08 février, 2011

La défense d'Assange met au défi la procureure suédoise de venir s'expliquer

LONDRES (AFP)

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Julian Assange entouré de son porte-parole Kristinn Hrafnsson, de son avocate Jennifer Robinson et de Vaughan Smith à son arrivée le 8 février 2010 au tribunal de Belmarsh, à Londres

La défense de Julian Assange, qui combat devant la justice britannique sa demande d'extradition par la Suède, a mis mardi la procureur suédoise au défi de venir s'expliquer vendredi à Londres, après avoir fait citer à la barre plusieurs témoins très critiques sur ses méthodes.

"Marianne Ny, je vous mets au défi de venir à Londres vendredi et de vous soumettre à un contre-interrogatoire", s'est emporté Me Mark Stephens à la sortie du tribunal de Belmarsh, qui a examiné pendant 48 heures la requête du parquet suédois.

L'audience devait s'achever mardi en fin d'après-midi; mais, faute de temps, défense et accusation présenteront leurs conclusions vendredi à partir de 10H30. Le tribunal se prononcera ensuite sur la recevabilité de l'extradition. Selon toute probabilité, sa décision devrait être mise en délibéré.

Mardi, la défense avait abattu une première carte en citant à la barre un ancien procureur suédois, Sven Erik Alhem, qui a dit ne pas "très bien comprendre pourquoi Julian Assange ne pourrait pas être entendu ici (en Grande-Bretagne), si les autorités britanniques sont d'accord", en utilisant au besoin la visioconférence.

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Julian Assange à son arrivée le 8 février 2010 au tribunal de Belmarsh, à Londres

Ce à quoi la partie suédoise a répondu que le parquet avait vainement tenté en septembre et en octobre de contacter Assange pour programmer un interrogatoire en Suède, un point contesté par la défense.

L'ancien magistrat s'est aussi étonné que le nom de l'Australien ait été mis sur la place publique, alors qu'il n'est même pas inculpé.

Un argument repris par un autre témoin, l'avocat suédois d'Assange, Bjorn Hurtig, qui a accusé la police et le parquet suédois d'avoir "depuis le début" jeté en pâture des informations aux medias.

Toute la stratégie de la défense consiste à convaincre la justice britannique de l'illégalité de la demande d'extradition et de l'invalidité des accusations de viol.

L'Australien, âge de 39 ans, a toujours assuré que les jeunes femmes étaient consentantes. Et ses partisans estiment qu'il est victime d'un complot, après la divulgation ces derniers mois de dizaines de milliers de documents officiels par WikiLeaks.

Les avocats ont remis en question la qualification de viol, soulignant que "ce qui est considéré comme viol en Suède ne l'est pas dans les autres pays".

Pour que la demande d'extradition suédoise soit recevable, il faut aussi que cette demande respecte la Convention des droits de l'Homme, ce qui n'est pas selon eux le cas vu le "risque réel" qu'une fois extradé en Suède, l'Australien soit envoyé aux Etats-Unis pour être "interné sur la base de Guantanamo", voire "condamné à mort".

Cette offensive n'a pas été du goût du Premier ministre suédois, qui a rétorqué que son pays avait "un système judiciaire indépendant". "Malheureusement, c'est le type d'argument que l'on entend lorsqu'un avocat tente, pour défendre son client, de donner une description condescendante du système judiciaire d'un autre pays", a lancé Fredrik Reinfeldt.

Si le tribunal décide de suivre le parquet suédois, le fondateur de WikiLeaks dipose toutefois de nombreux recours: devant la Haute Cour, puis devant la Cour d'appel, ensuite devant la Cour suprême et enfin devant la Cour européenne des droits de l'Homme.

Assange pourrait donc bien rester encore plusieurs mois dans le manoir cossu prêté par un de ses amis dans la campagne anglaise, où il a été placé en résidence surveillée depuis la mi-décembre.

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