03 mars, 2011

Côte d'Ivoire: pas d'hélicoptères livrés par le Bélarus, reconnaît l'ONU

ABIDJAN (AFP)

AFP/Archives

Ban Ki-moon le 28 février 2011 à Washington

L'ONU a dû reconnaître mercredi qu'elle avait accusé par erreur le Bélarus d'avoir livré des hélicoptères au régime du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, en plein bras de fer avec le pouvoir en place à Abidjan.

L'information de la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire, l'Onuci, faisant état de l'arrivée dimanche à l'aéroport de Yamoussoukro (centre) d'avions transportant trois hélicoptères en provenance du Bélarus, "était une erreur", a déclaré à New York Alain Le Roy, chef des opérations de maintien de la paix. L'ONU a dû présenter ses "excuses" au Bélarus, qui avait dès lundi rejeté les accusations. Le camp Gbagbo avait crié au "complot".

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait demandé lundi une réunion urgente du Conseil de sécurité après ces informations sur une violation de l'embargo sur les armes décrété en 2004.

Le Conseil se retrouve jeudi et devrait évoquer le délai d'un mois accordé au panel désigné par l'Union africaine pour dénouer la crise ivoirienne, qui oppose Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, reconnu président élu par la communauté internationale - ONU en tête - après le scrutin de novembre.

Le panel, qui a rendez-vous vendredi à Nouakchott, devait au départ arrêter fin février des solutions "contraignantes".

AFP

Nicolas Sarkozy et Jacob Zuma le 2 mars 2011 à l'Elysée

Recevant le président sud-africain Jacob Zuma, membre du panel, le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy, en première ligne durant des semaines pour obtenir le départ de M. Gbagbo, a apporté son soutien à la médiation de l'UA. "Tout doit être fait pour éviter de nouveaux morts et de nouvelles violences", a-t-il dit.

Sur le terrain, un calme précaire régnait à Abidjan.

Dans la matinée, des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo ont tenu un barrage filtrant face au camp de la force française Licorne, dans une ambiance parfois tendue.

Le quartier pro-Ouattara d'Abobo (nord) avait des airs de ville morte en certains secteurs, après avoir été la semaine dernière le théâtre de combats entre insurgés armés et Forces de défense et de sécurité (FDS), loyales à M. Gbagbo. On pouvait voir des échoppes pillées, certaines incendiées et de nombreux commerces fermés. Nombre de voies secondaires étaient bloquées par des barricades montées par des jeunes pro-Ouattara.

Les tirs ont cessé depuis dimanche mais la tension restait perceptible.

AFP/Archives

Manifestation contre Laurent Gbagbo à Abidjan, le 28 février 2011

"Nous vivons avec la peur au ventre", a confié à l'AFP un habitant, resté dans sa maison alors que des milliers de familles ont fui. "Actuellement, les corps sont un peu partout. Les chiens sont en train d'en manger, les gens sont en train de brûler d'autres. D'autres ne sont même pas enterrés", a-t-il dit. Le camp Ouattara a de nouveau appelé les FDS à se ranger derrière leur champion, "le choix du peuple", et accusé M. Gbagbo de conduire à "la destruction du pays".

L'affrontement entre les deux rivaux se livrait aussi sur le plan économique. La filiale ivoirienne de la banque française BNP Paribas, la Bicici, "nationalisée" par Laurent Gbagbo, a rouvert ses portes au public mercredi à Abidjan.

Le gouvernement Gbagbo avait nationalisé mi-février la Bicici ainsi que la SGBCI, filiale de la banque française Société Générale, alors que toutes les banques commerciales suspendaient leurs activités par suite de la crise post-électorale.

Alors que selon des sources bancaires l'essentiel du système informatique est géré depuis le siège français de BNP Paribas, il était pour l'heure impossible de vérifier si les comptes des clients de la Bicici avaient été "reconstitués", comme le gouvernement Gbagbo l'a assuré.

Dans les banques déjà publiques, prises d'assaut faute de concurrence, les fonctionnaires avaient pu commencer lundi à recevoir leur salaire.

Les Etats-Unis, dans un message du département d'Etat qui craint une augmentation de la délinquance, ont recommandé mercredi à leurs ressortissants d'éviter le pays.

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