23 février, 2011

Les journalistes entrés illégalement en Libye seront «hors-la-loi»

AFP |

Insurrection | Les journalistes entrés illégalement en Libye seront considérés comme "hors-la-loi", a déclaré un vice-ministre libyen. Un nouveau bilan parle de 2000 morts pour la ville de Benghazi, depuis le début des révoltes.

© KEYSTONE | Un nouveau bilan parle de 2000 morts pour la ville de Benghazi, depuis le début des révoltes.

Les journalistes entrés illégalement en Libye «hors-la-loi». Le vice-ministre libyen aux Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a déclaré mercredi que les journalistes entrés illégalement en Libye étaient considérés "comme s’ils collaboraient avec Al-Qaïda" et "comme des hors-la-loi", "s’ils ne se livrent pas aux autorités, ils seront arrêtés", a-t-il dit à des journalistes.

Kadhafi aviat ordonné l’attentat de Lockerbie en 1988, selon un ex-ministre. Le leader libyen Mouammar Kadhafi a lui-même ordonné l’attentat de Lockerbie en 1988, a affirmé mercredi l’ex-ministre libyen de la Justice, Moustapha Abdel Jalil, au journal suédois Expressen. L’attentat contre un avion de la Pan Am au-dessus de Lockerbie (Ecosse), pour lequel le Libyen Abdelbaset al-Megrahi a été condamné en 2001, avait fait 270 morts, la plupart Américains, le 21 décembre 1988.

Un médecin français évoque un bilan de 2.000 morts à Benghazi. Un médecin français tout juste rentré de Benghazi (est de la Libye) a estimé mercredi sur Lepoint.fr que les affrontements dans cette ville avaient fait "plus de 2.000 morts", tandis qu’une de ses collègues a dit avoir reçu dans leur hôpital des dizaines de blessés entre jeudi et dimanche. La Fédération internationale des ligues de droits de l’homme (FIDH) a pour sa part affirmé mercredi que les violences liées au soulèvement contre le régime de Mouammar Kadhafi ont fait au moins 640 morts, dont 275 à Tripoli et 230 à Benghazi, soit plus du double du bilan officiel de 300 morts.

Al-Qaïda a établi un émirat islamique à Derna. Le vice-ministre libyen aux Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a affirmé mercredi qu’Al-Qaïda avait établi un émirat islamique à Derna (est), dirigé par un ancien détenu de Guantanamo, au cours d’une réunion avec les ambassadeurs des pays de l’Union européenne.

Un chasseur s’écrase après le refus du pilote de bombarder Benghazi. Un avion de chasse libyen s’est écrasé mercredi dans l’est de la Libye après que son pilote, refusant d’obéir à des ordres de bombarder la ville de Benghazi, se soit éjecté, a annoncé un journal libyen. L’appareil s’est écrasé à l’ouest de la ville d’Ajdabiya, située à 160 km au sud-ouest de Benghazi, a précisé le journal Quryna sur son site internet, citant une "source militaire". "Le pilote Abdessalam Attiyah Al-Abdali et le co-pilote Ali Omar al-Kadhafi se sont éjectés avec des parachutes après avoir refusé l’ordre de bombarder la ville de Benghazi", selon la même source.

La Libye a détruit la plupart de ses armes chimiques. L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) liée aux Nations unies a déclaré mercredi que la Libye avait détruit plus de la moitié de ses stocks chimiques destinés à la production de gaz moutarde et qu’elle ne possédait pas d’arme permettant de porter des charges chimiques. L’OIAC a précisé que la Libye du colonel Moammar Kadhafi disposait encore de trois mois pour achever la destruction du gaz moutarde. La Libye a accepté en 2003-2004 de démanteler son arsenal nucléaire, chimique et bactériologique, obtenant ainsi la levée de l’embargo américain sur les déplacements et entamant son retour dans les bonnes grâces de la communauté internationale.L’ancien chef de la diplomatie britannique David Owen a quand même estimé que le colonel Kadhafi "pourrait lâcher des armes chimiques ou bactériologiques qu’il pourrait encore posséder" contre les manifestants.

Beyrouth a refusé d’accueillir un avion de la famille Kadhafi. Le Liban a refusé dans la nuit de dimanche à lundi d’accueillir un avion privé libyen transportant l’épouse d’origine libanaise d’Hannibal Kadhafi, l’un des fils du dirigeant libyen contesté, a affirmé mercredi à un responsable des services de sécurité. Hannibal Kadhafi avait fait l’objet d’une interpellation musclée en juillet 2008 à Genève sur une plainte de deux domestiques l’accusant de mauvais traitements, provoquant une détérioration des relations entre la Libye et la Suisse.
Au Liban, le colonel Kadhafi est honni, notamment au sein de la communauté chiite, en raison de la disparition du charismatique imam chiite libanais Moussa Sadr au cours d’une visite en Libye en 1978. Il fait l’objet d’une inculpation et d’un mandat d’arrêt de la justice libanaise pour cette disparition.

Libye: la situation à l’aéroport de Tripoli est "chaotique". La situation à l’aéroport de Tripoli est "chaotique", des passagers se battant pour monter dans les avions, a raconté mercredi le capitaine d’un avion maltais, Philip Apap Bologna, de retour de la capitale libyenne où il a embarqué des compatriotes. Selon le pilote, le comportement des passagers à l’aéroport est le reflet "de leur volonté désespérée de quitter la Libye".

Kadhafi va-t-il mettre le feu aux puits de pétrole? Kadhafi aurait menacé de mettre le feu aux puits de pétrole libyens, a rapporté mercredi au magazine américain "Time" une source proche du pouvoir. Est-ce du bluff? Difficile à dire. Selon cette source, le dirigeant libyen serait désepéré et prêt à tout pour montrer sa colère aux tribus rebelles. Selon cette même source, Kadhafi aurait été surpris par le soulèvement de son peuple. Il ne s'attendait pas à voir les manifestations tunisiennes et egyptiennes toucher son pays, clamant que les tribus qui le portent au pouvoir depuis 41 ans lui resteraient fidèles. Le dirigeant reconnaîtrait en outre que la force armée en sa possession n'est pas suffisante pour contenir les révoltes. Il souhaiterait toutefois faire payer les tribus qui l'ont trahi par tous les moyens.

Des milliers de migrants traversent la frontière tunisienne. Un premier groupe de plusieurs milliers de migrants venant de Libye a traversé la frontière tunisienne dans la soirée de mardi, a annoncé mercredi l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). "Il s’agit du premier groupe de migrants. Certains ont traversé la frontière en voiture, notamment avec des véhicules loués, et il y avait deux bus", a indiqué un porte-parole de l’organisation. Parmi ces personnes figuraient "4.700 Tunisiens, 120 Turcs, une douzaine de ressortissants libanais, quelques Ouest Africains", a-t-il précisé. "L’arrivée de migrants se poursuit aujourd’hui. Des informations faisant état de centaines de migrants nous sont parvenues, mais ce n’est pas encore confirmé", a relevé M. Chauzy. Après avoir traversé la frontière, les migrants ont ensuite été conduits par les autorités tunisiennes à l’aéroport international de Djerba où ils ont pu prendre des vols pour regagner leurs pays.

Ports et terminaux fermés, exportations de pétrole bloquées. L’ensemble des ports et terminaux étaient paralysés mercredi en Libye, selon l’armateur français CMA-CGM, ce qui signifie le blocage de toutes les exportations d’hydrocarbures du pays. Le seul autre débouché pour les exportations de pétrole ou de gaz libyen est le gazoduc Greenstream, qui relie la Libye à l’Italie. Mais les livraisons par ce gazoduc sont interrompues depuis mardi, selon le groupe pétrolier et gazier italien Eni. CMA-CGM indique que les bureaux de son représentant à Misrata, Khoms et Benghazi sont temporairement fermés. Le bureau de Tripoli fonctionne avec une équipe réduite.

