22 février, 2011

La contestation prend de l'ampleur au Moyen-Orient, violents affrontements en Libye

AFP

Manifestation contre le président yémenite Ali Abdullah Saleh le 21 février 2011 à Sanaa

De violents affrontements se sont poursuivis lundi en Libye, y compris dans la capitale Tripoli et dans plusieurs villes aux mains des manifestants, cependant que les mouvements de contestation ont pris de l'ampleur au Moyen-Orient.

"Je vais voir les jeunes sur la place verte. C'est juste pour prouver que je suis à Tripoli et non au Venezuela et démentir les télévisions, ces chiens", a lancé le colonel Mouammar Kadhafi lors d'une première brève apparition "en direct" à la télévision d'Etat depuis le début de la contestation le 15 février.

En réponse aux informations diffusées par des télévisions et médias internationaux, selon lesquelles il aurait quitté la Libye pour le Venezula, les images de la télévision montraient le colonel - au pouvoir depuis 42 ans - en manteau, s'apprêtant à monter dans une voiture, alors qu'il tenait un parapluie pour se protéger de la pluie, devant sa maison dans la résidence-caserne de Bab Al-Aziziya.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a réclamé lundi dans un entretien téléphonique avec le colonel que les violences contre les manifestants cessent "immédiatement", selon son porte-parole. M. Ban a annoncé plus tard la tenue mardi d'une réunion du conseil de sécurité de l'ONU consacrée à la Libye.

La télévision d'Etat libyenne a annoncé que les forces de sécurité menaient une opération contre "les repaires de saboteurs et de terroristes", qui a fait "plusieurs morts" lundi. L'armée a bombardé des dépôts d'armes situés loin des zones urbaines, selon Seïf Al-Islam, un des fils du colonel, cité par la télévision.

Des habitants de Fachloum et de Tajoura, quartiers de la banlieue de Tripoli, joints dans la soirée au téléphone, ont fait état de véritables "massacres" et d'"hommes armés tirant de manière aveugle" et tuant "même des femmes".

Le bilan de la répression en Libye se compte désormais en centaines de morts: Human Rights Watch avance le chiffre de 233 morts, tandis que la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) a fait état de 300 à 400 morts. "Beaucoup de villes sont tombées, notamment sur l'est de la côte. Des militaires se sont ralliés" au soulèvement, a déclaré à l'AFP la présidente de la FIDH, Souhayr Belhassen, citant notamment Benghazi, bastion de l'opposition.

Face à ces violences, les compagnies pétrolières implantées en Libye, comme le britannique BP, le français Total, l'italien ENI, l'espagnol Repsol, le norvégien Statoil et les allemandes Wintershall et RWE Dea, ont commencé à évacuer leurs salariés.

Les Etats-Unis ont eux ordonné le départ de leur personnel diplomatique "non essentiel". Plusieurs pays européens ainsi que la Russie préparaient l'évacuation de leurs ressortissants. Le département d'Etat a averti que "les affrontements violents entre manifestants et forces de sécurité continuent dans toute la Libye, y compris à Tripoli. Les manifestations imprévues, la violence et le pillage sont possibles tout au long des jours qui viennent".

Conséquence de la situation en Libye - membre de l'Opep et 4e producteur de pétrole en Afrique -, le prix du brut a grimpé lundi au-dessus de 105 dollars le baril à Londres, un niveau plus vu depuis fin septembre 2008.

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Les dernières 24h dans le monde arabe

Au Yémen, la contestation a gagné lundi le nord du pays, où des dizaines de milliers de chiites ont participé à Saada à une manifestation demandant la chute du régime du président Ali Abdallah Saleh, d'après les organisateurs appartenant à cette minorité religieuse.

Dans la capitale, des milliers de personnes ont entamé un sit-in pour exiger le départ du président Saleh qui a affirmé de son côté qu'il ne partirait "que par les urnes". Ce sit-in intervient au lendemain de la décision de l'opposition parlementaire de se joindre au mouvement de contestation mené jusqu'ici surtout par des étudiants.

A Aden, un manifestant a été tué lundi par les forces de sécurité, ce qui porte à 12 le nombre des morts dans cette métropole du sud.

Pour leur part, les ulémas (dignitaires religieux) du Yémen ont prohibé le recours à la force contre les manifestants, dans un communiqué publié lundi après une réunion extraordinaire.

AFP

Des femmes crient des slogans anti-gouvernementaux le 21 février 2011 à Manama

La contestation prenait aussi de l'ampleur à Manama, capitale du petit royaume de Bahreïn, stratégique pour la Ve Flotte américaine qui y a son QG. Les protestataires appartenant surtout à la majorité chiite ont passé une nouvelle nuit sur la place de la Perle, dans le centre-ville, reconquise après le retrait samedi de l'armée et de la police.

Des milliers de partisans de la famille royale sunnite ont eux aussi manifesté, se rassemblant lundi soir devant une mosquée de la capitale, agitant des portraits du roi et des drapeaux rouge et blanc de Bahreïn.

Un manifestant chiite a succombé à ses blessures, portant à sept le nombre des morts de la répression à Bahreïn où l'opposition préparait une démonstration de force avec une grande marche mardi à Manama.

En raison de cette agitation, le Grand prix de Bahreïn de Formule 1, prévu le 13 mars, a été annulé, selon un communiqué officiel.

Dans des déclarations à télévision d'Etat lundi soir, le prince héritier, cheikh Salman Ben Hamad Al-Khalifa, s'est engagé à des "réformes réelles, et non de façade".

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