11 mars, 2011

L'Europe divisée sur la stratégie à adopter face au conflit libyen

BRUXELLES (AFP)

AFP

Manifestation contre le régime de Kadhafi, le 10 mars 2011 devant le siège du la Commission européenne, à Bruxelles

Les dirigeants européens veulent tenter vendredi de gommer leurs divisions sur la stratégie à adopter en Libye, lors d'un sommet de crise où Paris et Londres comptent faire monter la pression en faveur de l'option militaire et d'une reconnaissance des rebelles.

Un projet de déclaration finale de la réunion, prévue pour débuter à Bruxelles vers 10H30 GMT, se montre prudent sur ces deux points.

Le texte, encore susceptible d'être modifié, affirme que le colonel Mouammar Kadhafi, qui dirige le pays sans partage depuis quatre décennies, "doit quitter le pouvoir immédiatement".

Sur le plan militaire, il reprend à son compte la position attentiste de l'Otan, dont les ministres de la Défense achèvent en parallèle vendredi une réunion de deux jours à Bruxelles.

La déclaration souligne le soutien des 27 pays de l'UE "à la poursuite des préparatifs des alliés de l'Otan et d'autres partenaires en vue d'être prêts à fournir une assistance", y compris avec "une zone d'exclusion aérienne".

Enfin, l'Union européenne s'y dit "prête à parler aux nouvelles autorités libyennes" pour aider à la reconstruction du pays.

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Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé (C), quitte une réunion de crise sur la Libye, le 10 mars 2011 à Bruxelles

Ce texte, fruit de longues tractations, dissimule mal toutefois des divergences de plus en plus visibles entre Européens sur l'opportunité de reconnaître le Conseil national de transition (CNT) libyen, l'organe de l'opposition anti-Kadhafi, et sur celle de lancer une action militaire, ne serait-ce que par l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne.

En Europe, la France et la Grande-Bretagne ont pris une position de pointe sur ces deux questions, quitte à brusquer les autres pays de l'UE.

Le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique, David Cameron, ont demandé aux Vingt-Sept d'envoyer un "signal politique clair" considérant le CNT comme "un interlocuteur politique valable", dans une lettre commune publiée à la veille du sommet, convoqué à l'initiative de Paris.

Cette position place Paris et Londres en porte-à-faux avec Washington, plus prudent, et agace les nombre de partenaires européens. Ils ont peu apprécié le cavalier seul de la France, prompt jeudi à reconnaître officiellement le CNT comme "représentant légitime du peuple libyen".

La chancelière Angela Merkel s'est montrée "surprise".

"Le fait de reconnaître doit être une décision européenne, pas nationale", a affirmé le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini.

Quant à l'intention prêtée au président Sarkozy de proposer des frappes aériennes ciblées contre les forces de Kadhafi, compte tenu des difficultés à obtenir un accord sur une zone d'exclusion aérienne à l'ONU -- faute de soutien de la Rusie et de la Chine au Conseil de sécurité -- ou à l'Otan, elle a eu l'effet d'une douche froide en Europe.

Plusieurs pays redoutent un engranage militaire incalculable. Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a mis en garde Paris vendredi contre tout "geste théâtral" lors du sommet.

"M. Kadhafi mène sans nul doute une guerre contre son propre peuple. Mais nous devons faire très attention à ne pas commencer ce que nous ne pouvons pas terminer", a aussi averti Mme Merkel.

Les dirigeants européens doivent également parler de leur aide humanitaire dans la région, alors que plus de 250.000 personnes ont fui la Libye pour les pays voisins depuis le début mi-février, selon l'ONU.

Ils comptent aussi se préparer à un éventuel afflux de migrants vers les pays de l'UE, principalement l'Italie et Malte. L'Europe compte sur ce point apporter "des ressources techniques et humaines supplémentaires" à Frontex, l'agence de l'UE chargée de la surveillance des frontières.

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