08 mars, 2011

La Journée internationale de la Femme fête ses 100 ans


Encore une fois, on va célébrer aujourd'hui la Journée de la femme par des conférences- débats, des cérémonies, et essayer de parler une seule journée des préoccupations de la femme algérienne et même le président de la République assistera, comme de coutume à une cérémonie, à laquelle seront invitées des femmes actives.

Mais le lendemain, personne ne parlera de cette femme qui sera encore harcelée, jetée à la rue avec ses enfants après un divorce et mise en fin de liste de la candidature d’un parti lors d’un rendez-vous électoral.

Donc, on se demande si parler de la femme peut être limité juste à une journée ? Est-ce que la femme a besoin d’être prise en charge ou bien est-ce à elle de se prendre en charge ?

La réponse à cette question n’est pas évidente ; d’ailleurs jusqu’à présent, ce sont toujours des hommes qui planifient des démarches, des lois et autres cadres pour essayer d’améliorer l’environnement de la femme, notamment celui du travail, car l’Algérie a besoin de tous ses enfants pour se construire et des femmes ont déjà prouvé leur efficacité.

En réalité, le quotidien de la femme algérienne s’est amélioré dans certains volets depuis quelques années, notamment le droit de faire des études supérieures, de travailler et de franchir des métiers jusque-là réservés aux hommes mais pour un plafond bien précis en ce qui concerne les postes de responsabilité.

Ce quotidien est toujours caractérisé par des difficultés liées à des mentalités qui ne veulent pas reconnaître que la femme est un citoyen actif. Cette femme est victime de harcèlement et d’un certain complexe affiché par quelques hommes de voir une femme supérieure à un homme dans le milieu du travail et surtout dans le domaine politique. Au niveau du gouvernement algérien, seules trois femmes occupent les fonctions de ministres dont deux de ministres déléguées.

Ainsi, outre Khalida Toumi, pourvue du portefeuille de la Culture, les autres sont ministre déléguée chargée de la Recherche scientifique, Souad Bendjaballah et la ministre déléguée chargée de la Famille, Nouara Saâdia Djaâfar. Alors qu’il y a des femmes cadres qui peuvent gérer les Finances, les Affaires étrangères et autres. Pour se faire entendre, la femme s’est intégrée dans des formations politiques alors qu’aujourd’hui encore, il n’ y a qu’une seule femme présidente d’un parti politique.

Mais ce combat devient de plus en plus difficile, car la femme est pénalisée déjà par le fait d’être femme. Samedi dernier, Mme Djaâfar a appelé les partis politiques à relancer le rôle de la femme dans la vie politique et lui permettre d’accéder aux postes de responsabilité lors des prochaines échéances mais qui répondra à cet appel ?

A noter que Mme la ministre est aussi militante au RND. Dans le langage des chiffres, il y a «7,7% de femmes» siégeant à l’Assemblée populaire nationale et «4%» au Conseil de la nation. D’autre part, sur l’ensemble des Assemblées populaires de wilaya (APW) et sur 1 541 Assemblées populaires communales (APC), deux femmes seulement sont élues présidentes d’APC.

Il y a deux ans, le président Bouteflika avait annoncé la promotion de la représentativité de la femme dans les Assemblées élues, suivie de la mise en place d’une commission par le département de Tayeb Belaïz, ministre de la Justice. Dans ce cadre, un projet portant loi organique sur la promotion des droits politiques de la femme a été finalisé mais toujours prisonnier des tiroirs du secrétariat du gouvernement.

Il est question de réserver un quota de 30% pour la femme sur les listes électorales. Dans la Constitution, l’article 31 énonce que «les institutions ont pour finalité d’assurer l’égalité en droits et devoirs de tous les citoyens et citoyennes en supprimant les obstacles qui entravent l’épanouissement de la personne humaine et empêchent la participation effective de tous à la vie politique, économique, sociale et culturelle». Pour l’article 31 bis, «l’Etat œuvre à la promotion des droits de la femme en augmentant ses chances d’accès à la représentation dans les Assemblées élues.

Les modalités d’application de cet article sont fixées par une loi organique». En dehors de la participation à la vie politique, la question du code de la famille reste un combat qui continue pour la femme algérienne. En Algérie, les lois civiles relatives au couple et à la famille sont régies par un code de la famille établi le 9 juin 1984 à l’époque de Chadli Benjedid.

En 2004, le code la famille a été amendé, censé mettre fin à la discrimination dont la femme est victime. Cependant, des associations de défense des droits des femmes, une seule mesure est un réel progrès: «En cas de divorce, l’époux est désormais tenu d’assurer un logement décent à ses enfants».

Mais «la tutelle légale des enfants reste une prérogative paternelle». Toutefois, la réalité de la société est autrement, car des femmes sont jetées à la rue avec quelquefois leurs enfants, car il n’y a pas de suivi dans l’application des décisions de justice. Ainsi, le combat pour une vie meilleure est toujours d’actualité en attendant du nouveau.

Nacera Chenafi "Le jour d'Algérie"

Une pensée pour la femme rurale Ces battantes de l’ombre

En cette occasion chaque année renouvelée, les femmes reviennent au devant de la scène. Elle célèbre sa fête, reçoit des éloges et des fleurs en guise de respect. Des promesses d’émancipation aussi. Pourtant son combat est quotidien aux côtés de l’homme.

Bien que des acquis indéniables ont profité à la femme algérienne ces dernières années, il n’en demeure pas moins que le chemin de la liberté et de l’émancipation reste encore très loin, enchaîné par une société minée par les tabous et des mentalités rétrogrades. Pis, une très large partie des femmes algériennes subit encore les affres de l’iniquité.

Violentées, dénigrées, marginalisées, méprisées, elles sont nombreuses à en pâtir. Notre pensée va directement à ces femmes rurales en cette journée, la leur. Ces mères, ces sœurs, ces filles, ces femmes qui peuplent l‘Algérie profonde, des montagnes du Djurdjura, de l‘Ouarsenis et des Aurès aux tribus nomades du Grand Sahara, en passant par les plaines de la Mitidja et toutes les contrées rurales du pays. Celles dont on ne parle que rarement.

Celles qui survivent avec des moyens rudimentaires. Celles qui ramènent du bois de la forêt pour se chauffer et préparer le manger de leurs enfants, à défaut de commodités nécessaires. Ces nombreuses femmes qui ne connaissent pas encore l‘école, car il faut aider sa famille dans ses besognes quotidiennes. Les femmes rurales vivotent dans la précarité absolue loin des regards des responsables.

Elles méritent tous les hommages mais aussi et surtout une sérieuse prise en charge sur tous les plans. Et ce ne sera qu‘un juste retour d‘ascenseur à celles qui ont courageusement résisté au colonialisme. Elles ont contribué pleinement à l‘édification du pays aux côtés de l‘Homme. Des sacrifices grandioses qu‘il appartient aux pouvoirs publics de valoriser en leur accordant un grand intérêt et les hisser au rang qui leur sied.

La femme rurale a également été lourdement éprouvée par la décennie rouge. À la différence des citadines, les femmes, évoluant en milieu rural, se heurtent à la suprématie masculine, sous le poids accablant des us et des traditions. Des rites qui relèguent la femme en seconde position après l‘homme, et qui la prive de ses droits les plus élémentaires.

Car de nos jours, il arrive encore que la femme accouche sans assistance médicale dans certaines contrées reculées du pays. Analphabètes elles le sont nombreuses encore de nos jours. C‘est dire que la marginalisation frappe de plein fouet la femme rurale, en plus du dénuement et la misère dans lesquels elle vivote.

Le frein des tabous religieux

Un 8 mars, un hommage, une fleur et puis... rien. Le lendemain, on reprend les anciennes habitudes. Le combat des femmes en Algérie s‘est toujours heurté aux sensibilités religieuses qui freinent son émancipation. Dans les villages les plus déshérités de l‘Algérie profonde, la situation est d‘autant plus grave en l‘absence d‘associations susceptibles d‘épauler la femme et de porter ses doléances.

Une situation davantage favorisée par le manque de débouchées professionnelles, réduisant la femme à sa plus simple expression, de simple femme au foyer autrement dit. Au-delà des tâches ménagères, elle n‘a pratiquement aucun droit aussi élémentaire soit-il, victime qu‘elle est d‘une politique partiale, accentuée par une société patriarcale frisant, dans certains cas, la misogynie.

La violence contre les femmes est une autre tare qui gangrène la société. Spécifique, s‘il en est un, ce phénomène fait pourtant des ravages, en témoignent les chiffres effarants communiqués chaque années par les différents services compétents. Cette violence verbale notamment se répand d‘une façon alarmante dans la société.

Elle n‘épargne désormais aucun lieu et place, au point où des familles éprouvent tout le mal du monde à se frayer une place tranquille dans un lieu public. Dans le monde du travail, quoique de grandes avancées aient été réalisées dans le cadre de l‘emploi des femmes, des carences subsistent toujours et des dysfonctionnements sont à déplorer.

Dans certains secteurs, les disparités entre les femmes et les hommes sont fortement ressenties, alors que d‘autres leur sont carrément inaccessibles. Les postes de hautes responsabilités politiques restent clos pour les femmes, en parfaite contradiction avec les discours politiques tenus par certains partis qui s‘enorgueillissent d‘ouvrir leurs portes à la représentation féminine.

Au sein des assemblées élues, leur présence se compte sur les doigts d‘une seule main. C‘est dire qu‘en matière de promotion des droits de la Femme, il reste beaucoup de choses à faire et à revoir. L‘émancipation réelle de cette moitié de la population algérienne passe par une meilleure prise en charge de sa situation sociale, et une réforme approfondie à même de consacrer l‘égalité des chances et des droits.

Mokrane Chebbine "Le Midi Libre"

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