13 février, 2011

L'Italie demande l'aide internationale face aux débarquements de Tunisiens

LAMPEDUSA, Italie (AFP)a

AFP

Des immigrants tunisiens après leur débarquement sur l'ïle italienne de Lampedusa le 11 février 2011

Les débarquements massifs d'immigrants tunisiens sur la petite île italienne de Lampedusa se sont poursuivis dimanche "à un rythme incessant", suscitant l'inquiétude de Rome qui a lancé un appel à l'aide internationale pour affronter la crise.

"Depuis minuit, 977 personnes sont arrivées à Lampedusa", a déclaré dimanche le commandant du port de Lampedusa Antonio Morana, alors que deux autres embarcations se rapprochaient de l'île située à mi-chemin entre la Sicile et la Tunisie.

Au total, quelque 5.000 personnes y ont débarqué en cinq jours.

En dépit du pont aérien mis en place par les autorités italiennes pour les évacuer vers la Sicile et d'autres régions du sud du pays, il restait à Lampedusa plus de 2.000 clandestins, pratiquement tous Tunisiens, selon une estimation de la police.

"La situation est difficile", a affirmé le commandant Morana, "les débarquements se poursuivent à un rythme incessant".

La mer calme et le beau temps favorisent ces départs depuis la Tunisie, sous forte pression sociale depuis la chute du régime de fer de Ben Ali il y a un mois.

"Il est devenu impossible pour nous de vivre en Tunisie: il y a des violences, des enlèvements, on ne sait plus qui commande, le pays est à la dérive", a déclaré une femme arrivée dans la nuit, qui dit vouloir rejoindre sa famille en France.

AFP

Les bateaux sur lesquels sont arrivés les immigrants tunisiens sur l'île de Lampedusa, le 11 février 2011

Le gouvernement italien a proclamé samedi l'état d'urgence humanitaire, ce qui permet d'éviter certaines formalités légales, de prendre des mesures immédiates et de mobiliser rapidement des moyens financiers

"Mais cela ne suffit plus, nous devons mobiliser les pays de la Méditerranée qui ont des navires, des avions et des hélicoptères" pour contrôler la côte tunisienne, a déclaré dimanche dans une interview au Corriere della Sera le ministre des Affaires étrangères Franco Frattini.

Les clandestins tunisiens recevront de l'aide "mais ils ne peuvent pas rester sur le territoire italien", a souligné le chef de la diplomatie, qui entend les rapatrier.

Rome a demandé une réunion urgente du Conseil justice et intérieur de l'Union européenne.

M. Frattini a préconisé le "modèle Albanie" pour résoudre le problème des réfugiés tunisiens: dans les années 90, il est arrivé que jusqu'à 15.000 réfugiés albanais débarquent en une semaine en Italie.

"Nous avions résolu la crise en envoyant patrouiller nos navires dans les eaux albanaises. Le gouvernement de Tirana avait accepté notre aide et cela a mis fin à la migration. Quand les trafiquants de clandestins voient des navires militaires à deux kilomètres de la côte, ils ne font pas partir leurs embarcations", a souligné le ministre.

M. Frattini espère une décision rapide de l'Union européenne, d'ici une dizaine de jours, pour le déploiement d'une mission Frontex d'interception et de patrouille au large des côtes de Tunisie.

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a répété dimanche matin à la radio que les "flux migratoires en provenance de la Tunisie doivent être gérés avec un maximum d'attention envers la sécurité nationale car des infiltrations de criminels et de terroristes sont possibles et à travers l'Italie ils pourraient entrer dans le reste de l'Europe".

"Pour cette raison nous avons besoin d'une réponse européenne", a ajouté Maurizio Massari.

La nouvelle vague d'immigration clandestine a déjà fait ses premières victimes.

Un jeune Tunisien s'est noyé tandis qu'un autre est porté disparu après le naufrage samedi d'une barque transportant 12 candidats à l'immigration, a indiqué à Tunis l'agence officielle TAP.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire