01 février, 2011

La Révolution en Egypte inquiète son voisin israélien

Tandis que le Premier ministre Benjamin Netanyahou hausse le ton, les médias s'interrogent face à la progression des Frères musulmans et à la timidité américaine.

Un portrait d'Hosni Moubarak critiqué pour son "amitié" avec Israël lors d'une manifestation au Caire (AFP) Un portrait d'Hosni Moubarak critiqué pour son "amitié" avec Israël lors d'une manifestation au Caire (AFP)

Après plusieurs jours de retenue, d'observation, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a réagi à la vague de manifestations en Egypte, tout d'abord dimanche en assurant vouloir maintenir "la paix avec l'Egypte", puis en pressant lundi Washington et l'Europe de soutenir Moubarak, un des seuls alliés d'Israël dans la région. En appelant enfin, mardi 1er février, la communauté internationale à "exiger" de tout pouvoir égyptien le respect du traité de paix avec l'Etat hébreu.

Une montée en gamme qui traduit le sentiment d'inquiétude d'Israël de plus en plus prégnant.

Traité de paix

"Israël considère que la communauté internationale doit exiger de tout gouvernement égyptien qu'il respecte le traité de paix avec Israël", a indiqué le Premier ministre dans un communiqué, soulignant qu'"il est dans l'intérêt d'Israël de préserver la paix avec l'Egypte".

L'Egypte a conclu en 1979 un accord de paix avec Israël en échange du retrait, réalisé en 1982, de tous les territoires égyptiens conquis par l'armée israélienne durant la guerre de juin 1967.
Si cette paix a toujours été considérée comme "froide", se limitant à des relations diplomatiques, elle a résisté à deux guerres au Liban (1982 et 2006), deux intifada des Palestiniens (1987 et 2000) et au blocage du processus de paix entre Israël et les Palestiniens.

"Faire la paix avec des dictateurs?"

De fait, Israël compte sur l'Egypte pour maintenir la sécurité à sa frontière sud. Toutes les prises de paroles officielles semblent très encadrées et consigne a été donnée aux ministres israéliens de ne pas s'exprimer sur la révolution égyptienne. La presse, elle, n'a pas hésité à s'emparer du sujet, ouvrant le débat sur les conséquences possibles des événements.

"Israël peut-il seulement faire la paix avec des dictateurs?" s'interroge l'éditorialiste de Haaretz Moshe Arenz mardi 1er février. "Netanyahou doit se préparer à un nouvel ordre régional", souligne l'éditorial du quotidien le même jour, peu après un édito du Jerusalem post soulignant l'isolement d'Israël dans la région dorénavant.

Frères musulmans

La principale crainte des Israéliens: une arrivée au pouvoir des Frères musulmans. Et pour cause, une alliance du parti islamique égyptien avec le Hamas à Gaza, le Hezbollah au Liban, voire avec le pouvoir iranien, mettrait l'Etat hébreu dans une mauvaise posture.

Une crainte renforcée par les récents propos de l'un des leaders du mouvement des Frères musulmans en Egypte Mohamed Ghanem, à la chaîne de télévision iranienne Al-Alam. Ce dernier a en effet appelé son pays à cesser la fourniture de gaz à Israël, et à préparer l’armée à un conflit. L'Egypte assure actuellement 40% de l'approvisionnement en gaz naturel d'Israël.
Pour le Yedihot Aharonot, il ne fait aucun doute qu'un "nouveau régime au pouvoir en Egypte souhaiterait nuire à la paix".

D'ores et déjà, des rumeurs font état d'un déploiement de troupes israéliennes au sud du pays.

(Céline Lussato – Nouvelobs.com)

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