L'Est de la Lybie libéré. L’Est de la Libye n’est désormais plus sous le contrôle du gouvernement, a affirmé mercredi le chef de la diplomatie italienne, alors que le régime a annoncé un bilan de 300 morts depuis le début le 15 février d’une insurrection sans précédent contre Mouammar Kadhafi. Selon le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini, la province libyenne de Cyrénaïque (côte est) "n’est plus sous le contrôle du gouvernement libyen, et des affrontements et violences sont en cours dans tout le pays".

Kadhafi appelle ses partisans à manifester. Mardi soir, le "Guide" libyen, au pouvoir depuis 42 ans, a promis dans un discours au ton belliqueux de rétablir l’ordre, menaçant d’un bain de sang, et appelant ses partisans à lui exprimer leur soutien mercredi en descendant dans la rue partout dans le pays. Sur la place Verte, dans le centre de Tripoli, plusieurs dizaines de manifestants pro-Kadhafi étaient rassemblés mercredi matin. Quelques dizaines de voitures tournaient en klaxonnant sous une pluie battante, alors que des partisans brandissaient des drapeaux verts et des portraits du "Guide", sous les yeux d’un petit nombre de policiers et de quelques hommes en civil armés de kalachnikov.

Démission des ministres de la Justice et de l'Intérieur. Signe des divisions au plus haut niveau du pouvoir, le ministre de l’Intérieur, Abdel Fatah Younes, s’est rallié mardi "à la révolution", après celui de la Justice, qui avait démissionné "pour protester contre l’usage excessif de la force" contre les manifestants. Plusieurs diplomates libyens en poste à l’étranger, rejoints mercredi par l’ambassadeur d’Indonésie, ont également fait défection.

Rupture diplomatique et rapatriement. Premier Etat à rompre ses relations avec le pays arabe, le Pérou a annoncé mardi la suspension de "toute relation diplomatique avec la Libye tant que ne cessera pas la violence contre le peuple" libyen. Devant la grande instabilité de la situation dans le pays, l’Union européenne s’est dite prête à évacuer 10.000 de ses ressortissants notamment par la mer, emboîtant le pas à de nombreux Etats ou entreprises qui ont rapatrié leurs ressortissants.

Condamnation unanime des acteurs internationaux. La répression sanglante et l’absence de dialogue en Libye ont été condamnées de toutes parts. La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a demandé au dirigeant libyen de cesser de "menacer son peuple" et exhorté tous les Libyens "à la retenue", après l’intervention du leader: "Il ne peut continuer à menacer son peuple, il doit absolument décider d’avoir un dialogue avec lui". Le Conseil de sécurité de l’ONU, réuni en urgence mardi à New York, a demandé "la fin immédiate" des violences et condamné la répression des manifestants. La Ligue arabe a annoncé que la participation de la Libye à ses réunions était suspendue "jusqu’à ce que les autorités libyennes acceptent les revendications" du peuple libyen "et assurent sa sécurité". Le Conseil fédéral a aussi condamné avec la plus grande fermeté les actes violents commis contre les manifestants en Libye. Il appelle les dirigeants libyens à renoncer à recourir à la force contre leurs compatriotes.

Le cours du brut flambe. Sur les marchés, la poussée de violences dans le monde arabe et particulièrement en Libye a fait trembler mardi les Bourses mondiales, en net recul, et flamber les cours de brut, sur fond de craintes pour l’approvisionnement en gaz et pétrole. En Asie, les cours du brut continuaient leur progression mercredi matin, soutenus par les incertitudes pesant sur la Libye, un gros producteur d’or noir. Dans les échanges matinaux, le baril de "light sweet crude" pour livraison en avril gagnait 4 cents à 95,46 USD. Celui du Brent de la Mer du Nord pour livraison en avril s’appréciait de 22 cents à 106 USD.

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