29 mars, 2011

Centrale de Fukushima au Japon: le gouvernement en alerte maximum

SENDAI (Japon) (AFP)

AFP/GROUND SELF-DEFENSE FORCES

Capture d'écran en date du 27 mars 2011du réacteur n°4 de la centrale de Fukushima.

Le Premier ministre japonais Naoto Kan a assuré mardi que le gouvernement était "en alerte maximum" pour éviter que la centrale accidentée de Fukushima ne provoque une catastrophe écologique, après la découverte de plutonium dans le sol et de radioactivité dans l'eau de mer.

Le puissant séisme de magnitude 9 et le gigantesque tsunami du 11 mars ont fait plus de 28.000 morts et disparus dans le nord-est du Japon et endommagé les circuits de refroidissement des réacteurs de Fukushima Daiichi (N°1), provoquant un début de fusion du combustible nucléaire.

AFP

Carte de la situation des réacteurs de la centrale nucléaire Fukushima 1

Lors d'une réunion au parlement, M. Kan a reconnu que la situation restait "imprévisible" et affirmé que son gouvernement de centre-gauche allait "s'attaquer à ce problème dans un état d'alerte maximum".

La centrale a été construite il y a plus de 40 ans sur la côte du Pacifique, dans une région exposée aux séismes et à 250 km au nord de la mégapole de Tokyo et de ses 35 millions d'habitants.

Interrogé sur ce point, M. Kan a déclaré: "Nous ne pouvons pas nier que l'évaluation du danger d'un gros tsunami à l'époque a été largement erronée".

Les risques de catastrophe écologique et de pollution de la chaîne alimentaire ont été encore renforcés après l'annonce lundi soir que des traces de plutonium avaient été décelées dans cinq prélèvements de terre effectués il y a une semaine dans l'enceinte de la centrale.

Tokyo Electric Power (Tepco), l'opérateur du site, s'est empressé de souligner que les taux mesurés ne représentaient aucun danger pour la santé.

"Le plutonium vient probablement des barres de combustible", a affirmé le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano.

AFP/Tepco/JijiPress/Archives

Image fournie par Tepco via Jiji Press montrant la salle de contrôle du réacteur 2 de la centrale de Fukushima, le 25 mars 2011

Les experts pensent que le combustible contenu dans les réacteurs 1, 2 et 3 et les barres de combustible usé se trouvant dans la piscine du réacteur 4 ont vraisemblablement commencé à fusionner dans les heures qui ont suivi le tsunami, dégageant des rejets radioactifs.

Mais le processus, qui pourrait déboucher sur une catastrophe nucléaire majeure, semble avoir pour l'instant été enrayé par Tepco.

Des centaines d'ouvriers, pompiers et soldats se sont relayés jour et nuit depuis l'accident, parfois au péril de leur vie, pour déverser des milliers de tonnes d'eau de mer, remplacée récemment par de l'eau douce, afin de refroidir le combustible. Dix-neuf personnes au moins ont été exposées à des niveaux importants de radioactivité.

Conséquence de cette opération titanesque: des milliers de mètres cubes d'eau contaminée se sont déversés dans les bâtiments annexes des réacteurs, et ont inondé des tunnels techniques débouchant à l'air libre, à environ 60 mètres du rivage du Pacifique.

Dans la salle des machines du réacteur 2 et dans le tunnel adjacent, le taux de radioactivité à la surface de l'eau a été mesuré à plus de 1.000 millisieverts par heure, un niveau anormalement élevé qui laisse penser que le liquide a été en contact direct avec le combustible.

Tepco a admis que de l'eau contaminée pourrait s'être échappée vers l'océan. Les tests effectués dans l'eau de mer à 300 m au sud de la centrale ont montré un taux de radioactivité près de 2.000 fois supérieur à la normale la semaine dernière. Mais le taux mesuré lundi était retombé à près de 30 fois seulement.

L'opérateur de la centrale a annoncé que l'étanchéité de tous les puits de regard conduisant aux tunnels techniques allaient être vérifiée, afin d'empêcher l'eau polluée de s'échapper.

La forte nocivité de ces nappes perturbe les opérations de remise en route des systèmes de refroidissement des réacteurs.

Les travaux de pompage de cette eau vont être compliqués, car les techniciens doivent trouver un moyen de la transvaser dans des réservoirs sans s'exposer à des doses mortelles de radiations.

"Nous devons enlever cette eau le plus vite possible", a déclaré le porte-parole du gouvernement.

"Refroidir les installations est indispensable", a toutefois souligné M. Edano, en promettant que tous les efforts seraient faits pour "utiliser le minimum d'eau".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire