kadhafi a invité lundi des firmes de Chine, de Russie et de l'Inde à venir exploiter du pétrole en Libye, après le départ de la majorité des compagnies étrangères. La Compagnie pétrolière nationale libyenne avait appelé à la reprise du travail affirmant que les ports pétroliers étaient désormais "sûrs" et "opérationnels"

La compagnie Total avait affirmé vendredi que la production pétrolière de la Libye était passée de 1,4 millions à 300.OOO barils par jour.

A Tripoli, les forces gouvernementales répriment toute opposition "avec brutalité", à coups d'arrestations arbitraires, de disparitions forcées, voire de tortures, selon l'organisation Human Rights Watch.

Un responsable d'Al-Qaïda, Abou Yahya al-Libi, a appelé les insurgés à poursuivre leur combat "sans hésitation et sans peur", dans un enregistrement vidéo diffusé dimanche sur des sites islamistes, première réaction du réseau extrémiste depuis le début de l'insurrection le 15 février, que le colonel Kadhafi lui a régulièrement imputée.

A la frontière tunisienne, des milliers de réfugiés fuyant le chaos continuaient à affluer.

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